Journal C'est à dire 246 - Septembre 2018

V A L D E M O R T E A U

Portes ouvertes sur le village aux 1 000 outils Les Gras Soucieuse de préserver l’histoire du village qui fut jadis la capitale mondiale de l’outillage horloger, l’as- sociation “Tchi lou Gras” organise une journée de découverte de ce patrimoine exceptionnel le 7 octobre.

Les visiteurs pourront découvrir des ateliers d’outillage dans leur jus.

L e visiteur de passage aux Gras serait bien emprunté de trouver aujourd’hui des traces de ce riche passé industrieux. Tout juste consta- terait-il la présence du ruisseau du Théverot qui traverse la par- tie basse du village. À la sortie côté Grand’Combe, le cours d’eau se déverse dans une petite rete- nue alimentant jadis l’usine de fourniture d’horlogerie construite à la fin du XIX ème siècle par Armand Dornier en association avec Ernest Four- nier et Louis Garnache-Chiquet. “Bien avant l’arrivée de l’élec- tricité et de l’horlogerie, les eaux du Théverot ont fait tourner des moulins, des forges à martinets, des scieries. La fabrication d’ou-

re la mutation industrieuse du village : l’atelier se dissocie de la ferme, le paysan devient ouvrier, artisan… “L’activité est à son apogée au début du XX ème avec plus de 70 ateliers recen-

pour la première fois, tous s’at- tendaient à voir une grande vil- le industrielle et ne manquaient donc pas de s’étonner en décou- vrant ce village-atelier. La wat- ch-valley avant l’heure” , explique Jean-Louis Guyonneau qui pré- side l’association. L’encaisse- ment du village ne favorise guè- re le développement de certains ateliers. Ce qui va initier de belles sagas industrielles com- me celles des Amyot qui quit- teront Les Gras en 1976 pour se spécialiser dans la fabrica- tion de mandrins à Pontarlier, ou les Garnache-Chiquet qui iront s’installer à Arbois en 1935. La dynamique industrielle va subir l’impact des deux guerres mondiales, fatales à plusieurs ateliers. Puis ce sera la crise hor-

tils aratoires aux Gras remonte au XVI ème ” , explique Élisabe- th Bonnet de l’association “Tchi lou Gras” fondée en 2015 pour promouvoir et maintenir la mémoire du passé artisanal des Gras.

logère des années soixante-dix. Il subsiste encore des vestiges de cette prospérité si spécifique : des ateliers, des outils, des machines, des documents écrits. “C’est bien tout ce patrimoine que nous souhaitons entrete- nir, faire connaître et perdurer” , explique Jean-Louis Guyonneau. En août 2007, l’association des “Tchi lou Gras” avait participé à une première découverte du village initiée par Yves Droz en partenariat avec l’association franco-suisse “ À pas contés.” “On a aussi participé pour la

sés dans une commu- ne qui compte 1 140 habitants contre un peu plus de 800 actuel- lement.” Les artisans des Gras sont particulièrement

partie outillage à l’exposition estivale du château Pertusier intitulée “Les horlogers du Val de Morteau de 1700 à 2000” dont Yves Droz était le commissaire.” L’association des “Tchi lou Gras” reprend donc à son compte l’opé- ration portes ouvertes qui se tiendra le 7 octobre. Les visi- teurs seront accueillis sur la pla- ce centrale du village. Ils pour- ront découvrir un atelier aux Gras et deux autres aux Saules. À voir. n

Avec l’énergie, le vil- lage dispose donc d’un véritable savoir-faire dans le travail du bois et des métaux. L’ac- tivité horlogère va

“Une watch- valley avant l’heure.”

ingénieux. Impossible de lister toutes la diversité des produits qui sortent des ateliers. Tours, burins, forêts, chalumeaux, tour- nevis, pinces, brucelles, poin- çons, fraises… Le Made in Les Gras s’exporte dans le monde entier. “Quand de riches clients américains venaient aux Gras

trouver aux Gras un terreau pro- pice à la création d’outils desti- nés aux horlogers mais aussi aux bijoutiers, lunetiers, vitriers, dentistes, médecins… C’est l’époque des fermes-ateliers qu’on retrouve aux Gras et dans les hameaux alentour. L’arrivée de l’électricité va accélérer enco-

F.C.

Morteau

Le lycée Edgar-Faure profite de la réforme du D.M.A.

Le diplôme des métiers d’art (D.M.A.) forme des horlogers de renom. Il vit une transformation et s’ouvre désormais aux bijoutiers.

d’horlogerie ou de bijouterie dans leur cursus. C’est une façon d’ap- porter de la mixité avec des élèves qui viendront de filières scien- tifiques, d’autres plus techniques” poursuit Sophie Labre. Sur les 32 élèves du D.M.N.A.D.E. horlogerie et bijou- terie, 23 sont des filles, 9 des

L a rentrée a sonné dans les couloirs du lycée Edgar-Faure à Morteau. À l’atelier horlogerie, arts appliqués, ou construction, l’établissement ne pousse pas les murs mais s’adapte. Depuis la rentrée de septembre s’est ouverte une section bijouterie avec l’arrivée de 15 nouveaux élèves formés sur une période de trois ans post-Bac. Jusque- là, seul le C.A.P. bijouterie était délivré depuis 2009. “C’est une vraie chance pour le lycée, pour la ville, que le lycée ait été choi- si pour accueillir une section en bijouterie en Diplôme national des métiers d’arts et du design dont il ne disposait pas aupa- ravant” commente Sophie Labre, proviseure. Quand d’autres établissements sont contraints de fermer des sections, Morteau en ouvre une. Une preuve du savoir-faire de l’établissement qui forme les créateurs horlogers de demain et désormais les bijoutiers. Cet- te formation Bac + 3 de bijou- terie remplace l’ancien D.M.A. qui devient diplôme national des métiers d’art et du design (D.M.N.A.D.E.) dans le cadre une réforme voulue par le minis- tère. Les horlogers sont concer- nés par cette réforme : ils ne

seront plus formés sur deux mais trois ans. Cela concerne 34 étu- diants, une moitié en “horlo”, l’autre en bijouterie. 25 autres lycéens sont inscrits en B.T.S.

garçons. Les places sont chères : 151 vœux dans le cadre de Par- coursup ont été émis pour l’horlogerie, 108 pour l’horlogerie. Par-

Une formation sur trois ans et non plus deux.

Les 14 horlogers de la session 2017-2018 D.M.A. terminent quant à eux leur

année et ne seront pas concer- nés par la réforme où trois ans d’apprentissage deviennent nécessaires. “La réforme permet notamment d’ouvrir ce diplôme à des élèves qui n’ont jamais fait

mi les heureux candidats, des élèves viennent de Haute-Savoie, de la Sarthe, de l’Oise, de la région parisienne, de la Bre- tagne, et de l’académie. n E.Ch.

Sophie Labre, proviseure du lycée Edgar-Faure à Morteau.

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