Journal C'est à dire 233 - Juin 2017

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D O S S I E R

Le château Pertusier, chef-d’œuvre de la Renaissance Cet édifice construit en 1576 a vécu les différentes péripéties de l’histoire locale avec des fortunes diverses selon les époques. Découverte. Morteau

L es Mortuaciens passent devant sans plus s’en soucier, tellement il fait partie du paysage local. Bien que touché par un incen- die qui l’a gravement endom- magé, le château Pertusier res- te un remarquable et rare témoi- gnage de la Renaissance dans le Haut-Doubs. Au XVI ème siècle, Morteau, la Grand ville comme on l’appel- le encore, est régentée par une

la Glapiney, en atteste. La mémoire collective du Haut- Doubs garde très profondément ancrée cette douloureuse pério- de du passage, en janvier 1639, des Suédois, commandés par Bernard de Saxe-Weimar. Ces mercenaires, alliés de Louis XIII qui souhaitait déstabiliser la Comté, ont combattu la milice de Morteau au Pont Rouge le bien nommé, sur la route de Montlebon, et ravagé notre

90 987 livres. Sa famille devien- dra l’une des plus riches du Val. Lorsqu’il meurt, en 1822, c’est son fils Charles qui en hérite. Celui-ci sera nommé lieutenant- colonel de la Garde royale et anobli le 24 mars 1830. C’est sans doute à lui qu’on doit un certain nombre de fleurs de lys en plafond. Après sa mort, son fils fera restaurer la maison en respectant les caractères Renais- sance tels qu’on peut également les retrouver au Palais Gran- velle à Besançon. D’anciennes cartes postales témoignent de l’ameublement luxueux qui déco- rait les différentes pièces. Des peintures murales comptant des hauts faits locaux subsistent encore. C’est en 1936 que la Ville acquiert le bâtiment et le parc voisin pour la somme de 275 000 francs. Malheureuse- ment, le 6 janvier 1938, un incendie détruit l’aile nord et défigure ce bel ensemble. Deve- nu municipal, le “château” accueille tour à tour tous les services publics : bureaux de la mairie en 1946 après l’incendie de l’hôtel de ville, gendarmerie,

Il reste encore sur la façade du château Pertusier quelques traces des bombarde- ments provo- qués par les Suédois en 1639.

communauté de moines bénédictins. Les prieurs en sont des personnages influents. L’un d’eux, Jean-Jacques Fauche de Domprel, fera construi- re, pour y résider, l’ac- tuel hôtel de ville. Le

région. Ils ont égale- ment bombardé le châ- teau. Les murs gardent des traces des impacts. Le 13 avril 1647, un autre bourgeois, Jean Bôle, rachète le bâti- ment à la famille Cuche.

C’est en 1936 que la Ville acquiert le bâtiment.

sécurité sociale… Après la construction de la nou- velle gendarmerie, plusieurs projets ont été étudiés. L’un d’entre eux a abouti, à la satis-

faction générale, grâce au dévouement et à la compéten- ce de Constant Vaufrey et ses amis : le Musée de l’Horlogerie qui permet aux passionnés de

mécanique de découvrir en même temps plusieurs pièces du château. La rénovation de l’aile nord a parachevé cette œuvre importante. n

Maîche Le château du Désert, la maison de famille devenue colonie D’origine savoyarde, la famille Ducreux s’installe sur le plateau de Maîche où ses premiers membres exercent le métier de laboureur, aux Plains-et-Grands-Essarts. Devenus propriétaires et négociants, les Ducreux gravissent l’échelle sociale, l’un d’eux devenant même juge de Paix à Maîche puis pour certains descendants au XIX ème siècle Procureur de la République.

Val est prospère. C’est la gran- de époque de la force hydrau- lique et de l’installation des moulins au fil de l’eau. Guillau- me Cuche, membre d’une des plus anciennes familles du Val, dont on trouve trace dans le livre noir de Truchy de Varennes dès 1434, entreprend la construction du “château”. La date de 1576, gravée au-dessus de la porte d’entrée, côté rue de

Ses descendants le conservent jusqu’à la Révolution. À ce moment, il appartient aux enfants de Pierre-Joseph Bôle dont deux sont prêtres. Comme ils refusent la Constitution civi- le du clergé et émigrent, leurs biens sont saisis et vendus par l’État. Le 13 juillet 1797, Jean-Charles Pertusier, avocat à Besançon, l’achète pour la somme de

G rande famille avec de nombreux enfants, les Ducreux font construire à cette même époque un petit château au lieu-dit “le Clos du Désert” à Maîche. Les affleurements de roche à cet endroit justifient cette appellation du fait de l’as- pect désertique du secteur, une particularité qui donnera fina- lement son nom à la demeu- re bourgeoise construite au cœur de ce parc de cinq hec- tares. Les générations se succèdent et dans les années 1920, l’une des héritières de la propriété doit pour éponger les dettes de son frère se résoudre à se sépa- rer du Château. Chargé de la transaction, le maire de Maîche de l’époque, Gaston Mariotte, va permettre à la société

Pendant près d’un demi-siècle, les enfants des personnels Peugeot sont venus se ressourcer ici.

mutuelle des établissements Peugeot d’acquérir la proprié- té pour permettre aux enfants

du personnel de venir respirer le bon air du Haut-Doubs. Pen- dant 44 ans, cette colonie Peu- geot va accueillir des centaines d’enfants lors des vacances sco- laires de février, Pâques, l’été et à Noël. Au début des années quatre- vingt, les inscriptions étant lar- gement à la baisse, le comité d’entreprise va finalement déci- der de vendre le Château du Désert, affaire négociée en 1986 avec la commune de Maîche qui en devient officiellement propriétaire l’année suivante. Autrefois privé, il est donc aujourd’hui devenu public et très prisé de la population de Maîche et des environs qui trouvent sur place la biblio- thèque municipale, des asso- ciations, des salles de réunion… Un véritable carrefour cultu- rel dans un écrin de verdure propice à la promenade. n D.A.

Aujourd’hui encore, dans le parc verdoyant du château, les enfants ont toute leur place.

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