Journal C'est à dire 239 - Janvier 2018

V A L D E M O R T E A U

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La forêt à l’origine des sécheresses et des pollutions du Haut-Doubs ? Environnement La forêt a grandi de 84 000 hectares en 110 ans et le débit du Doubs a perdu 9 m 3 par seconde à son exutoire révèle Jean-François Bonvallot, ingénieur spécia- liste des questions de traitement des eaux. Il livre une analyse inédite et étayée.

S i l’arbre cache la forêt, il peut faire de l’ombre à nos rivières. En sub- stance, voilà la conclu- sion tirée par Jean-François Bon- vallot, ingénieur retraité qui a exercé dans de nombreux ser- vices, tous traitant d’exploita- tion des eaux usées et des rivières. La surface forestière n’a, dans le Doubs, jamais été Zoom Évolution des surfaces de forêt dans le Doubs 1878 : 135 125 hectares 1908 : 151 389 hectares 1948 : 173 117 hectares 1961 : 195 470 hectares 1972 : 210 350 hectares 1982 : 214 600 hectares 2016 : 235 500 hectares (estimation) Chiffres tirés des inventaires forestiers départementaux

aussi importante (voir le zoom). Un fait qui pourrait expliquer les périodes d’étiage toujours plus grandes et des nappes phréatiques sans cesse dans le rouge. L’arbre est consom- mateur d’eau, de 23 % supérieur à la prairie. L’ingénieur retraité, amoureux de la pêche à la truite, prend son bâton de pèlerin pour expliquer que les soucis des rivières ont deux causes agissant simulta- nément : la pollution et le manque d’eau. La tâche, Jean- François Bonvallot le concède, sera ardue : “C’est hautement politique car la forêt et la plan- tation d’arbres bénéficient d’avan- tages (notamment fiscaux) qu’il sera difficile de réduire.” Dans

plifient. Les autorités censées sauvegarder ce patrimoine si sin- gulier ne trouvent ni même ne suggèrent ou n’envisagent aucun remède aux difficultés qui affec- tent régulièrement nos cours d’eau et affirment seulement que les lois et règles sont respectées notamment pour les stations de traitement des eaux. La pollu- tion et le manque d’eau ont pour effet résultant les dégradations relevées sur toutes les rivières de Franche-Comté. D’aucuns disent que c’est le changement clima- tique qui réduit les précipita- tions, ce qui n’est pas avéré car la pluviométrie moyenne sur notre Région a tendance suivant les spécialistes, à augmenter. Or, ce qui abaisse le débit de nos

Même si le Doubs a largement débordé à Morteau début janvier, le scientifique Jean-François Bonvallot estime que la forêt pompe trop d’eau.

tif sur le CO2.” Selon Jean-Fran- çois Bonvallot, le Haut-Doubs et l’arrondissement de Besan- çon doivent s’entendre : “Il fau- drait créer un barrage sur le Lison pour alimenter en eau potable la population. Il faut que des mesures intelligentes et cou- rageuses soient prises, elles exis- tent, mais le temps presse” conclut le scientifique qui se dit prêt à rencontrer les élus de tous bords pour partager son ana- lyse. n E.Ch.

re (45 % contre 44 %). En presque 110 ans (depuis 1908), la forêt a gagné plus de 84 000 hectares rien que dans le Doubs, soit 16 % de sa surface totale au détriment des prairies, pâturages et des vignes” développe Jean-Fran- çois Bonvallot (lire son calcul). Les experts mondiaux de la forêt et de nombreux scientifiques français affirment tous que la reforestation a souvent des conséquences négatives sur les écoulements et les aquifères. “Je pense qu’il serait temps de

prendre en compte ce paramètre si on veut sauver à la fois l’ali- mentation des hommes et des bêtes en eau (eau potable) et la qualité de nos rivières. Mais qui a entendu un tel discours ? Il est impératif de réagir et de mieux partager l’eau du ciel, si on veut sauver les ressources en eau des plateaux et le débit de nos rivières d’autant que les projets de replan- tation de conifères fleurissent (Boujailles par exemple). Et com- me la forêt vieillit, cela réduit considérablement son effet posi-

son viseur : les aides visant à la replanta- tion. Voici son analyse : “De plus en plus d’eau de pluie est interceptée par

rivières et la puissan- ce des aquifères déjà rares dans notre pays karstique nous crève pourtant les yeux : c’est la forêt et plus préci-

“C’est un sujet hautement politique.”

les forêts en expansion constan- te depuis un siècle et ne rejoint plus les nappes ni les rivières. Depuis la fin des années soixan- te, nos rivières donnent des signes de dégradation visibles qui s’am-

sément, la reforestation des prai- ries abandonnées durant le der- nier siècle. Le Doubs est remar- quable par le fait que sa surfa- ce agricole utile est désormais inférieure à sa surface forestiè-

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