Journal C'est à dire 252 - Mars 2019
V A L D A H O N - P I E R R E F O N T A I N E
Le poulailler “industriel” continue à faire caqueter La création probable d’un élevage de 33 000 poulets à Flangebouche suscite la controverse. La pression ne retombe pas autour de ce projet controversé. Flangebouche
L a tranquillité, Flange- bouche y est habituée. Les manifestations, beaucoup moins. Organisée par Europe Écologie Les Verts et des membres de l’association de pro- tection des animaux Humanimo,
ensuite au groupe L.D.C. pour la consommation humaine. Pour cela, il a fait les demandes en règle. Ni le futur éleveur ni la mairie n’ont souhaité répondre à nos sollicita- tions. L’enquête publique qui s’est dérou-
lée du 14 janvier au 12 février a récolté de nombreux avis, plutôt négatifs d’ailleurs. “33 000 animaux seront entassés sur 1 530 m 2 , soit
une marche réunissant 60 personnes s’est déroulée dimanche 24 février pour dénoncer un projet avicole. Un éleveur, qui est aussi
Des poules nourries aux O.G.M.
conseiller municipal de Flange- bouche, souhaite implanter au lieu- dit la Creuse, un espace industriel pour élever 33 000 poulets et dindes sur une surface de 1 530m 2 , vendus
une feuille A4 par animal. Les volailles seront nourries par O.G.M., ce qui va à l’encontre de cette zone qui est placée en A.O.P. comté” déclare l’association Humanimo
Environ 60 personnes, mais peu d’habitants de Flangebouche, ont manifesté contre le projet de poulailler géant.
qui a récolté 75 000 signatures sur sa pétition. Actuellement, le projet est dans les mains de la direction de la cohésion sociale et de la protection des popu- lations (D.D.C.S.P.P.) nous indique la préfecture du Doubs. “Ce porteur de projet n’aurait-il pas le droit de créer son entreprise ?” , interroge Daniel Prieur pour la Chambre d’agriculture. Il y a deux attitudes à avoir : soit il trouve 2 hectares de terrain et il peut élever ses animaux en plein air, soit il n’en a pas et fait un bâtiment de ce type. La Chambre d’agriculture aura son mot à dire
lors du prochain Conseil départe- mental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (C.O.D.E.R.S.T.)” dit-il sans toutefois donner sa position sur ce projet. La date de ce prochain conseil n’était pas encore fixée à l’heure où nous bouclions ces lignes. Pour la représentante d’Europe Écologie Les Verts Anne Vignot, “ce projet est une aberration qui va à contresens de l’époque. C’est un modèle insoutenable. Insoutenable sur le plan de l’alimentation : ce n’est pas le type de nourriture que l’on veut aujourd’hui.” n
Ce type de modèle inquiète les militants écologistes.
“On doit être le plus raccord possible avec les enjeux environnementaux” Agriculture L’agriculteur du secteur de Pierrefontaine a été réélu sans surprise à la tête de la chambre d’agriculture inter- départementale Doubs-Territoire-de-Belfort. Daniel Prieur donne le cap d’un mandat en phase avec les défis de l’agriculture de demain. Entretien. À 57 ans, Daniel Prieur est motivé comme jamais
C’ est à dire : Pourquoi repartir pour un nouveau mandat ? Daniel Prieur : J’avais envie de m’investir davantage au niveau national, ce qui implique nécessairement d’être président à l’échelon départemental. C’est une des raisons qui explique ma candidature.Aujourd’hui, je suis vice-président national et je suis à la tête de la commission ter- ritoire qui gère, entre autres, le dossier montagne. Cette orien- tation m’a accompa- gné pendant tout mon parcours chez les J.A., à la F.N.S.E.A. puis à la chambre. On a tra- vaillé sur la réforme Barnier, la P.A.C., la prime à l’herbe… Càd : Ce second mandat en préfigure-t-il un troisième ? D.P. : Non (sourire) et sans pren- dre de risque, il y a de grandes chances que ce soit le dernier. Je ne changerai pas d’avis. Càd : Vous allez devoir défen- dre les intérêts de l’agricul-
ture des deux départements. La partie s’annonce serrée ou pas ? D.P. : Maintenant, c’est l’heure de vérité. Il n’y a pas plus d’ar- gent consacré à l’agriculture qu’avant mais la façon de le répartir est différente. On observe une évolution des aides de l’intensif vers l’extensif.Aussi étonnant que cela puisse paraî- tre, le paiement redistributif est plus favorable à l’élevage qu’aux grandes cultures. Au Est-ce que cela sous-entend un risque de se faire déshabiller ? Il va falloir être très bon sur l’argumentaire et aujourd’hui, on sent déjà poindre les ten- sions. Càd : Comment composer avec les nouvelles exigences de la population en matière d’environnement ? D.P. : On développe une final, la Bourgogne- Franche-Comté est la région qui bénéficie du montant P.A.C. le plus important en France.
pour un nouveau mandat de
chambre où il veut continuer à défendre l’agriculture de montagne et réussir l’adaptation au réchauffement climatique.
“Traire ou élever, il faut choisir.”
remettre en cause l’export mont- béliard car les récoltes vont bais- ser de 20 à 25 % avec le réchauf- fement climatique. On risque ainsi de perdre le prestige d’être considéré depuis des lustres comme le berceau de la race. On peut aussi envisager de met- tre en place des partenariats avec des pays où l’on élèverait des génisses montbéliardes. Cela permettrait d’améliorer les réserves fourragères. Comme on dit du stock à la grange, du stock à la banque. n Propos recueillis par F.C.
le jeu dans le financement des équipements comme pour les fosses à lisier.Moi, je veux qu’on aille encore plus loin. Càd : Comment considérez- vous les zones qui sont hors filière A.O.P. ? D.P. : On dit souvent que Daniel Prieur ne voit que par le comté mais mon rôle est aussi de fédé- rer. Je veux pousser pour qu’on raisonne sur un Made in Franche-Comté. Vis-à-vis des zones basses, on s’engagera sur des schémas économiques valo-
risant la vente directe auprès des consommateurs. Il faut encourager les initiatives et les soutenir. C’est quand même la recette gagnante du Doubs. Càd : Comment le projet de la chambre prend en compte le réchauffement clima- tique ? D.P. : On va lancer une réflexion. Avant, on disait boire ou conduire, il faut choisir, demain le slogan agricole sera peut-être traire ou élever, il faut choisir. Il faudra peut-être
méthode d’évaluation basée sur l’agronomie des exploitations. Le but étant de voir comment on peut couvrir les besoins four- ragers sans être dépendants des engrais chimiques avec un suivi des pratiques d’épandage. On doit être le plus raccord possible avec les enjeux environnemen- taux. Sur ce chantier-là, on n’hé- site plus à solliciter des paysa- gistes, des écologistes pour qu’ils nous apportent des réponses. On a besoin de trouver des solu- tions ensemble. Les collectivités territoriales sont prêtes à jouer
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