Journal C'est à dire 242 - Avril 2018

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

“La fusion permet d’économiser 2 millions de francs chaque année” Val de Travers

Il y a dix ans, les électeurs des neuf communes com- posant aujourd’hui Val de Travers ont largement approu- vé la fusion. Quel bilan peut-on en tirer dix ans après ? Éléments de réponse avec Christian Mermet le prési- dent du conseil communal, équivalent du maire.

ve beaucoup de logements à des prix très attractifs sur la com- mune. Cette offre attire une population qui peine parfois à trouver de l’emploi. Le problè- me du Val de Travers réside aus- si dans la difficulté à retenir sur place des cadres qui travaillent dans la commune mais vivent dans la plaine au bord des lacs. Du fait de notre profil démo- graphique, on manque de recettes sur les personnes phy- siques. Càd : Vous continuez à atti- rer les entreprises ? C.M. : Tout à fait, et c’est aus- si un avantage de la fusion dans le sens où l’on est beaucoup plus réactif qu’avant pour répondre aux demandes des candidats à la recherche de terrain notam- ment. Exemple tout à fait carac- téristique avec la multinatio- nale Celgene spécialisée dans les traitements anticancéreux qui avait fait l’acquisition d’une parcelle de 40 000 m 2 en 2014 à Couvet où elle termine la construction d’un nouveau site de production. Le chantier mobi- lise 240 travailleurs. L’entre- prise est assez discrète pour com-

au niveau de l’assainissement dont le coût s’élève à 8,5 millions de francs. Càd : Qu’en est-il de l’identi- té au territoire ? C.M. : On fonctionne comme dans une grande famille. L’iden- tité générale s’est renforcée et l’identité de chaque village est toujours très forte. La commu- ne Val de Travers est restée attentive à soutenir les asso- ciations dans chaque localité. La commune issue de la fusion pèse davantage quand il s’agit de défendre nos intérêts au niveau du canton de Neuchâtel voire de la Confédération. Càd : Que représente aujour- d’hui Val de Travers sur le plan démographique, éco- nomique ? C.M. : Val de Travers compte environ 12 000 habitants pour 4 430 emplois en sachant que beaucoup de ces postes sont occu- pés par des travailleurs qui ne vivent pas sur la commune. Il faut faire attention à certains indicateurs car sur le plan du chômage, on n’est pas au niveau le plus bas du canton. On trou-

C’ est à dire : Ce dixième anniversaire a-t-il fait l’objet d’une célébra- tion particulière ? Christian Mermet : C’est plu- tôt devenu un rendez-vous popu- laire au cours duquel on nom- me un citoyen d’honneur. On en profite pour inaugurer la cuvée d’absinthe qui nous accompa- gnera tout au long de l’année en cours. On commande 300 bou- teilles avec une nouvelle éti- quette. Le choix se fait à par- tir d’une dégustation à l’aveugle entre des échantillons fournis tenue dans les locaux du Ser- vice de la sécurité publique. On y trouve la protection civile, la prévention incendie, la sécurité de proximité ainsi que les ambu- lances et les pompiers. La com- mune organise cette petite fête en collaboration avec des com- munautés issues de l’immigra- tion. Il s’agissait en l’occurren- ce de l’association Africana qui s’est chargée du buffet et de l’ani- mation. Suite à cette votation, la commune Val de Travers est entrée en fonction le 1er janvier 2009. On célébrera aussi le dixiè- me anniversaire de la naissan- ce officielle de la commune. Càd : Avec 10 ans de recul, cette fusion a-t-elle porté ses fruits ? par onze distillateurs. On ne sait jamais le nom du producteur. On accueille les habitants toujours dans un endroit différent assez emblématique. Cette année, la rencontre s’est

C.M. : Le point de référence est le contrat de fusion qui défi- nissait les objectifs. Certains sont atteints, pas tous. Globalement, cette fusion est admise par l’en- tier de la population comme quelque chose qui fonctionne bien. Elle apporte un nouvel élan. Càd : Quelles sont les prin- cipales avancées ? C.M. : Cela a permis de faire des économies d’échelle appréciables. On économise pratiquement 2 millions de francs par an de charges de fonctionnement. La fortune de la commune s’est Val de Travers mobilise moins de salariés qu’avant la fusion. Càd : Et sur le plan fiscal ? C.M. : On est plutôt dans une évolution à la baisse avec des variations suivant les anciennes communes. La fusion a servi à uniformiser les prix de l’eau, de l’électricité. Quand on doit choi- sir entre deux taxes, on s’aligne toujours sur la plus basse. On a également pu réaliser de grands projets. Càd : Lesquels ? C.M. : Je pense au réseau de chauffage à distance installé à Couvet, aux travaux de sécuri- sation de traversée de villages, à la rénovation du collège de Fleurier et aux travaux engagés accrue en 10 ans. On est aussi beaucoup plus efficace dans l’entretien du patrimoine public. Autre point positif, on a supprimé toutes les structures intercom- munales. La commune

“Globalement, cette fusion est admise par l’entier de la population comme quelque chose qui fonctionne bien”, observe Christian Mermet.

“On fonctionne comme dans une grande famille.”

muniquer mais il est prévu que cette implantation génère 150 emplois. L’arrivée d’une entre- prise relevant du secteur phar- maceutique permet aussi de diversifier une économie plutôt axée sur l’horlogerie. Sur le plan de la fiscalité professionnelle,

on a eu deux années de vaches maigres en 2016 et 2017 en subissant la baisse d’activité horlogère, d’où l’intérêt de la diversification pour lisser les effets de crise par branche. n Propos recueillis par F.C.

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Lassés d’être traités de profiteurs, les frontaliers via le G.T.E. mènent une campagne publicitaire dans la région de Genève et en Haute-Savoie. Pas encore dans le Haut-Doubs. “J’ai une double vie, ça vous choque ?”

P arce qu’ils “gagnent” de l’argent en Suisse, les frontaliers devraient-ils supporter les attaques et les critiques qui se multiplient contre eux ? Non, selon le Grou- pement transfrontalier euro-

péen (G.T.E.) qui a lancé à Genève et dans les villes de Haute-Savoie comme Anne- masse une riposte médiatique face à une pression grandis- sante. Sur les murs des villes, ce slogan est placardé : “J’ai

une double vie, ça vous heur- te ? Je suis trans, ça vous choque ?” Rien n’est prévu dans le Haut- Doubs où la tension dans les entreprises du canton de Vaud ou Neuchâtel serait moins for- te qu’à Genève. Pollution chô- mage, embouteillage, les fron- taliers en ont marre qu’on leur colle tout cela sur le dos. Une manière de revendiquer sa dif- férence et d’exiger le respect. Le G.T.E. espère une prise de conscience sur la précarisation et la stigmatisation des fron- taliers d’autant qu’ils sont pris pour cible, notamment par les partis populistes. Mais l’agence de publicité n’a- t-elle pas tiré elle-même une balle dans le pied des fronta- liers ? Pour combattre la “fron- talièrophobie”, elle aurait été mieux inspirée de bâtir une mosaïque de visages et de métiers qui rendent la vie dou- ce aux Suisses. Les autochtones râleurs seraient-ils bien cer- tains d’être correctement pris en charge dans les hôpitaux genevois si les Français n’étaient pas brancardiers ou infirmières ? Car formulée par un anonyme, que tout le mon- de aura identifié comme étant français, la question “Je suis trans, ça vous choque ?” ren- voie à l’arrogance dont nous (les Français) sommes parfois si fiers : “Je vous suis différent, et vous n’avez qu’à m’accep-

ter tel que je suis. Il vous revient de vous adapter à moi, et non le contraire ! Ne comptez pas sur moi pour m’expliquer !” Entre voisins, il faut se par- ler… n Une campagne de publicité interprétée différemment selon le côté de la frontière où on se place.

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