Journal C'est à dire 265 - Septembre 2020

V A L D A H O N - P I E R R E F O N T A I N E

“Je représente toutes les communes” Agriculteur à la retraite, adjoint au maire à Pierrefontaine-les-Varans, François Cucherousset (66 ans) est le nouveau président de la communauté de communes des Portes du Haut-Doubs, un secteur en plein boom économique… où les “petites communes” craignent souvent d’être aspirées par le bourg-centre. Pays des Portes du Haut-Doubs L’équipe 1 er vice-président : Pierre-François Bernard (Premiers Sapins) en charge des

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local d’urbanisme intercommunal. Côté tourisme, des pistes autour du dévelop- pement du site de Consolation et de Louis Per- gaud “doivent être exploitées” indique le nouveau président. Une réflexion sur la création d’un centre intercommunal d’action social (C.I.A.S.) sera menée : “On veut travailler pour que les habitants aient un service du début à la fin de vie” explique l’élu. Un contrat local de santé est noué avec la communauté de communes Loue-Lison pour mettre en place des actions de santé. Question mobilité douce, l’objectif est de relier à terme tous les bourgs-centres par une voie ou une piste cyclable. La première serait entre Orchamps-Vennes et Valdahon, puis Valdahon-Vercel. Dans la continuité d’Albert Grosperrin, François Cucherousset apportera sa touche. Il s’est pré- paré à embrasser cette nouvelle fonction de président. “Je suis prêt” conclut-il. n E.Ch. (Longechaux) : transition énergétique, protection de l’environnement ; Salih Kurt (Valdahon) : pôle administratif et financier. déchets, territoire 0 déchet, économie circulaire ; Sylvie Le Hir (Valdahon) : tourisme et vie associative ; Thierry Vernier (Orchamps-Vennes) : économie, emploi ; Paul Ruchet (Étalans) : service aux communes, assainissement ; Daniel Fleury (Vercel) : P.L.U.I., aménagement du territoire ; Martial Hirtzel (Bouclans) : solidarités ; Maurice Grosset

I l connaît la maison.Ancien vice-président en charge de l’économie lors de l’ancienne mandature (2014-2020), François Cuche- rousset est désormais le nouveau président de la communauté de communes des Portes du Haut-Doubs dont le siège est établi àValdahon. Il succède à Albert Grosperrin, ex-maire de Vercel, qui n’a pas souhaité se représenter. François Cucherousset, 66 ans, actuel adjoint

aumaire à Pierrefontaine-les-Varans et ancien maire de Pierrefontaine durant la précédente mandature est un homme du terrain, un homme de la terre. Il a lâché son poste de maire pour se concentrer sur son rôle à la communauté de communes. Encore fallait-il être élu… François Cucherousset est parvenu à convaincre les autres élus de sa capacité à fédérer ce ter- ritoire qui s’étend de Bouclans à Fuans, des Premiers Sapins à Laviron. Lors de l’élection à la communauté de communes en juillet dernier, il n’a pas eu d’adversaires. Il avait au préalable rencontré les autres élus pour leur faire part de son souhait : “Je suis là pour représenter toutes les communes, l’ensemble du territoire” dit le nouveau président qui a constitué son équipe de 11 membres du bureau en fonction de ce critère. “J’ai cherché chez les élus de la représentativité de Laviron aux Premiers Sapins, de Bouclans à Fournets-Luisans. Mon seul regret : le peu de femmes, car nous avons sur notre secteur 4maires femmes enmoins comparé à la dernière mandature” explique le président. Dans sa “politique générale”, François Cuche- rousset développe deux thèmes : l’attractivité du territoire avec l’économie et le tourisme. Les Portes du Haut-Doubs est un secteur flo- rissant économiquement. La difficulté aujourd’hui est de trouver du foncier aux entre- prises désireuses de se développer “sans gaspiller les terres” dit l’élu. À ce titre, la com’com a un chantier à terminer avec l’élaboration du Plan

François Cucherousset devant le siège de la communauté de communes des Portes du Haut-Doubs à Valdahon.

Haies, casse-cailloux : halte aux caricatures Agriculture Producteur de lait à comté bientôt en retraite, ancien élu, Jean-Marie Guinchard s’invite au débat souvent à sens unique de la protection des haies et des affleurements rocheux. Ni pour, ni contre, mais avec une vision assez réaliste au service de l’homme et de l’environnement.

M aire de La Som- mette pendant deux mandats jusqu’en 2014, il connaît bien les enjeux du fon- cier dans le Haut-Doubs et n’ou- blie pas de rappeler que sans défrichement, ni remembre- ment, l’agriculture locale ne serait sans doute pas aussi res- plendissante qu’aujourd’hui. D’où l’utilité selon lui de replacer le débat dans un contexte his- torique qui remonte au Moyen- Âge à l’arrivée des moines à l’origine de l’installation des premiers montagnons dans la montagne jurassienne. “Cela a permis le développement de l’agriculture et de l’élevage. Les paysages ont évolué au fil des siècles sur un territoire qui tire également une partie de sa richesse de l’exploitation de ses vastes massifs forestiers” dit-il. Jean-Marie Guinchard se sou- vient encore très bien d’une autre vague de défrichement plus contemporaine : les fameux remembrements qui s’étaleront de l’après-guerre jusqu’aumilieu des années quatre-vingt. “Dans le paysage, c’est une révolution.

toutes ces contraintes, je me demande comment on pourra continuer à produire autant de lait sans tomber dans l’intensi- fication, sauf à agrandir la zone d’appellation.” L’agriculteur n’oublie pas de citer les exemples de ces vallées comme celle du Dessoubre ou de la Loue en pleine déprise agricole. “Quand les paysans s’en vont, la vallée se désertifie.” Et Jean-Marie Guinchard de saluer les restric- tions du cahier des charges du comté qui s’apparente plutôt à un cahier des chances. Force de proposition, il suggère d’aller plus loin dans la charte réglementant la gestion des affleurements rocheux. “On devait aussi y inclure les haies et les bosquets. La D.D.T. répond que ce n’est pas possible. Nous avons un travail à faire avec la profession pour rediscuter ce dossier. Je suggère aussi de créer une banque de données d’amé- nagements fonciers sur un ter- ritoire à l’échelle d’une commu- nauté de communes par exemple. Avec cet outil, il serait impossible de supprimer des haies ou des murgers sans en replanter sur

Je crois qu’il y a seulement 4 ou 5 communes dans le Doubs qui ne sont pas remembrées. Sup- pression de haies, création de chemin d’exploitation : tous ces travaux se faisaient sans auto- risation préalable, avec un taux de subvention variant entre 70 % et 80 %. Cette restructuration du foncier agricole s’imposait pour faciliter la mécanisation et conforter l’avenir de l’agricul- ture locale. Sur notre ferme, on encore sept exploitations à La Sommette. Pour autant, il faut le reconnaître, certains de ces aménagements étaient vraiment abusifs et c’est là qu’aujourd’hui, il faut replanter des haies.” D’autres dispositifs subvention- nés ont ensuite été déployés comme le Fonds de Gestion de l’Espace Rural dans les années quatre-vingt-dix ou les contrats territoriaux d’exploitation. “On s’inscrivait déjà dans une démarche plus restrictive qui va comptait 60 parcelles pour 50 hectares avant remembrement. Sans cette restructu- ration, je ne suis pas sûr qu’on trouverait

encore se durcir avec le principe de la conditionnalité rattaché aux déclarations P.A.C. Si l’on veut toucher les primes, on doit s’engager à ne pas modifier le paysage.” Utile de rappeler que l’agriculture subit aussi de plein fouet l’artificialisation des terres. Chaque année, 600 à 800 hec- tares de terres agricoles dispa- raissent dans le périmètre de l’A.O.P. comté. “Là, on ne se pose guère la question du défrichage, crois qu’à l’échelle de la France, c’est l’équivalent d’un départe- ment qui disparaît tous les 10 ans.” Le malheur des uns peut aussi faire le bonheur des autres. Les dégâts liés aux scolytes encou- ragent les coupes à blanc dans des parcelles remises en terre agricole. Une tendance qui ne compense pas les effets de l’ur- banisation et les besoins d’une agriculture particulièrement prospère : celle du comté. “Avec du casse-cailloux, de l’impact sur le pay- sage, sur l’avenir des fermes… au nom de l’économie, de la soi- disant croissance ! Je

Une banque de données d’aménagements fonciers.

“Les défrichements ont aussi permis de sauver beaucoup de fermes”, rappelle Jean-Marie Guinchard sans pour autant cautionner les suppressions abusives de haies ou d’affleurement rocheux.

du P.L.U.I. de la com’com des portes du Haut-Doubs, sans réponse à ce jour.” n F.C.

un autre secteur mais pas for- cément sur sa ferme. Cette pro- position a déjà été soumise dans le cadre du travail préparatoire

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