Journal C'est à dire 252 - Mars 2019
L A P A G E D U F R O N T A L I E R
Ici, on fait encore de l’abattage à la ferme Les Brenets Éleveur aux Brenets, Vincent Feuz a obtenu l’auto- risation d’abattre des vaches highlands à la ferme. Une avancée en termes de bien-être animal, mais qui pourrait être de courte durée.
En bref… l Concours photo La Ville de Maîche lance le Concours Photos 2019 “Scènes de vies maîchoises” jusqu’au 14 juin. Moments de la vie quo- tidienne au sein de son quartier, entourés de ses voisins, de ses amis, grandes manifestations que la Ville de Maîche orga- nise…L’important est que cha- cun puisse immortaliser ce qui caractérise les scènes de la vie maîchoise. Gratuit, ce concours est ouvert à tous ainsi qu’aux classes des collèges. Les pho- tographes amateurs pourront faire parvenir leurs clichés jusqu’au 14 juin à la Mairie. Récompenses prévues. Ren- seignements en mairie. l Mémorial Les chrétiens Témoins de Jého- vah de Morteau et Maîche infor- ment qu’ils célébreront leMémo- rial dans leurs locaux respectifs vendredi 19 avril en soirée à 20 heures. LeMémorial constitue l’événement religieux le plus important de l’année pour eux. Entrée gratuite. Renseigne- ments : Alain Deleule au 06 19 78 16 94 et Gilles Chris- ment au 06 79 72 13 13.
Installé à la frontière française côté suisse, Vincent Feuz élève des cerfs et des vaches highlands
L ui qui croyait avoir fait le plus difficile, deux ans de formalité pour obtenir la fameuse autorisation délivrée par les Services de la Consommation et des Affaires Vétérinaires ne s’attendait pas à recevoir un complément de procédure susceptible de remet- tre en cause toute sa démarche. “On veut m’imposer la présence d’un vétérinaire à chaque fois que j’abattrai une bête. Cela représente un surcoût de 300 francs suisses. Pour l’amortir, il faudrait augmenter de deux francs le prix du kilo de viande. Ce serait très compliqué. Je ne comprends toujours pas pourquoi on veut surtaxer les gens qui tuent plus respectueusement” , observe très en colère Vincent Feuz. En Suisse, l’abattage à la ferme est loin d’être généralisé puisqu’il concerne actuellement cinq éleveurs répartis sur quatre cantons. Deux utilisent un fusil et trois se servent d’un clou
comme dans les abattoirs. “Les autorités administratives vété- rinaires sont toujours très réti- centes. Pour le service fédéral, l’abattage à la ferme n’est pas compatible avec la loi encore en discussion. Ce n’est qu’une ques- tion d’interprétation. Les consom- mateurs, à l’exception des végé- tariens et des véganes, sont favorables à ces méthodes d’abat- tage sur site qui font l’économie du transport et évite surtout de stresser l’animal. Pour l’admi- nistration, c’est beaucoup plus facile de contrôler deux ou trois gros abattoirs qu’une multitude de petits éleveurs” explique Daniel Meili du service “Bien- être animal” au sein de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique Suisse ou F.I.B.L. Aux Brenets, Vincent Feuz a choisi de s’orienter depuis quinze ans vers des élevages de plein air. Il a commencé par des cerfs puis a testé des yacks avant de se focaliser sur des highlands au look si caractéristique. “Les
abattus à la ferme.
et l’emporter rapidement à l’abattoir des Ponts-de-Martel. “Il faut que l’opération se passe en moins de 45 minutes. J’ai envoyé la vidéo aux services vété- rinaires qui m’ont délivré l’au- torisation deux semaines plus tard en février dernier.” Lesmédias de la suisse romande vont s’emparer du sujet et Vin- cent Feuz convaincu de sa méthode se prête volontiers au jeu des reportages. Le filmmon- tre notamment l’effet de surprise quand l’animal est touché et l’in- différence des animaux qui l’en- tourent. Une mort rapide, tout en douceur si l’on peut dire… Quand on l’interroge sur l’impact de l’abattage à la ferme dans la
qualité de la viande, l’éleveur des Brenets n’hésite pas une seconde. “C’est une évidence, l’ab- sence de stress améliore la ten- dreté et la stabilité de la viande qui se conserve mieux. Cette méthode est lameilleure solution pour l’animal, l’éleveur et le consommateur. C’est à moi de m’adapter à l’animal et non l’in- verse. Sur le plan de la sécurité, on supprime aussi le risque d’ac- cident dû à la manipulation d’animaux sous l’effet du stress” , analyse Vincent Feuz qui com- mercialise sa production en vente directe auprès des parti- culiers et des restaurants locaux. n F.C.
bêtes sont élevées dans les condi- tions les plus sobres et respec- tueuses de leurs rythmes de vie quotidienne. Je tire les cerfs depuis le début car la loi préco- nise que les animaux sauvages soient abattus dans leur envi- ronnement.” Éleveur à forte personnalité, Vincent Feuz voulait procéder de la même manière avec les highlands. Après deux années d’efforts, il obtient finalement une autorisation exceptionnelle pour abattre au fusil les tau- reaux les plus farouches. Il pro- fite de l’opportunité pour tourner une vidéo. On le voit tirer un mâle highland à 10mètres avant de le suspendre pour le saigner
Le canton de Neuchâtel attire toujours plus d’entreprises françaises Suisse voisine
Le voisin fait face à une crise démographique Démographie Comment le canton de Neuchâtel peut-il lutter contre la diminution de sa population résidante ? Il a perdu 1 142 habitants l’an dernier. Des mesures d’urgences sont évoquées.
En quatre ans, 47 sociétés se sont implantées de l’autre côté de la frontière, dont 7 françaises rien que l’an dernier. Explications d’un phénomène qui semble s’accélérer.
nomie et de l’action sociale. Personne n’est dupe. Si le canton de Neuchâtel attire autant, “c’est parce qu’il propose un cadre unique qui allie innovation et conditions fiscales attractives” , répond Jean-Nathanaël Karakash avant de parler de la “qualité de vie hors du commun.” Le canton aide également ses entreprises : 24 entre- prises régionales ont été soutenues directement en 2018. Pour chaque franc octroyé,10 francs ont été investis par les porteurs de projets par effet de levier. La collectivité possède un Pôle d’in- novation nommé Microcity (à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel) qui rayonne.Un programme d’incubation de 20millions de francs (17,5millions d’euros) a été lancé par des start-up neuchâteloises auprès d’investisseurs privés. Ces prêts sans intérêts sur cinq ans créent les conditions propices à l’accélération du développement économique. n E.Ch. Exemple d’implantations en 2018 Le Canton n’a pas souhaité indiquer l’identité des 7 entreprises tricolores arrivées en 2018 en Suisse. On peut toutefois citer la start-up française Col- necHealth qui développe des solutions de e-santé. Parmi les autres sociétés étrangères, le groupe chinois d’affrè- tement maritime Cosco ou encore la société américaineWatchBox spécia- lisée dans l’horlogerie. n
A près le départ de la main- d’œuvre, aux capitaux de franchir la frontière.Le can- ton de Neuchâtel annonce un bilan économique “positif” en 2018 avec l’implantation de seize sociétés ciblées étrangères. “En 2018, 7 des 16 entreprises implantées étaient fran- çaises et, parmi elles, 6 sont actives dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, notamment dans le secteur de la block- chain (technologie de stockage). Elles se sont majoritairement installées dans le littoral neuchâtelois” présente Jean-Nathanaël Karakash, chef du Département de l’économie et de l’ac- tion sociale (D.E.A.S.). L’an dernier, 92 sociétés se sont ins- tallées en Suisse occidentale (cantons de Lausanne, Neuchâtel, Genève),
C hampions de l’activité écono- mique mais sûrement pas de la démographie. Nos voisins du canton de Neuchâtel, perfor- mants quand il s’agit d’accueillir de grandes entreprises ou manufactures, ont bien du mal à présenter un solde naturel positif. Le canton de Neuchâtel a perdu 1 142 habitants en 2018, avec une population résidante de 176 720 personnes en fin d’année. Si cette diminution ne surprend pas le Conseil d’État, “elle démontre à quel point il est urgent de concrétiser les grands projets actuellement en discussion : réforme de la fiscalité, infrastructures de mobilité, aménagement du territoire” pré- cise la Chancellerie. Pour la seconde année consécutive, la population du canton de Neuchâtel dimi- nue. “Dans cette perspective, il est urgent de concrétiser les grands projets actuel- lement en discussion. À cette condition, le canton retrouvera une dynamique démographique porteuse d’avenir ! Alors que la région neuchâteloise est attractive, le canton ne parvient pas à en profiter pleinement. C’est un problème, car nous finançons les infrastructures et les services, nos entreprises créent les emplois et ce sont les cantons voisins qui encaissent les impôts correspondants. Les prochains mois seront décisifs pour inverser la ten-
dont 16 dans le Canton de Neuchâtel. Ce chiffre est en progression et consti- tue lemeilleur résultat obtenu durant la période quadriennale qui s’achève. En quatre ans, ce sont 47 sociétés qui se sont implantées, dont 36 % sont françaises et 17%en provenance des États-Unis (17 %). La plupart de ces firmes sont soi des start-up à forte valeur ajoutée,soit de grands groupes. Comment expliquer ces choix de quit- ter un pays de l’Union européenne pour la Suisse ? “Les atouts du canton ont particulièrement conquis les socié- tés actives dans les technologies de l’information et des communications (40 %), les services stratégiques et financiers (20 %) et les dispositifs médicaux (11 %). Au total, près de 330 emplois ont été créés” répond le responsable duDépartement de l’éco-
dance” indique Jean-Nathanaël Kara- kash, conseiller d’État, chef du Dépar- tement de l’économie et de l’action sociale au canton. Il semble toutefois difficile d’enrayer ce départ des gens des “montagnes” pour le littoral neuchâtelois, voire Lausanne pour ceux qui résident dans le Val-de- Travers. n E.Ch. 138 Français en plus L e nombre de ressortissants suisses a baissé de 667 personnes dans le canton de Neuchâtel, celui des étrangers de 475 personnes. La baisse du nombre de ressortissants portugais (- 437) contraste avec la hausse du nom- bre de ressortissants français (+ 138). À l’exception du Val-de-Ruz, qui affiche un gain de 85 personnes (+ 0,5 %), tous les secteurs du canton de Neuchâtel présentent une baisse de population. La région des Montagnes enregistre une baisse de 831 personnes (- 1,5 %) alors que celle du Littoral en perd 259 (- 0,3 %). Enfin, le Val-de-Travers affiche une perte de 137 habitants (- 1,2 %). n
Jean-Nathanaël Karakash, ici aux côtés de Marie- Guite Dufay et Liliane Lucchesi (chargée de la coopération franco- suisse), dresse un bilan 2018 positif pour son canton (photo archiveCàd).
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