Journal C'est à dire 235 - Septembre 2017

L E P O R T R A I T

59

Le Russey

Sœur Noëlle est une mère pour les plus pauvres Native du Russey, Marie-Noëlle Locatelli, alias “Sœur Noëlle”, voue sa vie depuis 26 ans aux déshérités et malades de l’hôpital d’Ashotsk en Armé- nie. Elle cherche de l’aide à distribuer aux patients.

Sœur Noëlle, native du Russey, est depuis 26 ans dans un hôpital en Arménie au service des plus démunis.

D ans les montagnes du petit Caucase qui séparent l’Arménie de la Géorgie, Sœur Noël- le prend le temps de nous répondre au téléphone depuis sa chambre, un préfabriqué situé à quelques mètres de l’hôpital d’Ashotsk, à 2 040 mètres d’al- titude. C’est un samedi, jour un peu plus calme pour la religieuse, entrée dans les ordres en 1959

déborde d’énergie. Levée à 5 h 30, elle reçoit dans l’enceinte de l’hôpital de 80 lits les malades, les personnes les plus pauvres. Elle gère la bon- ne tenue du lieu. La République française - via l’ambassadeur de France - lui a remis le 2 octobre 2014 à l’hôpital d’Ashotsk (nord de l’Arménie), la légion d’hon- neur “en récompense pour l’en- gagement de toute une vie en

Liban, tout simplement parce qu’elle avait donné sa disposi- tion pour aller “où on le jugerait utile” , elle s’était retrouvée dans un quartier arménien, avait appris la langue, aimé les gens, rencontré les prêtres et les fidèles. Puis on lui avait deman- dé de revenir aider à la maison- mère, aux Trois-Fontaines, à Rome, pour un service de cuisi- ne. La petite sœur rêvant de repar- tir en mission, il avait finale- ment été décidé de l’envoyer en Arménie pour quelques semaines d’exploration. Formalités de visa et mort de la fondatrice ayant retardé le départ, c’est à la fin du mois de décembre 1989 qu’el- le pouvait enfin partir pour trois mois… Elle fut vite déçue, se sentant totalement inutile en terre inconnue. Elle aurait vou- lu rentrer au plus vite, mais la providence veillait : au der- nier moment, son départ fut retardé. Lorsqu’elle gagna l’aé- roport d’Erevan chargée de cadeaux, son poids de bagages était excessif. Elle remarqua un groupe d’hommes avec une croix

au revers du veston, qui par- laient italien. Elle n’avait pas vu de prêtres depuis des semaines ! Ils avaient peu de bagages, elle s’approcha, deman- da leur aide… et Monseigneur Guggerotti lui demanda : “Mais c’est vous ?” et elle lui répondit : “C’est vous ?”, en effet ils avaient entendu parler l’un de l’autre sans se rencontrer. Il prit les coordonnées de la petite sœur… et ne s’en souvint que plusieurs mois plus tard quand la situa- tion se dégradant, il fallait trou- ver une personne de confiance pour investir l’hôpital que Jean- Paul II avait fait construire en urgence après le terrible trem- blement de terre du 7 décembre 1988 (entre 20 000 et 30 000 morts). Elle resta seule pendant des mois, recevant les lits et autres

matériaux, vivant dans la cha- pelle… et se faisant dérober par les policiers les rares effets qu’el- le avait amenés ! Lors de la construction, les porteurs du projet ont dit ceci : “Si vous en prenez soin, les préfabriqués pourront tenir 15 ans.” Voilà 26 ans que l’hôpital fonc- tionne, grâce à la vigilance du Père Mario et de sœur Noëlle ! Elle a vu la chute du commu- nisme (indépendance en 1991) et mesure la pauvreté. Elle a vu aussi les écarts se creuser entre les plus pauvres et les plus riches. L’aide envoyée par la Conférence épiscopale

(200 000 euros) sert à faire fonc- tionner le lieu. Mais l’équilibre est difficile. 500 parrainages venus de France permettent d’ai- der les familles les plus pauvres, de fournir des médicaments. D’ailleurs, l’association recherche encore et toujours de l’aide dans ce lieu où la population préfè- re partir pour la Russie afin d’y trouver du travail. Marie-Noël- le, dont ses sœurs habitent tou- jours le Haut-Doubs, reçoit dans les grandes occasions du comté. Aucune nostalgie de sa part. Son credo : poursuivre la mission qui lui a été confiée. n E.Ch.

chez les Petites sœurs de Jésus et arrivée en Arménie il y a 26 ans au détour d’une ren- contre qui faisait sui- te au terrible tremble- ment de terre qui a

faveur des pauvres et des déshérités” nous fait savoir le service. Lors- qu’on l’interroge à ce sujet, la Sœur le balaie rapidement : “Je n’ai rien demandé. Et je ne sais

Après le tremblement

de terre de 1988.

dévasté le pays le 7 décembre 1988. Elle n’a plus quitté l’Ar- ménie depuis. Le froid hivernal, très vif, n’a pas encore glissé sur cette step- pe caillouteuse bientôt recou- verte d’un épais manteau blanc. Sœur Noëlle, née en 1939 au Russey, ne craint pas les tem- pératures froides même si elle avoue qu’à 78 ans, elle a un peu plus de difficulté à se mouvoir. Pourtant, au son de sa voix, elle

d’ailleurs pas qui l’a deman- dée pour moi. Cela n’a aucune importance pour moi” coupe-t- elle. Les médailles, elle n’en veut point. Mais son parcours méri- te d’être connu. Née en 1939, Sœur Noëlle était entrée en 1959 chez les Petites sœurs de Jésus. Elle voulait vivre dans l’esprit du Bienheureux Charles de Foucault et connais- sait bien la fondatrice, Sœur Madeleine. Envoyée d’abord au

Aider : Association Culture Amitié et Partage chemin de l’Adret - 83640 Plan-d’Aups-Sainte-Baume. Préciser pour Sœur Noëlle à Ashotsk Arménie, un reçu fiscal peut être fourni (déductible à 66 %)

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online