Journal C'est à dire 241 - Mars 2018

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D O S S I E R

Économie L’économie de la pêche retrouve des couleurs Affaiblie par les épisodes de mortalité piscicole de 2014, la fréquentation des rivières du Haut-Doubs par les touristes est repartie à la hausse. Les pou- voirs publics relancent la promotion du tourisme “pêche”.

A près les tristes épi- sodes de mortalité sur- venues en 2014 sur les rivières du Doubs, et notamment la Loue et le Des- soubre, le nombre de cartes de pêche délivrés aux gens de pas- sage avait brutalement chuté, passant de 7 595 cartes en 2013 à 6 319 l’année d’après. C’est cette même année, hasard du calendrier, que le Comité dépar- temental du Tourisme du Doubs (C.D.T. 25) avait lancé une gran- de opération de promotion de la pêche dans le Doubs, notam- ment à destination de la pres- se spécialisée nationale. “Pas de chance pour nous” reconnaît Audrey Tartaroli, animatrice du label Relais Saint-Pierre au C.D.T. du Doubs. Heureusement, après cet épi- sode malheureux de 2014 et la fermeture temporaire de plu-

sieurs rivières, le nombre de cartes touristiques est reparti à la hausse, pour atteindre les 9 102 l’an dernier, prouvant ain- si que, malgré les aléas du cli- mat des pollutions épisodiques, les touristes reviennent au bord de nos rivières.

s’engagent sur 5 ans, moyennant aussi une petite cotisation com- prise entre 180 et 300 euros pour ces 5 ans. Une brochure spécia- lement dédiée à ces Relais Saint- Pierre va être éditée fin avril par nos services” commente Audrey

Tartaroli. “On y retrou- vera tous les héberge- ments labellisés Relais Saint-Pierre ainsi que les informations concer- nant la pêche dans le Doubs : différentes tech-

Garantir aux pêcheurs les

Signe des temps, le label “Relais Saint-Pier- re” qui avait été lan- cé par Pierre Choulet, propriétaire du Mou- lin du Plain à Goumois,

meilleures conditions d’accueil.

Les promoteurs du tourisme dans le Doubs misent à nouveau sur la pêche (photo L. Daniel - C.D.T. 25).

dans les années quatre-vingt et qui était tombé en désuétude, a été relancé il y a trois ans par le Comité départemental du tou- risme. “Il y a désormais 19 struc- tures d’hébergement qui ont été labellisées “Relais Saint-Pierre”. Et ce ne sont pas que des hôtels, il y a également des chambres d’hôtes, des meublés de touris- me, des villages-vacances qui

riste pêcheur qui trouvera dans chaque établissement labellisé un local de stockage et de sécha- ge de son équipement, un vivier ou lieu pour conserver les appâts vivants, un kit de petites répa- rations, des paniers-repas sur demande pour lui permettre de taquiner le poisson en toute liberté, des petits-déjeuners pour les “lève-tôt” ou des en-cas “tar-

difs”, “et toute l’information sur l’état des rivières ou l’obten- tion de la carte de pêche” com- plète le C.D.T. Afin de relancer la promotion du tourisme pêche, le C.D.T. a même créé un mini-site dédié à la pêche sur lequel le visiteur trouve toute l’information pêche : réglementation, ouvertures de la pêche, liste des guides de pêche… et la liste des héberge- ments labellisés Relais Saint- Pierre (www.doubs.travel/peche). Plus récemment, le C.D.T. a orga- nisé une réunion de formation et d’information avec l’ensemble des offices de tourisme du dépar-

tement animée par la fédéra- tion de départementale de pêche et Doubs Tourisme. “Elle avait pour objectif de sensibiliser les professionnels du tourisme et conseillers en séjour en lien direct avec les visiteurs au tourisme pêche.” Dans le Doubs, après quelques années de déclin et de régression, on mise à nouveau sur le tourisme pêche et on veut prouver aux touristes potentiels qu’avec environ 2 000 km de cours d’eau et pas moins de 700 hectares de lacs, le Doubs est un vrai “hot spot” de pêche. n J.-F.H.

niques selon les rivières, caté- gories, types de poissons, régle- mentation, hébergements de qua- lité…” ajoute la spécialiste. La démarche de labellisation vise à garantir aux pêcheurs les meilleures conditions d’accueil et d’hébergement dans les éta- blissements sélectionnés. Il garantit un accueil de qualité conforme aux attentes du tou-

Commerce L’unique détaillant de pêche du Val de Morteau fidèle au poste Il n’y a plus qu’un magasin de pêche dans le Val de Morteau. Après deux saisons compliquées liées aux conditions météo notamment, Christophe Garcia comp- te beaucoup sur la première partie de saison.

Glère Ils vivent de la vente des mouches

S itué à quelques mètres du Doubs, l’atelier “Les mouches de Glère” tour- ne à plein régime. Conçues par Martine Sanchez, conseillée par son mari Philippe Baier (alias le Père-Noël) qui maîtrise sur le bout des doigts la pêche, les mouches fabriquées artisana- lement font un carton. “C’est l’activité principale de ma fem- me depuis une dizaine d’années, explique Philippe. Des personnes font jusqu’à 700 km pour venir nous en acheter et discuter. Nous avons des semaines de retard dans nos commandes. Tout est artisanal ici et on conçoit chaque

mouche en fonction de l’endroit où pêcher. Celle qui fonction- nera dans le Dessoubre ne fonc- tionnera pas à Goumois” indique le magasin. Les mouches sont trois fois plus coûteuses que la concurrence car elles sont fabriquées arti- sanalement. Ce qui ne refroi- dit pas les acheteurs. Le pro- fessionnel regrette “que les élus ne mesurent pas le poids éco- nomique de la pêche. Ils igno- rent que des milliers de per- sonnes (Italiens, Belges) vien- nent pour pêcher ici malgré qu’il n’y ait pas de couchage, moins de restaurants…” n

D epuis que le magasin Le Sauvaginier tenu par les époux Péde- zert a plié les gaules en février 2011, ne reste à Mor- teau plus qu’un seul profes-

de pêche moderne et notam- ment celle du carnassier, il a fidélisé une clientèle et réussi à attirer des plus jeunes. Avec son accent du sud, il a dû prou- ver qu’il connaissait la pêche

Christophe Garcia, responsable du magasin C.G. pêche à Morteau, mise sur les conseils.

le professionnel, spécialiste de la pêche au carnassier. Les mois de mars et avril font partie de ces mois importants pour son entreprise : “Ce sont des semaines à ne pas manquer, jusqu’à Pâques. La truite, c’est ce qui lance ma saison !” indique Christophe. Depuis cette année, il vend des cartes de pêche aux adhérents. Un moyen de plus pour attirer des clients qui n’au- raient pas forcément franchi le pas de la porte. Les saisons 2017 et 2016 ont été compliquées pour le com- merce : “Il y a eu les sécheresses puis beaucoup d’eau en 2016 où jusqu’à la fin du printemps, il était difficile de pêcher. Ceci dit, je suis dans mes prévisionnels. 2018 semble en tout cas mieux démarrer” évoque le commer- çant. Depuis l’ouverture, les pêcheurs se réveillent. Le traditionnel achat de la boîte de vers de ter- re est aujourd’hui largement dépassé par la vente de pois- sons-nageurs et de cannes spé- ciale lancer. Les techniques de pêche ont évolué. Les menta- lités avec. “C’est une pêche rapi-

de, fun. En quelques minutes, vous pouvez sortir votre canne et pêcher” poursuit le commer- çant. Quentin, Mortuacien originai- re de L’Isle-sur-la-Sorgue (dans le sud de la France) pêche le Doubs et le Dessoubre. Il a fran- chi le pas de porte de l’enseigne pour faire le plein de poissons nageurs au magasin avant l’ou- verture : “On a toujours nos pré- férés… J’utilise ceux entre 7 et 11 euros et quand je suis vrai- ment sûr de ne pas m’accrocher dans un arbre, j’utilise les plus chers. En même temps, il n’y a pas toujours de règles” dit avec le sourire le jeune pêcheur qui relâche le poisson qu’il prend. Un autre est venu acheter une canne et un moulinet qu’il a offert à son neveu pour l’ou- verture. “Je viens ici à Morteau car si j’ai un problème sur ma canne, je peux compter sur le service après-vente.” Un argu- ment supplémentaire pour ce commerce qui fait face depuis peu à la concurrence d’une gran- de surface mortuacienne. Rien ne vaut les conseils des pros. n E.Ch.

sionnel du monde de la pêche avec l’enseigne “C.G. pêche”, située 3, avenue Charles de Gaulle. Comme beau- coup de gérants, Chris- tophe Garcia est

du Haut-Doubs. Mission accomplie : “Dès que je peux, je vais au bord de l’eau, c’est normal. J’ai ren- du des services : les clients s’en souviennent, explique le gérant, qui mise sur la

“2018 semble mieux démarrer.”

pêcheur, amoureux des rivières. Il a repris en avril 2013 le maga- sin de pêche et racheté le fonds de commerce en avril 2017. Compétent sur les techniques

proximité. Aujourd’hui, j’ai une clientèle de personnes fidèles et à partir du mois de juin, j’ai des touristes. Quelques Suisses vien- nent aussi jusqu’ici” rapporte

Pêcheurs venus faire le plein de matériel à Morteau avant l’ouverture.

Les mouches sont vendues à l’atelier ou dans les magasins de pêche ou les hôtels.

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