Journal C'est à dire 232 - Mai 2017

E N V I R O N N E M E N T

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Les sapins Espagnols, vénérables protecteurs des alpages jurassiens Aussi discrets qu’âgés, ces géants tricentenaires plantés à l’époque où la Franche-Comté était encore espagnole ont une silhouette très parti- culière en forme de chandeliers. Présentation. Nature Planté dans

B eaucoup connaissent les sapins présidents qui célè- brent les plus beaux arbres des forêts communales ou domaniales du massif juras- sien. Plus rares sont ceux qui s’intéressent aux Espagnols. Il n’y a guère que les usagers des alpages : bergers, amodiataires qui puissent aujourd’hui en par- ler. On trouve aussi quelques traces écrites sur le sujet, notam- ment un article paru en juillet 1948 dans la publication “La nature : revue des sciences et de leurs applications”. On y apprend que ces arbres qui font abstraction de la frontière sont baptisés “gogants” chez nos voisins. “Ce nom usité dans la Suisse vaudoise et romande est étendu aux sapins et épicéas, voi- re à d’autres essences, dont la grosseur, l’âge, le port majestueux ou la bizarrerie des formes atti- rent l’attention” , indique Charles Broyer, l’auteur de l’article. pris avec l’âge une ampleur que ne connaissent jamais les arbres des forêts. “Contrairement à ce que l’on pourrait penser, un épi- céa ou un sapin centenaire res- te un jeune arbre” , explique un spécialiste de la biodiversité jurassienne. L’originalité de ces géants débonnaires réside aus- si dans leurs formes liées au fait qu’ils étaient écimés à deux Espagnols ou gogants désignent des sapins blancs isolés de taille exceptionnelle ayant

un alpage du massif du Chasseron, ce beau gogant a déjà pris la foudre plusieurs fois.

mètres de hauteur environ pour faire des rejets. Les branches se détachant de la base du tronc atteignent la grandeur d’arbres véritables. Charles Broyer évoque un spécimen qui se ramifie à deux mètres du sol en une dou- zaine de branches s’élevant en cimes. “Le tronc à 1,5 m de la base mesure 7 mde circonférence.” leur valeur marchande. Ce qui explique sans doute pourquoi ils ont échappé à la hache meur- trière du bûcheron. Leur ancienneté leur confère une valeur patrimoniale assez excep- tionnelle. “Ces sapins ont de ramures mortes qui restent atta- chées aux troncs. Ils abritent aus- si nombreuses cavités remplies de mousse qui hébergent beau- coup de végétaux parasites, des lichens… Certaines espèces d’oi- seaux nichent dans les écorces” , poursuit le naturaliste en sug- gérant que les Espagnols méri- teraient d’être conservés au titre de la biodiversité. L’opération d’écimage a plusieurs finalités qui s’articulent autour de la protection des hommes, du gibier, des troupeaux et des cha- lets d’alpage. Ces chandeliers forment ainsi un large parapluie capable d’abriter une vingtaine de vaches pendant la nuit. À côté des bâtiments, ils servent de paratonnerre. Certains ont subi maintes fois la foudre perdant parfois un ou plusieurs candé- labres. Ces Espagnols ou gogants ne se laissent pas toujours admirer au premier venu. Pour les décou- vrir, il vous faudra parcourir les alpages jurassiens franco-suisses, interroger les bergers et autres amoureux de ces espaces pas- toraux. n En hauteur, ils peu- vent monter jusqu’à 30 m. Cet écimage déprécie forcément

7 mètres de circonférence.

Ce bel “Espagnol” situé sur un alpage du Mont d’Or a perdu un de ses puissantes ramures.

Les gogants participent depuis fort longtemps aux attraits touristiques de la région de Saint-Cergue.

UniCentre, le plus court chemin pour trouver le Bonheur

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Les Espagnols poussent davantage en largeur qu’en hauteur.

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L’enchevêtrement des troncs constitue des niches écologiques à de multiples espèces végétales.

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