Journal C'est à dire 265 - Septembre 2020

E N V I R O N N E M E N T

Pourquoi sauver des poissons condamnés ? Eau La sécheresse a une nouvelle fois sévi entre Pontarlier et Morteau, obligeant les associations de pêche à jouer les pompiers de service. Leur lutte ne se résume plus au sauvetage des poissons mais à la ressource en eau potable.

L e 6 août, dans un défilé d’Entre-Roches trans- formé en canyon déser- tique, des petits soldats munis d’unmanche télescopique électrifié, d’épuisettes, de pou- belles en plastique, ont tenté de sauver les poissons qui pou- vaient encore l’être. Une tonne de vairons, chevesnes, poissons blancs, brochets, ont été captu- rés puis relâchés où l’eau rejail- lit. encore classé première catégo- rie. Il y a belle lurette que les truites ont disparu mais les pêcheurs y croient encore, même si certains paraissent désabusés. Alexandre Cheval, garde-pêche, le premier : “On répète la même chose depuis 20 ans. Au-delà de la pêche et des poissons, on se bat pour l’eau potable mais je n’ai pas l’impression que nous Avec l’épisode de sécheresse 2020, le Doubs a disparu sur ce parcours du défilé d’Entre-Roches

soyons entendus” dit-il. Pilotée par l’E.P.A.G.E. Haut- Doubs Haute-Loue, une étude doit définir les contours de futurs travaux visant à redon- ner au Doubs une situationmor- phologique. Le temps presse. À court terme, c’est l’eau du robi- net qui va manquer dans le Haut-Doubs. Que dire de la qualité de l’eau ? Seulement 26 % de nos rivières sont en bon état éco- logique indique des bassins Rhône-Méditerra- née et Corse. Pour trouver des cours d’eau en très bon état, il faut chercher. Dans notre sec- teur, seul un affluent de la Loue est concerné. Il s’agit d’un ruis- seau. Les scientifiques notent toute- fois des avancées : “La quantité de pollution organique a en moyenne été divisée par 20 pour l’Agence de l’eau qui a publié début juillet son nouveau rapport sur l’état des eaux

l’ammonium au cours des 28 dernières années. Ces résultats sont à mettre à l’actif d’une poli- tique volontariste d’amélioration des systèmes d’assainissement des eaux domestiques” disent- ils. Par quoi nos rivières sont- elles polluées ? 50 % des subs- tances toxiques dans les rivières sont des pesticides. Leur toxicité moyenne “a été divisée par deux sur la période 2008-2018, pour atteindre près de 50 % de la norme, principalement du fait du retrait progressif du marché des substances les plus toxiques” indique l’Agence de l’eau. 19 % des rivières sont perturbées par des prélèvements en eau exces- sifs comme c’est le cas pour le Doubs ou la Loue. Les subs- tances pharmaceutiques sont détectées dans 100 % des cours d’eau avec plus de 120 subs- tances présentes (bétablo- quants, diurétique, paracéta- mol…). Les conséquences sont une baisse de la reproduction des poissons, batraciens ou

19 % des rivières ont des prélèvements en eau excessifs.

Le Doubs à sec du côté de Remonot.

mammifères marins et un déve- loppement des bactéries résis- tantes aux antibiotiques. En Bourgogne-Franche-Comté, seu- lement un quart des rivières affiche donc un bon état écolo- gique. Que faire ? “Il faut redon-

ration de tourbières. 81 % des rivières présentent une mor- phologie dégradée (enroche- ments, rectifications, curages, etc.) et 53 % sont cloisonnées par des seuils et des barrages. n E.Ch.

ner un fonctionnement naturel aux rivières” répond l’Agence. Les syndicats mixtes du Des- soubre ou Eau Doubs Loue lan- cent différentes opérations comme le reméandrement, l’ara- sement de barrages, la restau-

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