Journal C'est à dire 235 - Septembre 2017

SPECIAL HABITAT

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VERS DES MAISONS DE PLUS EN PLUS PASSIVES

Les tests d’étanchéité déjà en place vont devenir de plus en plus draconiens.

té dignes des maisons passives” notent ces deux constructeurs. En anticipant, ils se disent d’ores et déjà prêts à accueillir la phase d’expé- rimentation annoncée avec mise en place d’une labellisation qui ira cres- cendo. “On est aujourd’hui à une époque où il faut créer de l’éner- gie avec du photovoltaïque pour compenser les déperditions d’éner- gie. Et demain, il faudra aller plus loin en s’assurant une autarcie en énergie pour sa propre maison” détaille Fabien Vardanega, respon- sable bureaux d’études chez Haut- Doubs Créer Bâtir. C’est-à-dire pro- duire au moins autant que l’on consomme. “Autre paramètre, nous devrons analyser le cycle de vie de nos constructions, à savoir les réaliser avec une empreinte car- bone des plus faibles entre le début des travaux et l’entrée dans les lieux des nouveaux propriétaires. Maté- riaux écologiques ou approvision- nement au plus proche seront des éléments importants” poursuit-il. Autrement dit, même pour bâtir, les circuits courts seront à privilégier. Autre question à surveiller de près, les incitations fiscales dont pour- raient éventuellement bénéficier les futurs propriétaires qui plébiscite- ront des équipements écologiques en allant au-delà de ce que la loi imposera. Pour aller alors plus loin que les maisons passives espérées, vers celles à énergie positive. Enco- re une autre étape… n

Depuis moins d’une décennie, les normes de construction ne cessent d’évoluer avec une volonté clairement affichée par le législateur, améliorer la qualité d’isolation des logements et donc réduire la consommation d’énergie. La R.T. 2012 en vigueur semble faire ses preuves. Mais la R.E. 2020 pourrait aller encore plus loin.

“D epuis l’entrée en vigueur le 1 er janvier 2013 de la Règlementation Ther- mique (R.T.) 2012, nous avons l’obligation d’inclure dans nos constructions les énergies renou- velables, de respecter l’étanchéité à l’air et de justifier une surface vitrée suffisante” résume Lionel Jacquet,

de Haut-Doubs Créer Bâtir. Si les retours des nouveaux propriétaires sont bons en termes de consom- mation d’énergie, faible en l’oc- currence, il est évident que ces obli- gations nouvelles ont entraîné un surcoût. “Même si les industriels fournisseurs de matériaux ont fait des efforts pour le minimiser” tem-

vitrage au lieu du double… Forcé- ment nous sommes contraints de répercuter cela” confirme le res- ponsable de la Société Garnache Jean-Marc Fraichot. “Mais cet inves- tissement est amorti à court ou moyen terme par une consomma- tion d’énergie et donc une dépen- se en la matière de plus en plus bas- se.” Tendance, qui, c’est dans les tuyaux, devrait encore évoluer vers une probable Règlementation éner- gétique (R.E.) 2020. “On se prépare à cette éventualité que confirmera sans doute le nou- veau gouvernement et qui nous amè- nerait vers des chiffres d’étanchéi-

père le professionnel. “Une isolation doublée sous la chape, du triple

ZOOM SUR LA MAISON KAMÉLÉON

Les responsables techniques et commerciaux ont longuement mûri leur projet de maison Kaméléon. Aujourd’hui sur le marché avec ses premiers modèles qui sortent de terre, cette création signée Haut-Doubs Créer Bâtir se veut très compacte, adaptée à l’ensoleillement quant à son implantation et avec un bilan carbone réduit. Des fondamentaux qui la feront s’imposer tout naturellement sur un marché où les normes énergétiques évoluent très vite. “Nous devançons la réglementation en inventant un concept qui, tout en prenant en compte les obligations actuelles et à venir, permettra toujours à des primo-accédants d’avoir accès à la propriété à un prix abordable.”

Les pergolas avec lames brise-soleil orientables permettent de gérer les apports solaires.

ISOLATION : EN QUÊTE DE TOUJOURS

De nouveaux isolants débarquent sur le marché de la rénovation.

plus d’économies d’énergie

LES CONSEILS DU PRO Philippe Pruniaux, conseiller info énergie à l’A.D.I.L. du Doubs.

Des isolants composés d’air, des panneaux sous vide… De nouvelles générations de matériaux font leur apparition sur le marché.

“S ur les dix dernières années, on voit une généralisation des matériaux bio-sour- cés” , constate Philippe Pru- niaux, conseiller info énergie à l’A.D.I.L. du Doubs. Laine de bois, de chanvre, de mouton, panneaux de liège, oua- te de cellulose… sont plus réguliè- rement utilisés. Leur avantage ? Ils

sont à la fois renouvelables et recy- clables. “Ils stockent du carbone pen- dant leur mise en œuvre et ont une bonne inertie thermique, ce qui appor- te du confort l’été.” Autrefois argument phare de leurs contradicteurs : leur surcoût par rap- port aux isolants classiques, comme la laine de verre, ne serait même plus si élevé. “Avec quasiment les mêmes prix pratiqués aujourd’hui sur la oua- te de cellulose et jusqu’à 25 % de plus suivant les matériaux.” En parallèle de ce marché d’iso- lants à base de produits végétaux ou animaux, se développent aussi depuis cinq à six ans des laines minérales sans formaldéhyde et avec des liants organiques. “Ce qui est mieux pour ceux qui sont amenés à les poser, ainsi que pour la santé des habitants” , souligne Philippe Pruniaux. Mais le

Pour Philippe Pruniaux, conseiller info énergie, “la bonne stratégie consiste à se demander comment faire pour perdre le moins d’énergie. Cela passe par une bonne isolation, en évitant les ponts thermiques et en y associant un système performant à énergie renouvelable (solaire, bois…). Il n’y a pas de système high-tech ou de révolution technologique. Pompe à chaleur, chaudière à condensation, chauffe-eau thermodynamique… ont vu des améliorations qui nous permettent de gagner sur les rendements.” “Il n’y a pas de système high-tech”

gros des demandes en rénovation énergétique concerne désormais l’iso- lation par extérieur, davantage nova- trice par sa mise en œuvre que par les matériaux utilisés. Quelques innovations technologiques percent aussi le marché comme les aérogels : des matériaux extrême- ment légers, composés jusqu’à 99 % d’air emprisonné dans de la silice poreuse. On les trouve sous forme de granulats ou intégrés dans des nattes souples. Il existe également

des films aluminium, mais essen- tiellement utilisés en compléments d’isolation, ou les panneaux isolants sous vide, qui permettent de gagner en épaisseur et donc d’avoir plus de volume habitable avec une mise en œuvre compliquée cependant. “Si c’est percé, ça ne marche plus ! L’usage reste spécifique et l’instal- lation coûteuse, je ne l’ai encore jamais vu mis en œuvre dans le Doubs” , commente le conseiller info énergie. n

CHIF FRES

20 cm

Jusqu’à 20 cm d’épaisseur d’isolant sont aujourd’hui placés sur les murs d’une maison neuve (et 40 cm en toiture) contre 14 à 15 cm en rénovation B.B.C. (et 30 cm en toiture). L’isolation des années soixante-dix se bornait généralement à 2 ou 4 cm d’épaisseur.

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