Journal C'est à dire 236 - Octobre 2017

D O S S I E R

19

AGRICULTURE BIO, MARCHÉS LOCAUX, PRODUCTIONS FERMIÈRES… LE HAUT-DOUBS EN CIRCUITS COURTS

Le bio, les circuits courts, l’agriculture raisonnée, ne sont plus une mode réservée à une minorité de rêveurs ou d’utopistes. Les nouveaux modes de consommation font de plus en plus appel à ces formes de production et de distribution. Les conversions en bio n’ont jamais été aussi nombreuses malgré la baisse annoncée des aides.

À la coopérative des Cerneux-Monnot à Bonnétage, voilà plus de quarante ans qu’on produit du fromage bio.

Franche-Comté

9 % des terres agricoles sont en bio La vague des conversions bio qui déferle aujourd’hui dans la plupart des régions françaises a débuté sur le sol comtois au milieu des années soixante-dix avec la mise en place du comté bio. Le mouvement a évolué au gré des crises agricoles et s’amplifie notablement depuis trois ans.

Dans les marchés locaux, comme ici au Bélieu le mois dernier, le bio fait de plus en plus recette.

Q ue ce soit dans l’affinage lent des comtés qui font aujour- d’hui la renommée de toute la filière ou dans l’accom- pagnement des premières coopératives à comté bio, force est de reconnaître que Marcel Petite a toujours eu une longueur d’avance. Plusieurs de ces coopératives comme à La Chaux-de- Gilley, à Chapelle-des-Bois ou aux Cer- neux-Monnot ont fêté en 2015 ou 2016 leurs 40 ans de conversion au bio. Cer-

taines de ces fruitières n’existent plus. D’autres, dans le Doubs et le Jura, ont également opéré une conversion par- tielle ou totale. “Jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, on peut consi- dérer que 50 % du lait bio comtois par- tait dans la fabrication du comté bio” , estime sans trop se tromper Chris- telle Triboulot, chargée de mission spé- cialisée sur les filières longues à Inter- bio Franche-Comté. La diversification des productions bio en grande cultu-

re, maraîchage, viticulture remonte à la mise en place des Contrat Terri- toriaux d’Exploitation permettant d’ac- céder aux aides à la conversion. “On observe une seconde vague en 2009 et 2010 suite à l’écroulement des cours du lait standard et des céréales conven-

tionnelles” , poursuit celle qui fut long- temps à la tête d’Interbio Franche- Comté. La troisième phase, d’une ampleur sans précédent, est celle que nous vivons actuellement. Amorcée depuis 2015, elle répond à la fois à une deman- de des consommateurs de plus en plus soucieux de s’alimenter sainement si possible en circuit court. Elle cor- respond également à une réaction des producteurs de lait standard fragili- sés par des prix catastrophiques qui saisissent l’opportunité d’aides à la conversion particulièrement attrac- tives. “Ces conversions se font le plus souvent sur la Haute-Saône et dans le nord du Doubs. On espère qu’une par- tie des candidats resteront en bio, à nous de les convaincre et de leur expli- quer l’éthique et les valeurs qui nous animent.” Avant 2015, le rythme des conversions annuelles variait entre 15 et 30 en Franche-Comté. Il a triplé depuis trois ans en nombre comme en surface. 9 % des terres agricoles sont aujourd’hui conduites en bio. “On est de plus en plus sollicité par des producteurs de

lait à comté qui se posent des questions. Ces personnes sont attirées par le cahier des charges bio plus restrictif que celui de l’A.O.P. comté. Cette prise de conscien- ce tombe plutôt bien au moment où les affineurs peinent à répondre à la deman- de en comté bio. C’est le moment ou jamais. Il y a de la place même si la démarche doit être collective car le com- té impose de se mettre à plusieurs pour remplir les cuves. Il est nécessaire aus- si d’être relativement regroupé pour maîtriser les coûts de collecte. Toute conversion impose des contraintes tech- niques auxquelles il faut répondre, cela fait aussi partie des missions d’Inter- bio” ajoute la spécialiste. Cette notion collective s’applique aus- si à la viande où il s’avère vite néces- saire de faire appel à un opérateur en capacité de valoriser les bêtes sur un réseau organisé. “Ici, se pose un problème d’équilibre matières qui bloque certains éleveurs isolés. L’application du label bio répond aux mêmes contraintes techniques, logistiques et commerciales que les productions conventionnelles.” n F.C.

Évolution des surfaces bio en Bourgogne-Franche-Comté entre 2015 et 2016

(Source Agence Bio/O.C. - Agreste)

Made with FlippingBook - Online catalogs