Journal C'est à dire 236 - Octobre 2017

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V A L D E M O R T E A U

Accidentologie Toujours plus de radars, et pas moins de victimes

Depuis 2015, l’accidentologie est à nouveau repartie à la hausse dans le Haut-Doubs. Déjà 70 accidents corporels sur nos routes et 7 morts à déplorer. Les campagnes de prévention et de contrôle s’intensifient.

sur la R.N. 57 entre Étalans et Pontarlier et entre Pontarlier et la Suisse, sur la R.D. 437 entre Mathay et Pontarlier via Maîche, Morteau et Montbenoît, et sur la R.D. 67 B entre La Cluse- et-Mijoux et la Suisse. Le ministre de l’Intérieur vient de confirmer que le gouverne- ment souhaitait confier à des entreprises privées le soin d’ef- fectuer les contrôles radars avec les voitures embarquant les radars mobiles nouvelle géné- ration qui flashent en roulant. La mise en place de cette exter- nalisation sera progressive, le premier marché public concer- ne les 26 véhicules des 5 dépar- tements de la région Norman- die. D’autres marchés publics seront publiés dans les pro- chaines semaines pour les 12 autres régions de métropole, dont la Bourgogne-Franche-Com- té, avec l’objectif que toutes les voitures radars soient confiées au privé d’ici fin 2018. D’après en plus des opérations de contrôles multiples sur un même axe où plusieurs contrôles de gendarmerie peuvent se succé- der à quelques kilomètres d’in- tervalle. Les gens sont surpris, mais ça contribue sans doute à freiner les ardeurs de certains” poursuit le commandant. Les causes d’accident sont connues : la vitesse, en premier, et l’alcool. “La vitesse inadap- tée est la plupart du temps en cause dans les accidents corpo- rels. La deuxième cause, ce sont les conduites addictives et notamment l’alcool et les drogues qui restent la première cause d’accidents mortels (au moins 20 % des cas). Ensuite vient le non-respect des priorités” énu- mère M. Guérin. À côté des conduites addictives que sont l’alcool et la drogue, il y en a désormais une troisième, qu’il est pourtant difficile à comp- tabiliser dans les statistiques : le téléphone portable. “C’est devenu en effet la troisième caté- gorie d’addiction” , sans doute un des facteurs qui explique que l’accidentologie soit repartie à la hausse ces deux dernières années. La particularité géographique du Haut-Doubs ajoute encore aux risques : une circulation dense, des routes parfois sinueuses, une météo capri- cieuse… “Les gens ne roulent pas plus mal dans le Haut- Doubs mais les conditions de circulation ajoutent un risque supplémentaire.” Sur les routes du Haut-Doubs, 70 accidents corporels avaient déjà été comp- tabilisés depuis le début de l’an- née (à fin septembre), causant des blessures pour 84 personnes, dont 44 ont dû être hospitali- sées. Pour tenter d’enrayer le phé-

Les étrangers paient-ils leurs amendes ? Comme sur toutes les routes frontalières et de tran- sit international, les plaques d’immatriculation étran- gères sont nombreuses dans le Haut-Doubs. Que se passe-t-il quand un véhicule se fait flasher ? A lors que les voitures immatriculées à l’étranger représentent à peine 5 % du trafic global en moyenne dans le Doubs, ces étrangers représentent 25 % des contrevenants. C’est-à- dire qu’une voiture flashée sur quatre a une plaque étrangère, suis- se notamment. Les étrangers qui roulent en France ont souvent un certain sentiment d’impunité, tout comme quand les Fran- çais roulent à l’étranger estiment souvent que les amendes ne parviendront pas jusqu’à leur domicile. La préfecture du Doubs précise que dans le but de “lutter contre l’impunité de ces usa- gers lorsqu’ils ne sont pas interceptés par les forces de l’ordre, des accords entre pays peuvent permettre de faciliter l’échange transfrontalier d’informations en matière d’infractions routières. Le but consiste à identifier, puis à poursuivre de tels contreve- nants” note la préfecture. C’est précisément le cas de la Suisse, un pays avec lequel depuis début 2009 les avis de contravention sont adressés au domicile du contrevenant. Collaboration transfrontalière qui explique sans doute pourquoi les bolides immatriculés en Suisse se font de plus en plus rares sur nos routes. Depuis le début de l’année 2017, près de 97 % des détections réalisées dans le Doubs portent sur des excès de vitesse infé- rieurs à 20 km/h au-dessus de la vitesse maximale autorisée. Et “près de 43 % des détections de plaques étrangères effectuées par des radars automatiques du Doubs sont suisses” révèlent les services préfectoraux. Sur l’arrondissement, 31 % des détec- tions ont concerné des immatriculations étrangères. n

S ix personnes avaient perdu la vie sur les routes du Haut-Doubs en 2015, 10 en 2016 et combien cette année ?… Le macabre décompte fait déjà état de 7 morts depuis le début de l’année à l’échelle de l’arron- dissement. Si on élargit à l’en- semble du département du Doubs, on dénombre déjà 30 tués à fin septembre. “On a déjà dépassé le nombre de tués glo- bal de l’année 2015” déplore Damien David, coordinateur sécurité routière à la D.D.T. du Doubs. Sur l’ensemble de l’an- née 2015, 27 personnes avaient perdu la vie sur les routes du Doubs. L’hécatombe a été pire encore en 2016 : 34 tués sur les routes du département.

Il semble hélas que la courbe de baisse des victimes de la rou- te amorcée en 2003 avec le plan Chirac ait atteint un étiage. “C’est vrai qu’on semble avoir atteint un plancher en deçà duquel on ne peut pas descendre corrobore Gilles Guérin, chef de l’escadron de sécurité routière à la gendarmerie du Doubs. Il

sérieux.” Même les précautions que l’on croyait définitivement acquises comme le port de la ceinture sont encore bafouées. La preuve : 380 personnes ont été tuées sur les routes de Fran- ce l’an dernier car elles n’avaient pas bouclé leur ceinture. “On en voit certains qui achètent des boucles de ceinture dans des

reste un petit noyau de personnes qu’aucun message de prévention ne semble atteindre. La Code de la route est sans doute le document

casses et qui les met- tent comme ça pour évi- ter que ça ne bipe dans la voiture et donc qui ne sont pas attachés.” La montée en puis-

Une troisième catégorie d’addiction : le portable.

sance des contrôles, l’installa- tion de radars et certaines opé- rations coup de poing menées par les forces de l’ordre devraient donc se poursuivre. “Nous mettons en place de plus

officiel le plus bafoué en Fran- ce mais certaines personnes ne se sentent toujours pas concer- nées, ou sont dans le déni. Hélas, la délinquance routière n’est pas un sujet suffisamment pris au

nomène, le commandant Gué- rin prône la “marteau-thérapie” , c’est-à-dire “rabâcher, rabâcher, rabâcher les messages. Et s’il le faut, passer à des sanctions plus fortes” prévient-il. En matière de prévention, les actions de sensibilisation commencent dès le plus jeune âge. “C’est évi- demment dès le plus jeune âge qu’il faut les sensibiliser. Mais

on a l’impression qu’une fois le permis obtenu, les jeunes font “reset” dans leur cerveau et repro- duisent les mêmes erreurs que leurs aînés” note le responsable de la gendarmerie avec un cer- tain dépit. Une chose est sûre : les forces de l’ordre seront de plus en plus vigilantes au bord des routes du Doubs. n J.-F.H.

Gilles Guérin

commande l’escadron de sécurité routière à la gendarmerie du Doubs.

En bref…

Les radars mobiles vont se multiplier Répression Le parc de radars dans le Haut-Doubs devrait encore s’enrichir de nou- veaux engins dissuasifs embarqués. État des lieux.

l Grippe Depuis le 6 octobre, l’Assu- rance Maladie invite les per- sonnes de 65 ans et plus ain- si que les personnes atteintes de certaines maladies chro- niques (diabète, insuffisance cardiaque ou respiratoire, etc.) à se faire vacciner sans attendre pour se protéger contre la grip- pe et ses complications. L’an dernier, dans le Doubs, moins d’une personne sur deux (47,4 %) pour qui la grippe pré- sente un risque de complica- tions, parfois graves, s’est fait vacciner. Ce taux se situe dans la moyenne nationale (47,4 %). l Concert Concert hautbois et orgue dimanche 19 novembre à 17 heures au Temple du Locle. Avec Sandra Barbezat, haut- bois et Maryclaude Huguenin, orgue. Œuvres de Carl Philipp Emanuel Bach, Silvestrini, Geminiani, Rogg, Rheinberger, Telemann. Entrée libre, collec- te vivement recommandée.

S ur le territoire du Haut- Doubs (arrondissement de Pontarlier), il existe pour l’instant 9 radars fixes “classiques”, dont 4 fla- shent à double sens. Ces radars sont installés sur les communes de Chapelle-d’Huin, Épenoy, Fournets-Luisans, Les Hôpitaux- Vieux, Houtaud, Montbenoît, Les Premiers Sapins, Touillon- et-Loutelet et Villers-le-Lac. À

tion de radars autonomes dépla- çables dans un premier temps, et à terme, par l’intervention des radars mobiles nouvelle géné- ration.” Ce type d’engin est un radar automatique embarqué dans une voiture banalisée. Sa par- ticularité est de pouvoir flasher les véhicules en excès de vites- se lorsqu’il roule au milieu du flot de circulation. Les premiers

ces 9 engins fixes s’ajoutent trois radars-tronçons (qui calculent la vitesse moyenne) à Fuans (dans le raccourci), à Villers-le-Lac (rou- te des frontaliers) et à Vuillecin (plaine

radars mobiles nou- velle génération sont apparus en 2013. Ces radars sont pour l’ins- tant intégrés dans des Renault Mégane, des Peugeot 208, des Citroën Berlingo, des Peugeot 308 ainsi que

Les radars embarqués devraient se multiplier. Leur gestion doit être confiée au privé.

“L’installation de radars autonomes déplaçables.”

les chiffres fournis par l’A.N.T.A.I. (Agence nationale de traitement automatisé des infractions), au cours de l’année 2016, chaque voiture radar a enregistré 17,03 flashs par jour. Donc en élar- gissant la durée d’utilisation à 8 heures par jour comme les autorités le suggèrent, ce chiffre pourrait atteindre 76,6 flashs par jour. Et avec 380 véhicules radars utilisés tous les jours en France, le potentiel de flashs

annuel atteindrait donc les 10,6 millions par an ! Vous avez dit sécurité routière ou racket ?… Le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Bar- be a indiqué quant à lui qu’en confiant les contrôles radars au privé, “on pouvait s’attendre à 6 millions de flashs enregis- trés chaque année par ces véhi- cules.” C’est déjà trois fois plus qu’en 2016. n J.-F.H.

de l’Arlier). “Nous avons éga- lement deux itinéraires protégés opérationnels ou en cours de déploiement note la préfectu- re. Sur ces itinéraires sont mis en œuvre des contrôles de vites- se dits “leurres”, par l’installa-

des Dacia Sandero et des Peu- geot 508. Les véhicules porteurs pourraient encore être diversi- fiés dans les années à venir. Ces itinéraires protégés au long desquels ont été installés des panneaux de prévention sont

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