Journal C'est à dire 245 - Août 2018

D O S S I E R

Travaux

“Rien n’est irréversible” Cinq questions à Jean-Noël Resch, hydrogéologue au S.M.M.A.H.D. Zoom

“Une solution d’attente qui ne règle rien !” Pour le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises, il faut connaître le devenir des eaux perdues avant de travailler dans le lit de la rivière. L’effet pourrait même être contre-productif.

de création d’un canal pour un coût estimé à 20 millions d’euros dans l’ancien lit du Doubs (des études vont avoir lieu), “il faut s’assurer de son efficacité et ne pas être confronté à d’autres pertes à proximité car toute la zone depuis Pontarlier est poreuse” poursuit le collectif. Ces pertes ne doivent pas faire oublier l’état catastrophique du Doubs à cet endroit puisque la rivière était orpheline de truites en raison d’une eau trop chaude. Un inventaire piscicole mené par la fédération de pêche du Doubs en octobre 2015 avait conduit à comptabiliser une seule truite sur 170 mètres de linéaire ! Fau- dra-t-il s’habituer à l’ave- nir que le Doubs dispa- raisse à certains pour réapparaître plus loin comme c’est le cas de l’Ain ? n

C’est à dire : Comment expli- quer ces pertes ? Jean-Noël Resch : Ce phéno-

Càd : Dans quel but ? J.-N.R. : Il s’agit de travaux ponc- tuels et réversibles sur lesquels

l’étude qui nous dira ce qu’il faut faire. Il s’agira sans doute d’in- tervenir sur la morphologie du lit qui semble beaucoup trop lar- ge en période d’étiage. Càd : Les travaux sur le Dru- geon ont porté leurs fruits ? J.-N.R. : Oui, la situation s’est beaucoup améliorée. Ce n’est pas parfait bien sûr mais cela montre aussi que rien n’est irréversible. n

mène n’est pas nouveau. Les dernières crues ont modifié les mouvements hydrologiques de la riviè- re et aujourd’hui l’impact est très fort avec de grosses mortalités pis-

on peut tout à fait reve- nir et absolument pas de bouchage de failles. Ces interventions évitent que l’intégralité du débit à l’étiage parte dans ces failles.

“On a tous besoin les

À l’inverse de l’eau, beau- coup d’encre a coulé sur l’assèchement du Doubs entre Arçon et le défilé d’Entre- roches, soit près de 15 km. Les pertes se situent à Maisons-du- Bois, juste en amont du barra- ge à l’entrée du village. On est plus de 5 kilomètres en aval des pertes d’Arçon qui alimentent pour partie les sources de la Loue. Le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises apporte son analyse. Il a mobilisé un géologue et un spéléologue qui ont déjà parcou- ru une infime partie du réseau souterrain au niveau du défilé d’Entreroches pour tenter d’iden- tifier les raisons du problème. Premier point : “Les pertes à l’ori- gine de la disparition du Doubs ne sont pas les mêmes que celles anciennes et bien connues qui ali- mentent pour une petite partie la source de la Loue. Les pertes actuelles de Maisons-du-Bois ne sont que la partie émergée de l’iceberg : tout le linéaire du Doubs de Pontarlier aux Brenets est concerné par des pertes signifi- catives” indique Yann Henry, pour l’association. Pour l’association, il est important de savoir où se

dirige cette eau sans quoi les tra- vaux entrepris ne serviront à rien. “Ils pourraient même avoir l’ef-

uns des autres.”

fet inverse : c’est-à-dire que l’on conduise l’eau dans des fonds perdus” indique l’association qui rappelle qu’un spéléo- logue professionnel a pu descendre jusqu’à 80

Le risque : envoyer cette

cicoles. On ne connaît pas enco- re avec précision l’origine de ces pertes : certaines sont naturelles mais il peut aussi y avoir des causes anthropiques liées à l’ur- banisation, à la rectification des cours. Ce sera l’une des objectifs de l’étude de discerner la part naturelle et humaine. Càd : Cette étude qui arrive à point nommé ! J.-N.R. : Effectivement. Il faut savoir que le S.M.M.A.H.D. tra- vaille depuis 18 mois sur cette étude hydromorphologique qui prendra forcément en compte ce phénomène. Elle se concentre de la confluence du Drugeon vers Arçon à la sortie du défilé d’En- treroches. Le bureau d’études n’a pas encore été retenu. On sait que les résultats ne seront pas connus avant deux ans. C’est pourquoi le S.M.M.A.H.D. a pro- posé ces interventions d’urgen- ce.

eau dans des fonds perdus.

Càd : Quels aménagements pourraient être réalisés ? J.-N.R. : C’est l’objet même de

Propos recueillis par F.C.

mètres de profondeur au niveau d’Entreroches. Quant au projet

Assec d’un canyon au niveau de Remonot (photo F. Feret).

Plus une goutte d’eau à Entreroches.

Renseignements : www.soslrc.com

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