Journal C'est à dire 241 - Mars 2018

D O S S I E R

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“La table nous a permis de nous faire connaître avant la pêche” Goumois Goumois a compté jusqu’à sept hôtels, pour deux seulement aujourd’hui. L’hôtel- restaurant Taillard, labellisé Relais Saint-Pierre, est la plus ancienne maison.

La famille Taillard a rouvert fin mars l’établissement du même nom, une institution à Goumois. Dans ses archives, l’hôtel a gardé quelques pépites comme ce pêcheur sous le Rocher du singe.

D errière l’hôtel-restau- rant Taillard fondé en 1875, une source d’eau froide alimente une fontaine permettant aux pêcheurs d’y déposer leurs vifs.

À vrai dire, ils sont rares à l’uti- liser. Idem pour l’offre “pro- motionnelle” spéciale pêcheurs : dans le cadre de sa labellisation “Relais Saint-Pierre”, l’hôtel concède une ristourne sur la

nuit d’hébergement à qui vien- drait taquiner la truite. Il y a même l’endroit pour sécher son matériel, ranger ses cannes, et un réfrigérateur pour pré- server les vers de terre. “La pêche est une part de notre clien- tèle mais les séjours se font de plus en plus courts. Je pense que l’on souffre encore dans le Doubs

venus pour la pêche. “Lorsque mon père a obtenu son macaron Michelin, on peut dire que c’est la table qui nous a fait connaître, avant la pêche. De 1960 à 2000, les séjours de pêche fonction-

d’un manque d’iden- tité pour cette activité” indique le responsable de l’établissement Jean-François Taillard. Vous l’avez compris :

naient bien avant que nous nous fassions dépasser par les pays comme la Slovénie, l’Au- triche… Eux font ce que nous faisions il y a 50

12 salariés au plus fort de la saison.

l’activité, même si elle est un formidable levier économique, ne fait pas le chiffre d’affaires de l’établissement qui a rouvert fin mars. L’hôtel dispose de 20 chambres dont 4 suites. Beaucoup de tou- ristes s’arrêtent ici : cela repré- sente 60 % de la clientèle pour l’hôtel mais ils sont peu à être

ans : aleviner la rivière en truites” indique le restaurateur. Son père Henri a créé l’asso- ciation “La Franco-Suisse” et notamment permis d’offrir davantage de linéaires de ber- ge aux pêcheurs. “ On ne com- prend en revanche pas qu’il faille plusieurs cartes de pêche pour pêcher dans le Doubs ou le Des-

L’établissement qui a investi dans un jacuzzi se dit “optimiste” pour cette nouvelle saison tou- ristique. 12 personnes travaillent ici au plus fort de la saison. n

soubre. Cela ne facilite pas les choses pour le touriste” concède le professionnel qui vend des cartes de pêche et propose les services d’un guide.

Pêcheurs sur le Doubs (archive Hôtel Taillard).

Goumois

L’hôtel-restaurant tenu par la famille Choulet fut le rendez-vous préféré des pêcheurs à la mouche durant près de 50 ans. Le fils a rouvert le site en 2017. Les clients (fidèles) reviennent ! La légende de la pêche à la mouche revit au Moulin du Plain !

Françoise et Christophe Choulet, frère et sœur, font revivre le Moulin du Plain depuis 2017.

L es pêcheurs à la mouche du monde entier venaient au “Moulin” comme en pèlerinage. Une forme de rituel où certains

ont réalisé de magnifiques pêches et d’autres s’y sont cassé les dents. La truite autochtone de Goumois a fait couler beaucoup d’encre et permis à l’hôtel du

Moulin du Plain de forger ses lettres de noblesse. C’est Pierre Choulet en 1961 qui a mesuré le potentiel de cette pêche sportive en réhabilitant

la ferme en gîte : “Mes parents ont reçu une association de pêche à la mouche. Ils ont adoré et ont dit à mon père qu’il fallait créer

un parcours mouche. Il a été un des premiers à y croire” se sou- viennent Christophe et Fran- çoise Choulet, les enfants. Ils ont rouvert le Moulin du Plain en 2017, fermé après le décès de Thomas en 2013, le frère qui dirigeait l’établissement). Pier- re, le papa, est décédé un an plus tôt (2012). Christophe, un peu comme le sauveur, a relancé l’his- toire : “Les clients reviennent. Le bilan est encourageant après une année, c’est même mieux que ce

ne fêtait pas le 14 juillet ici mais le 24 juillet (fête des Belges). On jouait avec les enfants qui revien- nent aujourd’hui” se remémore Christophe. Les journalistes du monde entier spécialisés ont fait des reportages ici. L’un d’eux avait même ramené un saumon (congelé) pour prendre une pho- to ici afin d’avoir le cadre “natu- rel” témoigne le chef de maison. Des clients sont même restés jusqu’à deux mois ici ! En revanche, l’époque où il y avait

qu’on attendait” dit-il. Pêche réservée aux ini- tiés à ses débuts, le Moulin du Plain reçoit des barons : “C’était un peu comme le golf à ses

un pêcheur tous les 10 mètres est révolue. “Preuve d’une diminu- tion. Mes parents pou- vaient faire un planning d’une année sur l’autre.

Complet d’une année sur l’autre.

Photos d’époque avec Thomas Choulet (en bas à gauche), le fils décédé en 2013, compi- lées dans le livre “Moulin du Plain, contes et légendes”.

C’est aujourd’hui terminé” rap- pelle Christophe. Le site attend le soleil. Le Moulin “tourne” 7 jours sur 7 avec une dizaine d’employés. Chaque année, la famille a adressé ses vœux à leurs clients fidèles. Beaucoup ont répondu qu’ils revien- draient… n

débuts : la pêche intéressait la vieille noblesse. On se souvient d’un vicomte qui venait avec ses servants dans notre hôtel modes- te. Tous avaient la même pas- sion et se mélangeaient.” L’ac- cueil (familial) a fait le reste. Belges,Anglais, Hollandais, Japo- nais, Américains, ont posé leur valise et leurs cannes ici. “On

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