Journal C'est à dire 263 - Juin 2020
D O S S I E R
La filière comté retrouve le sourire Passé la première quinzaine de confinement avec une baisse des ventes de 20 %, le navire amiral des A.O.P. jurassiennes s’est réconcilié avec les consom- mateurs. La décision de réduire la production de 8 % sur un trimestre est annualisée à 2,3 % sur toute la campagne.
L e pire était à craindre si la tendance initiale se prolongeait dans le temps. 20 % pour le comté mais aussi 50 % pour le morbier et encore moins pour le bleu de Gex. De quoi se poser des questions sur l’avenir immédiat de ses filières. Le confinement a bouleversé les réseaux de distribution habituels.Arrêt de la restauration hors foyer, exportations au ralenti, rayon à la
réseaux traditionnels ont repris des couleurs. Les rayons de vente à la coupe ont été en partie réactivés tout comme la plupart des magasins de fruitières. Les acteurs de la filière ont redoublé d’efforts pour que les consommateurs puissent trouver facilement du comté quitte à le com- mander à distance faute d’en trouver près de chez soi. Avec cinq semaines de recul, le conseil d’administration du C.I.G.C. a décidé le 24 avril
AGRICULTURE
Bien malin qui pourra annoncer la fin de la crise sanitaire. Alain Mathieu sait déjà que le cru commercial 2020 ne restera pas dans les annales. La réac- tivité est essentielle. L’A.O.P. comté est la seule qui puisse imposer des contraintes de production à ses producteurs. “L’aménagement du 24 avril n’est pas irrévocable. Nos règles de régulation permettent d’avoir deux clauses de revoyure en juillet et en septembre. On analysera les ventes pour ajuster.” La dynamique observée sur le comté préemballé est toujours d’actualité. Quand on lui demande si les producteurs ont fait pression sur le C.I.G.C. pour avoir plus de marges de production, le
président toujours habile dans l’exercice répond : “Dans une situation de crise, onmanque parfois de temps pour expliquer des décisions contre- nature.” Du côté du morbier, là aussi ça va mieux. La baisse des ventes de 50 %, c’est du passé. “On se situe encore à - 20 %, ce qui reste préoccupant” , souligne Joël Alpy le président de l’A.O.P. morbier qui continue donc à appeler à la modé- ration. Plus question d’orientation générale. Il appartient désormais à chaque atelier de se réguler en fonction de ses propres marchés. Cette stratégie correspondmieux à l’organisation de la filière plus hétérogène que le comté. “Début avril, on s’était doté d’outils comme le report
coupe délaissé ou tout simplement fermé. Seules les ventes de comté préemballé progressaient mais pas de là à compenser la baisse géné- rale… D’un commun accord, lesA.O.P. juras-
d’annualiser la limitation de produc- tion à 2,3 % sur toute la campagne du comté qui s’étale du 1 er avril 2020 au 31 mars 2021” , annonce Alain Mathieu. Le président du C.I.G.C. se réjouit
L’heure est désormais aux actions de communication.
siennes avaient alors décidé début avril de réduire la production de 8 % jusqu’en juin. Une mesure pas franchement bien accueillie au moment de la mise à l’herbe qui annonce le début d’une nouvelle campagne laitière. Mais la suite des événements a évolué plus positi- vement. “On analyse l’évolution de la situation semaine après semaine pour constater que les
aussi de la continuité de l’activité à tous les niveaux, du producteur à l’affineur en passant par le transformateur. Qu’en est-il des ventes aujourd’hui ? “On est toujours une baisse mais seulement de 10 %. La prudence reste de mise. La ligne défendue actuellement, c’est de garder des équilibres. Je reste confiant dans la capacité du comté à retrouver une commercialisation.”
Des pics de commandes sur l’emballé chez Morteau saucisse Morteau
Le désintérêt des consommateurs pour les rayons “à servir” contraint le salaisonnier mortuacien à développer son offre de produits emballés où les ventes s’envolent.
L e coronavirus a cham- boulé les habitudes de consommation et redonné de l’attractivité aux rayons “emballé”, à la vente en “drive”, aux produits locaux. De quoi ouvrir des opportunités aux transformateurs de l’agroa- limentaire sous réserve d’être en capacité de s’adapter rapi- dement à l’évolution de la situa- tion. “Des pans entiers d’activité se sont écroulés en lien avec la fermeture de la restauration hors foyer ou sur les rayons à la coupe désertés au profit du libre-service. P résent sur différents cré- neaux de distribution, le groupe Arcado résiste plu- tôt bien à la situation si particu- lière du confinement. Difficile de généraliser à l’échelle de la filière. “Pour un mois d’avril, on est plu- tôt bon même s’il convient de distinguer une situation globale avec des cas particuliers pas toujours en aussi bonne posture” , nuance Romaric Cussenot, le
Si l’un compense l’autre en termes de volumes, il faut néan- moins plus de personnel pour arriver au même résultat sur une chaîne de conditionnement emballé. En l’état actuel, on arrive approximativement à maintenir le niveau de produc- tion. En cumulé depuis le début de l’année, on affiche encore une croissance de 5,8 % sur le site de Morteau Saucisse par rapport à l’an dernier” , explique Olivier Paget, directeur général du groupe Arcado. La résilience de Morteau Sau- directeur de l’association de pro- motion et de défense des sau- cisses I.G.P. de Morteau et de Montbéliard. Simple question de positionnement. Les fabricants axés sur le marché de la restauration hors foyer et sur les ventes en rayon traiteur souffrent beaucoup plus que ceux équipés pour faire des pro- duits emballés commercialisés en libre-service. n
Morteau Saucisse, l’unité mortuacienne du groupe Arcado, a fonctionné durant tout le confinement.
Une filière globalement peu impactée mais avec de fortes disparités
cisse aux soubresauts dumarché repose sur sa capacité d’adap- tation et la motivation des sala- riés à s’impliquer dans ce nou- veau défi sanitaire. “Dans l’agro-alimentaire, on est déjà habitué à respecter des règles d’hygiène drastiques. C’est un atout dans le contexte actuel. La santé du personnel restant une priorité, on a adopté des mesures supplémentaires : prise de tem- pérature à l’entrée des usines, distanciation, port des masques.
Et on a revu nos plans de dés- infection des locaux.” L’adaptation s’applique aussi à la protection des personnes pré-
des soucis sur des emballages, des étiquettes réalisées dans des entreprises qui étaient à l’arrêt.” L'après-confinement pose beau- coup de questions. Pas seule- ment sur l’importance de main- tenir des protocoles de protection mais sur la façon dont les mar- chés évolueront. Comment redé- marrera la prochaine saison ? L’emballé sera toujours à la mode ? Bien malin qui pourra le savoir. n
solidarité. Il y a eu très peu d’ab- sentéisme. On reste à l’écoute de chacun car on vit une période très anxiogène.” Important aussi
sentant un sur-risque médical face au Covid- 19. Elles sont restées à domicile comme celles qui pouvaient télétra- vailler. Les autres conti-
de préciser que l’instau- ration du confinement coïncidait avec la fin d’un cycle de production saisonnier. “On sortait de la haute saison de
La prise de température à l’entrée des usines.
nuent à se relayer sur le site de production en 2 X 8. Olivier Paget est assez fier de son per- sonnel. “On a senti une vraie
production.” Pas de soucis d’ap- provisionnement à signaler dans ce groupe qui utilise 100 % de viande française. “On a plus eu
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