Journal C'est à dire 247 - Octobre 2018

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Interview

“Nous sommes les gardiens du temple montagnard” La députée du Haut-Doubs Annie Genevard remplacera Marie-Noëlle Battistel (députée de l’Isère) à la tête de l’association nationale des élus de montagne (A.N.E.M.) à l’occasion du congrès mortuacien. Enjeux.

C’ est à dire : Pour- quoi les élus de montagne ont-ils besoin d’une asso- ciation spécifique ? Annie Genevard : L’A.N.E.M. est née il y a plus de trente ans de la volonté de quelques par- lementaires qui avaient travaillé à l’élaboration de l’acte I de la loi Montagne en 1985. Cette législation inédite admettait pour la première fois que la loi en France ne pouvait concerner qu’une partie du territoire natio- nal. Le législateur a reconnu à l’époque que la montagne était un territoire spécifique qui méri- tait un traitement spécifique, à cause du climat particulier, du relief, de l’altitude. De cette loi Montagne sont issus certains textes de loi comme l’indemni- té compensatrice du handicap naturel destinée notamment au monde agricole. C’est dans la foulée de cette loi Montagne qu’est née l’A.N.E.M. Et 33 ans plus tard, la montagne est tou- jours ce territoire spécifique qui mérite un traitement spécifique.

Càd : Quel est le rôle de cet- te association dont vous êtes la prochaine présidente ? A.G. : L’A.N.E.M. regroupe 6 000 communes membres, ainsi que des Départements, des Régions et des intercommunalités, soit un quart du territoire national, et 5 millions d’habitants. Toutes ces collectivités sont en zone montagne, c’est-à-dire à au moins 600 ou 700 m d’altitude selon

Càd : Quel message allez-vous adresser aux deux ministres qui ont annoncé leur venue à Morteau ? A.G. : Mon message principal sera le suivant : que le gouver- nement veille à ce que perdu- re dans les politiques publiques une approche montagne. Nous sommes en quelque sorte les gardiens du temple montagnard, et surtout les promoteurs des

Annie Genevard, prochaine présidente de l’A.N.E.M.

Couleurs Montagne au congrès des élus La nouvelle radio Couleurs Mon- tagne (fréquence 104.6 F.M.) sera présente tout au long du congrès des élus de montagne à Morteau. Durant les deux jours, un studio sera installé sous le grand chapiteau place de l’Hô- tel de Ville où des tables rondes et des débats seront organisés pour mettre en lumière les pro- blématiques de la montagne qui seront évoquées tout au long du congrès. Interviews et prises de parole émailleront ces deux jours. Couleurs Montagne sera donc au cœur des problématiques de montagne. n

les régions. L’autre particularité de cet- te association est son côté pluraliste, c’est- à-dire que son secré- taire général et son président qui se répartissent les tâches ne sont pas du

problématiques mon- tagne dans les poli- tiques publiques. La montagne a des han- dicaps par rapport aux autres secteurs (accès, infrastructures…), mais elle a aussi des atouts. Ces zones mon-

“La montagne ne peut pas être l’enjeu de clivages politiques.”

même bord politique, la preuve que l’A.N.E.M. traite de sujets qui dépassent les clivages poli- tiques. La montagne ne peut d’ailleurs pas être l’enjeu de cli- vages. L’usage veut que le secré- taire général accède au poste de président au bout de deux ans. En tant que secrétaire géné- rale de l’A.N.E.M., je deviens donc présidente cette année à l’occasion de ce 34 ème congrès national qui se tient à Morteau. Et nous élirons en même temps un nouveau secrétaire général pour me remplacer. Càd : Un hasard que ce congrès se déroule à Mor- teau ? A.G. : Oui, dans le sens où il est organisé tour à tour dans les dif- férents massifs montagneux de France. C’était le tour du Jura cette année. Le massif jurassien avait déjà accueilli le congrès aux Rousses en 1989, à Mal- buisson en 1995, aux Rousses à nouveau en 2003, à Pontarlier en 2010, et donc pour la pre- mière fois à Morteau cette année.

tagneuses sont également une économie à part entière. L’autre message que je souhaite faire passer, notamment au ministre de la Cohésion des territoires, c’est qu’il ne faut surtout pas baisser la garde sur les infra- structures routières, ferroviaires, numériques de nos territoires de montagne. C’est un combat qui n’est jamais gagné et il faut toujours se battre pour main- tenir, sinon développer les infra- structures. Sur ce point, les zones de plaine sont très gâtées. Il s’agit donc de revendiquer une juste équité. Càd : Et auministre de l’Agri- culture ? A.G. : Il sera sans doute inter- pellé par la profession agricole sur l’avenir de la P.A.C., sur la question des prix agricoles. Si les gens de la montagne sont très déterminés et solidaire entre eux, ils savent également rece- voir. Les ministres seront donc bien accueillis, je les rassure ! n Propos recueillis par J.-F.H.

Annie Genevard remplacera Marie-Noëlle Battistel à la tête de l’A.N.E.M. Mme Battis- tel était présidente de l’association depuis deux ans.

Pierre Bretel est délégué général de l’A.N.E.M.

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