Journal C'est à dire 246 - Septembre 2018

M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

Anniversaire Télé Saugeais, une histoire d’ondes positives

De 1978 jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix, un grou- pe de bénévoles a rencontré, caméra au poing, les habitants du Saugeais dans leur vie quotidienne. 40 ans après, l’asso- ciation sort un livre avec une compilation de films. Cultissime !

L e poids des mots, le choc des images. Lorsque Dominique Garing replonge dans les archives de Télé Saugeais, une histoire pas si lointai- ne mais tellement anachronique sau- te au visage. Que dire de ce moment filmé dans la ferme de Monsieur et Madame Péquignet, à Ville-du-Pont, où le couple installé au poêle pousse le yodler de nos montagnes avec mada- me au chant, monsieur à l’accordéon ! À l’époque, Dominique et les autres bénévoles ont à peine 25 ans lorsqu’ils lancent cette télé associative en 1978 alors que l’équipement n’est pas enco- re dans tous les foyers saugets. La caméra encore moins. “Je me souviens de la croûte aux champignons que Madame Péquignet nous avait pré- parée… en plein après-midi après ce tournage” relate Dominique Garing qui, avec d’autres bénévoles, ont créé le premier cinéma itinérant du secteur. Chaque semaine, ils déplaçaient l’écran, les câbles, le magnétoscope, dans un village du Saugeais pour projeter aux habitants un film, puis un documen- taire filmé par les équipes. Cela pou- vait être le comice à Gilley, les 24 Heures des neiges, la rencontre avec un agri-

culteur… “On faisait 120 % d’audien- ce, ironise Dominique. Aux Alliés, on a fait 102 spectateurs pour 85 habitants.” Il en coûtait 25 francs pour 3 séances. Que dire encore de cet instant poilant où lors d’une réunion politique, le mai- re d’Arc-sous-Cicon Jean Léchine inter- pelle le conseiller général et séna- teur Jean Pourchet pour son manque d’investissement dans le dossier “eau potable”. Extrait : “Si je n’étais pas intervenu, jamais nous n’aurions nos 104 000 francs de subventions. Tant que je serai maire, je serai très exigeant avec vous” lâche Jean Léchine dans une vidéo en couleur, applaudi par des Arquillons. Joli moment de télé. Que dire encore de ce portrait de la “Nane”, alias Anne-Marie, connue pour se bala- der dans les rues de Gilley avec son baluchon sur le dos. “On a hésité à la solliciter pour la filmer. Elle a ouvert sa porte et ce fut encore un excellent moment où elle explique le patois sau- get” rappelle Dominique Garing deve- nu producteur et gérant de la société audiovisuelle “Vie des Hauts” à Besan- çon. Que dire encore de ce portrait de Gene- viève Brutillot, restauratrice à l’Hôtel des voyageurs à Gilley (en face de la

Dominique Garing a sauvegardé les films tour- nés entre 1978 et les années quatre-vingt- dix par les bénévoles de Télé Sau- geais. Sur l’écran, Alain Mar- guet lors des municipales de 1985.

Portrait de la “Nane” de Gilley.

gare), qui répond malicieusement à cette question posée par l’intervie- wer de savoir si elle prépare des plats diététiques : “Ici, on n’est pas dans une clinique mais dans un restaurant. Je n’ai jamais travaillé avec un “diété- tique” mais uniquement avec des pro- duits sains !” Culte. Parmi les autres grands moments : 10 jours en septembre 1988 sur la T.V. hertzienne avec 12 heures d’émission par jour sur la 5 ème chaîne (la 5 n’exis- tait pas encore). Des télés locales du Brésil, d’Amérique, de Suisse, du Dane- mark, étaient venues assister à l’évé- nement. Le cloître de l’abbaye fut amé- nagé pour l’occasion en studio. Autre grand moment : un accord avec Fran- ce 3 régional pour diffuser des repor- tages à raison de 15 minutes par mois. Télé Saugeais a cessé au milieu des années quatre-vingt-dix, faute d’ar- gent. “Peut-être avons-nous commencé trop tôt. Si nous avions pu faire le joint avec Internet, cela aurait pu fonction- ner mais nous n’avons pas trouvé le moyen d’émettre.” L’association - qui n’a pas été dissoute - possède une mine d’or avec ses cassettes numérisées et donc sauvées. Que fera-t-elle de ces heures de tournage ? Les bénévoles promettent une surprise… n E.Ch.

Monsieur Péquignet et un moment culte d’accordéon puis de yodler vers Ville- du-Pont.

Reportage dans une usine des Gras.

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