Journal C'est à dire 253 - Avril 2019

D O S S I E R

“Nous ne rendrons pas un seul euro à l’Union européenne à l’issue du programme” Interview

Vice-président de la Région Bourgogne-Franche- Comté, c’est lui qui est en charge de l’action européenne et internationale, et donc des dossiers de financement européen. Depuis 2015, ce sont les Régions qui gèrent les fonds européens.

C’ est à dire : Les fonds européens sont-ils bien dis- tribués dans notre région ? Patrick Ayache : De manière générale, je suis satisfait de la manière dont les dossiers ont été gérés. En revanche, ce que je déplore, c’est la grande com- plexité pour la mise en œuvre de ces dossiers de subventions. On subit aujourd’hui des règles qui sont héritées de la mauvaise gestion par certains États-mem- bres lors de la précédente pro- grammation, si bien que les règles sont devenues beaucoup plus lourdes, compliquées, voire déconcertantes. Le travail à fournir pour obtenir une aide financière de l’Europe est dés- ormais colossal. Le niveau de lourdeur et de complexité est peut-être dix fois plus important que pour obtenir une subvention en France de la part d’une col- lectivité territoriale. Les aides européennes, ce n’est même plus une usine à gaz, c’est une usine thermonucléaire ! C’est la raison pour laquelle j’avais il y a 18 mois émis quelques inquiétudes sur la consommation des fonds européens. Mais les choses vont

mieux désormais. Je reste opti- miste pour la fin de cette pro- grammation 2014-2020. Càd : Où en est la consom- mation des crédits européens pour notre région à un an et demi de la fin de ce pro- gramme 2014-2020 ? P.A. : Le programme F.E.D.E.R.- F.S.E. Franche-Comté Massif du Jura affiche 53,87 % de consommation. Le programme Interreg franco-suisse quant à lui est à 60,43 %. Concernant les programmes de développe- ment rural F.E.A.D.E.R., nous sommes à 63,88 % pour le ter- ritoire de l’ex-Franche-Comté. Si on tient compte des dossiers en cours (et dont l’argent n’est pas encore consommé), nous sommes sur la bonne trajectoire pour tenir notre engagement de ne pas rendre un seul euro à l’Union européenne à l’issue du programme 2014-2020. Càd : En volume d’argent, ça donne quoi ? P.A. : Sur cette même période de programmation 2014-2020, la Région Bourgogne-Franche- Comté a eu à gérer 1,5 milliard d’euros de crédits européens et

Le Bisontin Patrick Ayache est l’élu chargé des fonds européens à la Région Bourgogne- Franche- Comté.

d’aide européenne ? P.A. : Soit il se débrouille seul et là, il risque fort de passer à côté. Soit il fait appel à la “fabrique à projets” que nous avons créée il y a dix-huit mois au sein du Conseil régional Bourgogne-Franche-Comté. C’est un service dédié aux petits porteurs de projets et qui prouve toute son utilité. Càd : Que sait-on de la pro- chaine programmation des fonds européens 2021-2027 ? P.A. : On sait déjà que du fait des efforts consentis sur certains dossiers comme la sécurité ou la surveillance des frontières, l’Europe aura moins d’argent pour le F.E.D.E.R. et la P.A.C. notamment. Et ce sont des Il est évident que nous, les Régions, nous allons nous oppo- ser à ces propositions de baisse et défendre nos intérêts auprès de l’État français qui attribuera la répartition entre les Régions. C’est un combat difficile que nous avons commencé à mener et tout va se jouer cette année. Mais il faut bien se dire, à quelques semaines des élections, qu’il n’y aurait plus d’agriculture sans l’Europe, et que pour le développement de nos terri- toires, l’Europe reste le seul endroit où il y a encore de l’ar- gent. C’est pourquoi je me bats tous les jours pour défendre les intérêts de notre région. n baisses significatives de l’ordre de 10 % pour le F.E.D.E.R. et 5 % pour la P.A.C. qui sont annoncées. Le Conseil européen, c’est-à-dire les États- membres, tranchera fin 2019-début 2020.

couvrir plus de 60 % du coût global. Il y a eu plusieurs projets exemplaires comme ça dans notre région récemment. Le pro- jet Silmach à Besançon a par exemple reçu plus de 5 millions d’euros de l’Europe. Pour les porteurs de projet, les fonds européens sont bien souvent le levier indispensable. Càd : Il y a quand même un gros point noir, ce sont les programmes baptisés Leader qui concernent les tout petits projets enmilieu rural. Plus de 1 000 dossiers seraient en attente… Qu’est-ce qui explique ces retards ? P.A. : C’est en effet un caillou dans la chaussure. L’enveloppe Leader n’est pas la principale le passage de l’État aux Régions, avec un logiciel baptisé Osiris qui a multiplié les problèmes. De notre côté, on avait proba- blement sous-estimé les effectifs pour gérer ces dossiers Leader. C’est la raison pour laquelle on va passer de six à douze agents prochainement, dédiés à ces dos- siers. Les retards se sont accu- mulés et par conséquent, on a obtenu de pouvoir prolonger de deux ans la période de program- mation qui s’étalera donc jusqu’en 2022. On va donc faire notre maximum pour tout pro- grammer. Càd : Quels conseils donne- riez-vous à un porteur de pro- jet sans services techniques pour déposer un dossier puisqu’elle repré- sente 53 millions d’euros au total.Mais comme les autres fonds, Leader était géré jusqu’en 2014 par l’État et son agence de paiement n’avait pas anticipé

publiques ont été versées. L’Union européenne a l’obliga- tion d’être le dernier payeur dans un dossier. Mais il est clair que, même pour les projets les plus modestes, les règles d’at- tribution restent très compli- quées. Càd : Une aide européenne pour un porteur de projet, c’est donc un peu la cerise sur le gâteau ! P.A. : Non, c’est plus que ça, car les taux de financement par l’Europe peuvent atteindre des niveaux très élevés, et parfois

nous en sommes à 910 millions d’euros programmés. Ces sommes sont gigantesques. Il faut se dire qu’avec 1,5 milliard d’euros, l’Europe nous donne l’équivalent d’une année de notre budget régional. Càd : Pourquoi les porteurs de projet ont l’impression que ça ne marche pas ? P.A. : Du fait de cette lourdeur administrative que je déplore et sans doute aussi parce que la subvention européenne est celle qui est payée en dernier, après que toutes les autres aides Litier propose de la literie haut de gamme et la Halle au som- meil était orientée vers des pro- duits plus abordables. Les deux enseignes étaient complémen- taires” , poursuit celle qui était alors à la tête d’une équipe de sept salariés. Deux magasins aménagés avec goût et le souci de proposer ce qui se faisait de mieux, toujours à la pointe des solutions technologiques. De la literie, le concept Grand Litier s’est étoffé au fil du temps en intégrant une boutique de linge de lit et en proposant les accessoires et les innovations qui contribuent à améliorer sans cesse la qualité du sommeil. Une manière comme une autre de se différencier en restant attractif. “On a peu à peu évolué vers une offre complète” , poursuit Christine Girard qui a préparé la reprise à partir de 2017. Après 18 mois d’accompagne-

Publi-information L’heure du départ pour Christine Girard Après 18 mois d’accompagnement pour transmettre l’enseigne Grand Litier à Pontarlier, Christine Girard se retire, ponctuant une histoire qui avait débuté en 1984 à Goux-les-Usiers.

“Ce n’est plus une usine à gaz, c’est une usine thermonu- cléaire !”

E lle ne voulait pas par- tir sans saluer et remercier toutes celles et ceux qui l’ont accompagnée tout au long de sa carrière de commerçante. Les clients qui lui ont fait confiance mais aussi les four- nisseurs et les collaborateurs avec qui elle a pu développer sa petite boutique. “Cette une belle tranche de vie marquée de belles rencontres, riche de bonnes valeurs humaines qui vont bien au-delà de l’acte d’achat” , explique celle qui se faisait tou- jours un vrai plaisir de trouver la solution sommeil correspon- dant au mieux aux besoins de sa clientèle.

Tout a commencé en 1984 à Goux-les-Usiers où Christine et Daniel son mari ouvrent en 1984 l’enseigne Literie Girard. Discrètement mais sûrement, la jeune commerçante développe son affaire. Soucieuse de gagner en visibilité, elle transfère en 2002 l’activité à Pontarlier pour s’installer rue de Salins face à l’enseigne Thiriet. Très vite, la place vient à man- quer et en 2006, nouveau démé- nagement aux Grands Plan- chants à l’emplacement actuel de ce qui allait devenir dès lors Grand Litier. Jamais à court d’idées, Christine Girard ouvre en 2009 la Halle au sommeil, un second magasin. “Grand

ment, elle part satisfaite, heu- reuse de laisser Grand Litier en de bonnes mains, en l’occur- rence celle du repreneur Mathieu Battistini qui a conservé la même équipe. Un gage de professionnalisme et de pérennité. n PONTARLIER «Les Grands Planchants» 03 81 38 80 68 www.pontarlier.grandlitier.com L Christine Girard s’en va le cœur léger avec le plaisir d’avoir proposé des solutions de sommeil qui correspondait aux attentes de sa clientèle.

Propos recueillis par J.-F.H.

Literie Girard

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