Journal C'est à dire 252 - Mars 2019
M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S
L’eau est revenue, pas les poissons Pêche Les pêcheurs du Saugeais ont finalement ouvert la pêche le 9 mars sur leur parcours touché par la sécheresse. Ils attendent beaucoup des décisions de travaux qui pourraient être annoncées cette année, notamment au niveau du lac.
Denis Vonin, président de l’association de pêche du Saugeais, pessimiste pour
D epuis le haut du pont deMai- sons-du-Bois, Denis Vonin scrute le fond de l’eau à la recherche de vairons.Malgré sonœil avisé de pêcheur, pas un poisson à l’horizon. Depuis la sécheresse 2018 qui aura duré presque 6 mois, les pois- sons ne se sont pas réappropriés leur milieu. “Nous avions pu en sauver quelques-uns, récupérés dans des trous d’eau dont quelques belles truites, beau- coup de tanches, des perches, des che- vesnes. Mais s’il n’y a pas de petits, il n’y a pas de gros” schématise le prési- dent de la Truite du Trésor et du Sau-
geais. Son association de pêche et de protection des milieux aquatiques (A.A.P.P.M.A.) qui gère la pêche sur 23 km du Doubs entre Pontarlier et Morteau en première catégorie s’est interrogée. “Fallait-il fermer la pêche pour 2019 ? Nous avons finalement décidé que non, répond Denis Vonin. La place des pêcheurs est au bord de l’eau car ce sont des lanceurs d’alerte. Pour que l’association vive, il fallait aussi continuer.” Pour être certain que les pêcheurs ne repartent pas bredouilles, 900 kg de truite d’élevage ont été déversés un
la saison de pêche 2019, mais pas résigné.
peu avant l’ouverture. “Notre rêve serait de ne pas avoir besoin d’aleviner. On préférerait voir les truites frayer puis les alevins grandir.Tout cela est impos- sible si on ne peut pas nous garantir un débit a minima à 2 m 3 seconde en aval d’Arçon.”
94 millions de m 3 d’eau. “Une commis- sion a été créée avec Christian Ratte, le maire de Septfontaine, comme pré- sident. Nous avons proposé la création d’un deuxième barrage au niveau du pont des Oies (Arçon) pour restituer l’eau” annonce Jean-Claude Poux, pré-
Une cagnotte solidaire “Si toutes les personnes avaient mis 5 euros lorsqu’elles ont posé une pierre, nous serions riches” ironise le président de la société de pêche du Saugeais. Son association a lancé une cagnotte participative intitulée “S.O.S. Doubs sécheresse”. “Vous êtes des milliers à être venus sur le lit du Doubs asséché : nous avons besoin de vous pour repeupler notre rivière” demande l’A.A.P.P.M.A. Au 28 février, seulement 9 personnes avaient contribué. à votre bon cœur. Cagnotte Leetchi : sos-doubs-secheresse
sident de la Truite Pontis- salienne. Une annonce qui va à l’encontre de la directive européenne de la loi sur l’eau qui demande justement l’arasement des barrages. Sur son secteur, pas loin de
L’association n’est pas opti- miste pour 2019. “On repart à la même catastrophe si rien n’est fait.On peut y arri- ver mais il faut que les tra- vaux de bouchage des failles et au niveau du lac soient
Création d’un deuxième barrage en amont der Maisons-du-Bois- Lièvremont ?
deux tonnes de poissons seront alevinés d’ici mai. Les pêcheurs seront-ils au rendez-vous ? “On pourra faire un pre- mier bilan des cartes de pêche finmars” annonce-t-il. L’optimisme de voir le Doubs couler sans discontinuer, même l’été, est faible en 2019. Seuls des amé- nagements dans le lit de la rivière et au niveau du lac assureront de l’eau aux poissons… et aux hommes. n E.Ch.
réalisés rapidement. Il n’y a pas 50 solutions, on connaît les problèmes. Il faut notamment un lit à plusieurs niveaux et boucher les trous en aval d’Arçon.” L’association aimerait que les choses aillent plus vite. L’espoir viendra, peut-être, du lac Saint- Point. Le préfet du Doubs a assuré qu’il prendrait d’ici la fin de l’année une décision concernant le niveau et la réfection du barrage du lac qui retient
Le débit de la rivière est scruté de près.
Les nappes phréatiques sont loin
d’avoir fait le plein cet hiver.
Ces terrains pollués près de chez nous Montbenoît Répertoriés dans une base de données, ils sont pour certains dépollués ou en cours de dépollution. L’ancienne scierie de Montbenoît a pu être reconvertie.
“P ollué ne veut pas dire dangereux.” Cette nuance, c’est la Direction Régio- nale de l’Environnement de Bourgogne-Franche-Comté (D.R.E.A.L.) qui la soumet d’em- blée. Ce service est chargé par leMinistère de la transition éco- logique de recenser les sites et sols pollués en région. En France, au 6 février, la base publique Basol (BAse de données sur les SOLs) recense 6 989 sites pollués à divers degrés dont 570 sites en Bourgogne-Franche- Comté, 65 dans le Doubs dont un àMontbenoît. Dans la région, c’est le département du Doubs qui en compte le plus grand nom- bre mais c’est bien l’aire urbaine Montbéliard-Belfort qui en concentre la majeure partie. “Passé industriel oblige” explique un responsable. Lamoitié de ces 570 sites fonctionnent encore. Pour l’autre partie (dont 1/4 est en friche et 1/4 est réutilisé pour une activité autre que l’indus-
trie), les pollutions les plus fré- quentes sont dues aux hydro- carbures, aux solvants, et de façonmoins problématique, aux éléments métalliques. Les consé- quences sur les nappes phréa- tiques sont elles aussi étudiées.
mercure, ont été trouvées. Le site est d’ailleurs interdit à l’ur- banisation mais des activités économiques sont possibles. Le bâtiment est occupé aujourd’hui preuve que les reconversions sont possibles.
Dans les cas où l’en- treprise défaille, c’est le contribuable qui paie. Exemple avec D.S.M. Industrie dans le Grand Besançon où cette société a plié
“Concernant la scierie deMontbenoît, la liqui- dation judiciaire a été prononcée et lamise en sécurité du site a été faite au moment de la liquidation. Des servi-
“La mise en sécurité du site faite au moment de la liquidation.”
bagage en laissant des bains de traitement non vidés, de nom- breux fûts de déchets dangereux, des boues contaminées (2011). Des travaux de mise en sécurité ont été effectués du 28 mars au 26 juin 2014, payés par l’État. “Le montant de l’opération a été de 309 178,82 euros” précise l’Agence de l’Environnement et de laMaîtrise de l’Énergie Bour- gogne-Franche-Comté (A.D.E.M.E.). Le site est depuis sécurisé et toujours fermé. La nature, elle, reprend ses droits. n
tudes d'utilité publique sont en cours d'élaboration par l’État pour maîtriser les usages du sol sur ce site. Une interdiction de certains usages sera prononcée” assure la D.R.E.A.L. La surface du site en question est de 1,32 hectare. Le rapport de l’étude précisait que la pol- lution présente sur l’aire de stockage extérieure (contact cutané avec le sol et ingestion de poussières contaminées) n’était pas acceptable. Des traces de cuivre, plomb, hydrocarbures,
L’ex-scierie Barrand, liquidée en 2013, a été dépolluée. De nouvelles activités s’y sont installées. (photo archive Càd).
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