Journal C'est à dire 236 - Octobre 2017

D O S S I E R

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Maîche “Le Regain”, 40 ans de consommation bio Autrefois marginaux, les partisans d’une alimentation sai- ne, notamment issue de l’agriculture biologique semblent être aujourd’hui dans le vrai aux yeux du grand public. Depuis 40 ans, sur le plateau de Maîche et aux alentours, des familles se sont regroupées et continuent à défendre ce mode de consommation désormais de plus en plus répandu.

C’ est à dire : Comment expliquer cet engouement autour du bio ? Didier Maillotte : Les mentalités évoluent pour différentes raisons. La M.S.A. a pris conscience de l’importance des traitements et de leurs conséquences sur la santé humai- ne. Le rythme des conversions varie en fonc- tion du cours des céréales. On observe aussi avec les fluctuations climatiques des produc- teurs en lait ou viande qui se mettent au bio pour gagner en autonomie alimentaire. Càd : Biocoop, c’est une franchise, un grou- pement d’indépendants ? D.M. : Le modèle Biocoop est assez atypique. Il s’agit d’une coopérative nationale qui s’ap- puie sur un réseau de magasins indépendants. On est tous sociétaires. Chaque structure quel- le que soit sa taille compte pour une voix dans les décisions. Le conseil d’administration com- prend des représentants des producteurs, des consommateurs, des salariés et des proprié- taires de magasins. Tous les acteurs du bio sont donc représentés. Biocoop est toujours en construction de filière, c’est sa grande force. Propriétaire de plusieurs magasins Biocoop (à Besançon), le Mortua- cien d’origine Didier Maillotte explique la réussite de son enseigne par un engagement sans faille au service du bio, rien que du bio. Distribution “Nos priorités sont la gestion, le social, l’écologie”

pour environ 220 personnes concernées. Bruno Patois consta- te que parmi les adhérents figu- rent toujours aujourd’hui les convaincus de longue date com- me lui, mais aussi une nouvelle population de gens d’une qua- rantaine d’années qui prennent conscience des problèmes ali- mentaires, “un domaine où la situation ne cesse de se détériorer comme c’est aussi le cas pour la qualité de l’eau” poursuit cet infa- tigable défenseur de la nature engagé de longue date en tant que militant écologiste indépen- dant. “Aujourd’hui, nous ne cher- chons pas de nouveaux adhérents dans les associations existantes mais nous sommes avec Le Regain tout à fait disposés à accompa- gner la création de nouvelles enti- tés” termine ce citoyen convain- cu qui mieux que quiconque sait que la bataille contre la malbouffe est loin d’être gagnée. n D.A. Bruno Patois préside la fédération Le Regain et milite depuis 40 ans pour une nourriture saine.

Càd : Comment se traduit cette structu- ration de filières ? D.M. : Dans nos Biocoop, on travaille avec une cinquantaine de producteurs et cela représente entre 10 et 15 % du chiffre d’affaires. Rappe- lons qu’en 2007, on était seulement à 8 %. Le seul frein à cette progression est d’ordre climatique. Si on arrivait un jour à 20 % d’ap- provisionnement local, ce serait extraordinaire. Càd : Sur quoi repose la légitimité de Bio- coop ? D.M. : Les engagements pris et appliqués dans les magasins Biocoop respectent un cahier des charges qui porte sur quatre axes : distribu- tion, gestion, social et écologie. Exemple, on s’engage à respecter la saisonnalité des pro- duits en ne vendant pas les légumes dits “rata- touille” de fin octobre à début mars. On sous- crit également des contrats privilégiant l’uti- lisation d’électricité renouvelable. Sur le plan de la gestion, on se fixe un taux de marge à ne pas dépasser. On a décidé, autre exemple, de ne plus vendre d’eau plate en bouteille. Économiquement, ce n’est pas un bon choix mais c’est conforme à nos valeurs. n Propos recueillis par F.C. “On travaille avec une cinquantaine de producteurs locaux. Cela représente 10 à 15 % du chiffre d’affaires”, souligne Didier Maillotte.

P romouvoir la consomma- tion de produits issus de l’agriculture biologique, créer un groupement d’achats de produits biologiques, favoriser la réflexion de ses membres et infor- mer sur les atteintes portées à l’environnement et à ses consé- quences sur l’alimentation, la san- té, la destruction des biotopes et des biocénoses… voilà résumés tels qu’ils le sont dans les statuts officiels les buts de l’association Myosotis basée à Maîche et de la structure qui rassemble plusieurs entités du même type sur le sec- teur, regroupées au sein d’une fédération baptisée Le Regain. Des objectifs bien dans l’air du temps aujourd’hui en 2017. Sauf qu’ici, on n’a pas attendu que la mode verte soit de mise puisque la coopérative est née en 1977 et elle est présidée quasiment depuis sa création par Bruno Patois, un véritable premier de cordée en la matière.

“Déjà à l’époque, nous étions quelques-uns à avoir pris conscien- ce que l’utilisation de produits chimiques dans l’agriculture était nocive pour la santé des consom- mateurs. Nous nous sommes donc naturellement regroupés pour mutualiser nos achats auprès d’une coopérative bio où nous com- mandons depuis aussi bien des produits frais, fruits et légumes notamment, que des produits secs comme du riz ou des pâtes, à chaque fois certifiés biologiques et dont nous privilégions la pro- venance de régions françaises” détaille-t-il. Une époque où l’ap- provisionnement était moins simple qu’aujourd’hui. Après quelques années en som- meil, Le Regain s’est à nouveau développé et a pris le statut de Fédération regroupant mainte- nant des associations de Maîche, Le Russey, Belleherbe, Le Bar- boux, Fournet-Blancheroche et Provenchère. Au total, 80 foyers

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