Journal C'est à dire 237 - Novembre 2017

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Le plus grand vivarium-aquarium d’eau douce en Europe Lausanne

mouche et le groupe est rete- nu par la ville. La fondation Aquatis voit le jour en 2007 pour appuyer le pro- jet au plan scientifique, recher- cher des fonds et financer les premières études. Coup de pou- ce du destin en 2009 avec l’im- plication du groupe Boas qui s’engage auprès de la fondation pour réaliser un complexe asso- ciant un hôtel, un centre de conférence et le plus grand aqua- rium d’eau douce en Europe. En 2013, le projet prend encore de l’ampleur en intégrant l’ancien vivarium de Lausanne en diffi- culté. Aquatis s’inscrit aussi dans le programme d’attractivité et de dynamisme de la Ville de Lau- sanne et plus largement du can- ton de Vaud. Déployé sur 3 500 m 2 , le par- cours permanent s’organise autour de cinq biozones et 12 milieux naturels avec, à chaque fois, une scénographie spécifique. Tout au long du parcours, les murs animés déroulent les pages du “grand livre des eaux douces du monde.” Ici, la technologie

Inauguré le 21 octobre dernier, Aquatis convie le visi- teur à une odyssée de l’eau douce à travers les cinq continents. Un regard spectaculaire sur la faune et la flo- re aquatique. Novateur.

systèmes différents, 46 aqua- riums-vivariums-terrariums, 100 reptiles et 10 000 poissons venus des cinq continents offrent un parcours riche et varié sur les deux étages du bâtiment. Grâce aux technologies numé- riques, comme les projections grandeur nature, le parcours de visite, avec ses reptiles, ses amphibiens et ses poissons, s’en- richit de représentations ani- males virtuelles. Aquatis se pré- sente aussi comme un forum où se rencontrent scientifiques, néo- phytes, amateurs et simples curieux. À l’origine du projet, deux scien- tifiques français. Cocorico. Au début des années 2000, Frédé- ric Pitaval, ingénieur français aquacole, débarque en Suisse avec l’envie de réaliser un immense aquarium didactique sur l’eau douce. Il se rapproche alors de Morgane Labous, bio- logiste française de renom puis du muséologue suisse Michel Etter. Le projet qui en découle est finalement présenté à un groupe constitué d’architectes, d’ingénieurs et de l’entreprise de travaux publics Grisoni- Zaugg. Ce consortium intègre alors l’aquarium dans leur répon- se à l’appel d’offres lancé par la Ville de Lausanne en 2005 et qui concerne l’aménagement d’un espace à l’entrée nord de la ville. La proposition fait Et Redel ? L’entreprise a vu le jour en 1986 à Sainte-Croix. Il s’agissait au départ de fabriquer de connecteurs stérilisables à usage médical. Trente ans plus tard, l’activité du site s’est beau- coup diversifiée à l’image du groupe L.E.M.O. Le site de Sain- te-Croix abrite un centre de com- pétences en plasturgie qui conçoit et développe des com- posants, des produits en plas- tique et des moules à injection. On y trouve aussi un centre mécanique pour les outillages du groupe L.E.M.O. “Un autre atelier est dédié à la production de composants métalliques en acier, inox, titane, qui rentrent dans les produits L.E.M.O. Enfin, on est aussi équipé de machines- transferts qui produisent vite et en grande quantité des contacts. Redel, c’est 90 millions de contacts par an.” L’originalité de L.E.M.O. réside dans sa maîtrise totale des pro- duits de la conception à la ven- te. 94 % de la valeur ajoutée est réalisée dans les usines L.E.M.O. “On achète seulement la matiè- re première.” Pas de secret, ce niveau d’intégration est le fruit d’une longue tradition et d’un savoir-faire difficilement expor- table. “On dispose même d’une usine de fabrication de câbles aux États-Unis. On peut vrai- ment parler d’une verticalisa- les centrales nucléaires, les télé- coms ou encore en Formule e, la F1 électrique. On travaille beau- coup avec certains laboratoires de recherche comme le C.E.R.N. à Genève” , énumère rapidement Abraham Ratano.

A quatis appartient à une nouvelle généra- tion d’espaces. Ici, loi- sirs, découvertes et immersions sont combinés à dif-

férentes technologies innovantes et interactives créant des scé- nographies uniques. Quelques chiffres. Près de deux millions de litres d’eau douce, 20 éco-

Le complexe intègre un parking relais au-dessus duquel ont été construits l’hôtel, le centre de conférence et l’aquarium-vivarium (photo F. Guerrera).

teur pénètre. Ces décors déli- mitent les séquences d’Aquatis : tour à tour, on entre dans un glacier, on plonge dans le Léman, on suit le cours du Rhône jus- qu’à son embouchure dans la Méditerranée. L’espace Évolu- tion fait la transition entre les deux niveaux.

Asie “Des eaux, des hommes et des dieux”, Océanie “Si loin, si proche”, Amazonie “Océan vert d’eau douce”…Espace de loisirs, pôle d’éducation à l’environne- ment et plateforme d’échanges entre grand public et scienti- fiques, Aquatis entend sensi- biliser à la préservation de l’eau et de l’environnement. Budget global pour l’aquarium- vivarium : 66 millions de francs suisses. Les tarifs d’entrée à 29 francs suisses pour un adul- te et 19 francs pour un enfant de 5 à 15 ans ont suscité par mal de critiques sur la toile et dans les médias suisses. Malgré tout, 450 000 visiteurs sont attendus la première année puis 380 000 en vitesse de croisière. n F.C.

devient l’outil premier de la médiation péda- gogique, culturelle et scientifique. Aquatis ne se visite pas mais se vit. Dispositifs high-tech,

Prêt pour un bond de 60 millions d’années en arrière et rencontre avec de surprenants dino- saures friands… des poissons. Aquatis s’in-

66 millions de francs suisses.

imageries numériques, sons et lumières, animations graphiques et cinématographiques, mor- phing et graphisme animés, pro- jection intégrale sont à l’œuvre pour offrir une expérience inten- se et sensible. Les décors d’Aqua- tis sont des arches ou portions d’arches minces qui forment des paysages dans lesquels le visi-

téresse par exemple à la sortie de l’eau des vertébrés qui cor- respond à l’évolution des pois- sons et animaux munis de quatre membres. Les espaces se suc- cèdent au fil des continents : Afrique “Entre lacs et déserts”,

L’espace Amazonie comprend une vaste serre tropicale qui reproduit le climat de la forêt amazonienne (photo S. Nemeth).

Info : https://www.aquatis.ch/

Le sur-mesure de la connectique Sainte-Croix Filiale du groupe L.E.M.O. à la pointe des connecteurs haut de gamme, l’entreprise Redel à Sainte-Croix regrou- pe différentes activités qui reflètent toute la diversité des applications d’un groupe particulièrement intégré.

“On est capable de produire des pièces avec une précision au micron”, note directeur de Redel tenant une pièce de moule usinée à ce niveau d’exigence. Abraham Ratano, le

D iscret comme ses connecteurs souvent peu visibles de l’exté- rieur mais au combien nécessaires pour que tout fonc- tionne à l’intérieur, L.E.M.O. figure parmi les leaders mon- diaux de la connectique de poin- te. Fondé en 1946, ce groupe familial dont le siège est situé à Écublens emploie 1 730 col- laborateurs. “On est présent dans 25 pays avec des filiales et des sites de production en Chine, aux États-Unis, en Europe et bien sûr en Suisse” , rappelle Abra- ham Ratano, le directeur de Redel.

L.E.M.O. compte plus de 100 000 clients répartis dans 80 pays. Le groupe se distingue par son savoir-faire haut de gamme et sa capacité d’innovation. “75 000 références dont une à deux nou- velles par jour” , note le direc- teur de Redel. Exemple avec le système de connexions push- pull auto-verrouillable très uti- lisé dans le médical ou le ciné- ma où les actions de montage et démontage sont multiples dans un laps de temps très réduit. “Les caméras H.D. et les studios de télévision utilisent des connec- teurs L.E.M.O. On en trouve dans les radars routiers, les satellites,

tion industrielle très forte.” Derrière ces technologies, on trouve des machines de pointe et une main-d’œuvre particu- lièrement qualifiée et perfor- mante. L’usine de Sainte-Croix emploie 122 collaborateurs dont

fessionnel qualifié, il lui faut six mois ici pour être autonome et 12 mois pour être performant. On dépense beaucoup en for- mation interne. C’est vital. Sinon à quoi bon être à la pointe de la technologie si l’on n’a pas les col- laborateurs adéquats ?” Le directeur souligne qu’il n’a pas de préfé- rence dans la nationa- lité de ses salariés. “Je cherche d’abord des compétences, le reste ne m’inté- resse guère.” Chez Redel, la majorité des cadres sont frontaliers exerçant en Suisse depuis longtemps. C’est qui n’est pas anodin. “Dans l’in- dustrie suisse, les rapports sont complètement différents. La hié- rarchie est très peu marquée. Il y a plus une notion d’impli- quer le personnel à l’améliora- tion constante du produit. On ne cherche pas des exécutants mais des personnes qui nous font

avancer. Ici, chacun est respon- sable de la qualité du produit.” L’avenir chez Redel s’inscrit dans la volonté de renouveler en conti- nu le parc machines. “94 % des connecteurs L.E.M.O. partent à l’export et on produit 80 % en Suisse. Ces investissements machines permettent de rédui- re les coûts de production et de compenser la baisse du taux de change.” De par la diversité de ses champs d’application, L.E.M.O. n’est pas tributaire d’un secteur d’activité. “On res- sent seulement les effets des crises économiques mondiales.” Pas d’inquiétude, donc pour la plus grosse entreprise industrielle de Sainte-Croix qui répond par ailleurs aux normes Qualité I.S.O. 9 001, I.S.O. 14 001 rela- tive à l’environnement et O.H.S.A.S. 18 001 liée à la san- té et sécurité au travail. n

78 % de frontaliers. Plu- sieurs raisons pour expliquer cette densité. “Par rapport à sa taille, la Suisse reste une gran- de puissance économique

78 % des salariés sont frontaliers.

et industrielle qui souffrirait d’une pénurie de collaborateurs sans les étrangers et les fron- taliers. Les métiers techniques ont beaucoup évolué. Aujour- d’hui, un mécanicien doit avoir des capacités intellectuelles. Les personnes titulaires de B.T.S., D.U.T. nous intéressent car si elles n’ont souvent pas la pra- tique mais elles ont un niveau de formation qui leur permet de s’adapter et d’évoluer rapide- ment. Quand on recrute un pro-

L.E.M.O. est l’inventeur du système push-pull auto- verrouillable, appliqué ici sur un connec- teur utilisé dans les fours de centrale nucléaire.

F.C.

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