Journal C'est à dire 253 - Avril 2019

V A L D E M O R T E A U

“Emmanuel Macron paie son réel manque d’expérience” Politique La députée mortuacienne Annie Genevard réclame que l’Assemblée nationale mette en place une mission d’information suite à la mul- tiplication des actes anti-chrétiens en France. Explications.

produit des actes sur des édifices chré- tiens (comme ce fut le cas le mois der- nier à l’église Saint-Sulpice à Paris ou un peu plus tôt les dégradations per- pétrées dans la basilique royale de Saint-Denis), tout cela se passe dans une relative discrétion. Càd : À quoi servirait cette mission d’information ? A.G. : D’abord à renseigner les phé- nomènes et sur ce point, le ministère de l’Intérieur ne semble pas très coo- pératif. Combien sont ces actes, où, par qui sont-ils commis, est-ce que les auteurs sont arrêtés, comment justi- fient-ils leurs actes ?… On n’analyse

bien que ce qu’on connaît. Et ensuite, on peut mettre en place des actions de lutte efficaces. C’est le sens de cette demande. Càd : Les actes anti-chrétiens sont- ils si nombreux que cela ? A.G. : Ces actes auraient doublé en moins de dix ans. 1 063 actes de ce type ont été recensés en 2018, contre 522 en 2010.Au seul mois de janvier dernier, 66 actes anti-chrétiens sont à déplorer en France. Mais quand on interroge le ministère sur ce sujet, on sent un réel embarras. Ces questions de religion, de laïcité, embarrassent le pouvoir poli- tique, c’est un constat. A.G. : Non, je ne le crois pas. On a plutôt entendu des déclarations anti- sémites chez certains gilets jaunes. Ces actes de violence sont simplement le symbole d’un pays très fracturé. Un pays qui s’en prend aux convictions religieuses est nécessairement un pays qui ne va pas bien. Les responsables politiques ne peuvent pas détourner le regard de cette question. Càd : Le grand débat national ne permettra pas selon vous d’apaiser enfin le pays ? A.G. : Le grand débat a été lancé pour ça, pour calmer la crise, mais ça n’a pas marché, on l’a vu de samedi en Càd : On peut faire un quelconque rapproche- ment entre l’actuel mou- vement des gilets jaunes et ce regain de violence anti-religion catho- lique ?

samedi, et les raisons de la crise demeu- rent. Càd : À quoi est-elle due ? A.G. : On ne peut pas se contenter d’af- firmer que cette crise sociale est due à quarante années demauvaise gestion. Le président actuel paie aussi ses énormes erreurs, ses déclarations pro- vocatrices et une façon d’exercer le pouvoir pas très raccord avec la réalité des gens. Il paie son réel manque d’ex- périence. C’est le manque d’expérience de quelqu’un qui n’avait jamais occupé de fonction élective et qui ne connaît pas véritablement notre pays dans toute sa dimension. pas réputée pour être très mobilisatrice. J’espère que la crise actuelle vamodifier la donne mais rien n’est moins sûr… Le taux d’abstention est toujours un marqueur de l’état du pays et là, j’ai bien peur qu’on ne dépasse guère les 40 ou 45 % de participation. Càd : Les Républicains entament- ils leur renaissance à l’approche de ces Européennes ? A.G. : Il y a incontestablement un effet Bellamy, notre tête de liste. En décem- bre dernier, nous étions crédités d’à peine 8 %. Début avril, on était entre 13 et 15 %. Il y a une vraie dynamique en notre faveur. n Propos recueillis par J.-F.H. Càd : La crise permettra- t-elle au moins de remo- biliser les citoyens pour les prochaines élections européennes ? A.G. : Cette élection n’est

C’ est à dire : Pourquoi une telle demande alors qu’on aurait pu penser que vous réclameriez plutôt une mission sur les actes antisémites qui paraissent plus nombreux en ce moment ? Annie Genevard : Concernant les actes antisémites, j’ai déjà réagi de plusieurs manières en participant notamment à la grande marche après l’assassinat de Mireille Knoll, en par-

ticipant au rassemblement place de la République suite aux actes antisé- mites contre la mémoire de Simone Veil ou encore en demandant à faire partie du groupe d’étude sur l’antisé- mitisme de façon à obtenir du Parle- ment la création d’un système d’alerte à l’échelle européenne qui porterait sur la définition précise de l’antisémi- tisme. J’ai réclamé la création de cette mission d’information car chaque fois qu’il se

“Les responsables politiques ne peuvent pas

détourner le regard.”

Dans un courrier adressé

à Richard Ferrand, le

président de l’Assemblée, Annie Genevard réclame la création d’une mission d’information sur les actes anti-chrétiens (photo Assem- blée nationale).

Les soignants en psychiatrie sont en souffrance Morteau

T outes les unités du Pôle psychiatrique du Haut- Doubs vivent dans le stress d’une nouvelle réduction de dotation de 350 000 euros qui devrait être imposée par l’A.R.S. en 2020. Soit la menace de perdre encore 8 à 12 postes. Pas de quoi calmer Sophie, infirmière à l’hôpital de jour à Morteau. “Le nombre de patients augmente de façon expo- nentielle et il faut encore réduire l’effectif. Il nous arrive souvent de fermer l’hôpital de jour àMor- teau pour aller faire des rem- placements au Grandvallier à Pontarlier. On fonctionne avec deux infirmières en présence per- manente. Si l’une des deux est malade, l’hôpital de jour doit fermer et 10 personnes se retrou- vent sans soin ce jour-là.” L’antenne mortuacienne du pôle psychiatrique du Haut- Doubs est aussi impactée par les restrictions budgé- taires imposées par l’Agence régionale de santé (A.R.S.) avec, en plus, le handicap de l’isolement médical.

L’antenne mortuacienne du pôle psychiatrique du Haut-Doubs abrite deux offres de soin, soit deux équipes de soignantes qui travaillent ensemble. Fermé de 2004 à 2006, l’hôpital de jour a été remis en service en 2013. D’une capacité d’accueil de 10 places, il représente trois postes équivalents temps plein d’infir- mières. Ouvert en 1999, le centre médico-psychologique (C.M.P.) quant à lui mobilise deux postes tions des psychiatres, psycho- logues opérationnelles dans toutes les unités du pôle psy- chiatrique. “Le C.M.P. : c’est un espace d’accueil pour les per- sonnes en demande de soins psychiatrique ou psychologique. Elles peuvent juste venir pour un rendez-vous auprès d‘un médecin ou d’une assistante sociale. “On dispose aussi d’une salle pour proposer des activités thérapeutiques en constante équivalents temps plein, à savoir une infirmière et une aide- soignante. À cela s’ajoutent une secré- taire et les interven-

diminution faute de temps et de moyens. On ne répond plus à toute la qualité de soins qui serait nécessaire pour des pathologies qui demandent du temps et de l’écoute” , estime à son tour Béa- trice, infirmière au C.M.P. Les listes d’attente s’allongent. Les soignantes mortuaciennes se plaignent aussi de la gestion à flux tendu du personnel. “Avant, explique Isabelle aide- soignante, on changeait de poste changé avec un turn-over inces- sant qui apporte une insécurité palpable et se répercute sur la continuité de soins.” L’antenne mortuacienne se dif- férencie aussi par un relatif éloi- gnement des hôpitaux les plus proches. Ici peu de spécialistes, pas de service d’urgence, un seul psychiatre, Jean-Philippe Sauze installé en libéral à Morteau. Marlène, psychologue, déplore que les activités thérapeutiques au bout de cinq ou sept ans. C’est une mobilité assez logique dans nos métiers, et qui nous semble acceptable. Aujourd’hui, tout a

Les listes d’attente s’allongent.

Une partie de l’équipe soignante du C.M.P. - Hôpital de jour de Morteau.

Régine, infirmière au C.M.P. La tension est palpable. “Toutes ces mesures affectent non seulement les patients mais aussi la santé des soignants. On pourrait presque considérer qu’on est vic- time de maltraitance avec les risques de burn-out que cela sous-entend” , complète Béa- trice. n F.C.

soient ainsi mises à mal. “On peut parler d’une activité sacri- fiée alors que cela devrait être tout le contraire. Il y a de moins en moins de soignants auprès des patients. Aujourd’hui, tous les soins doivent être tracés. Cela signifie de plus en plus de pro- tocoles et de démarches admi- nistratives à faire au détriment des soins.”

Les patients mortuaciens ont manifesté à leur manière leur désarroi. “Ce sont eux qui ont lancé la pétition sur change.org : “psychiatrie du Haut-Doubs en danger”. Un courrier a été trans- mis aux élus et à la députée Annie Genevard.Tout le person- nel était en grève le 12mars pour aller manifester avec nos col- lègues à Pontarlier” , confirme

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