Journal C'est à dire 232 - Mai 2017

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V A L D E M O R T E A U

C’était au temps du Tacot Histoire Après un premier fascicule à Montlebon, Hervé Monney réveille les souvenirs des habitants des Fins qui ont connu le tacot. Un recueil de souvenirs qui va bien au-delà de l’histoire ferroviaire.

chandises. Car rares étaient ceux qui avaient déjà une automobi- le. Un luxe réservé aux plus riches. Le vélo restait souvent le mode de locomotion le plus usité. D’ailleurs, il n’y avait pas de garde-barrière aux intersec- tions avec les routes. Comme tout facteur de progrès, ce tram avait eu des effets posi- tifs et négatifs. Il permit de trans- porter plus rapidement les res- sources locales comme les grumes de bois. Il contribua ain- si au développement du quar- tier des usines aux Fins dont l’implantation à cet endroit s’ex- plique aussi par l’arrivée de la fée électricité. Tout un sport le chargement des grumes sur les wagons. L’opération mobilisait plusieurs ouvriers au tourne- bois. Le tacot fut aussi partie pre- nante de la tradition des vaches d’automne. Les bêtes du Val de Morteau étaient en effet trans- portées en train pour passer tout l’été dans les grands commu- naux du plateau de Maîche d’où elles revenaient grasses et bien portantes. De Morteau, certaines étaient exportées jusqu’en Algé- rie. Elles voyageaient alors à bord de wagons plus classiques. De quoi renforcer encore la répu- tation des éleveurs des Fins. Ne dit-on pas “Rien à faire, rien à braire, pour les mammifères, lais- sons les Mamet y faire !” ? Le tacot suscitait bien sûr l’émer- veillement des gamins. Enfin,

Q u’il en bavait ce petit train à voie métrique pour arriver jusqu’aux Fins ! Tous ceux qui ont eu l’occasion de le voir en action en conviennent. “Quel- quefois, ils doublaient… Ils met- taient une deuxième machine à vapeur derrière le convoi pour permettre de monter la côte des Fins” , se souvient Georges Faivre. “Bien des fois les trains de mar- chandises n’avaient pas assez de vapeur pour arriver au-des- sus de la côte des Fins. Ils redes- cendaient pour refaire de la vapeur” , confirme Claude Mai- re. Difficile alors de ne pas rap-

porter les écrits de François Mai- re. “Il fallait deux locomotives. La première disait : “C’est loin les Fins ?” La deuxième, à l’ar- rière répondait : “De quoi te plains-tu, j’te pousse au cul.” Mise en service en 1905, la ligne Morteau-Trévillers qui fonc- tionnera jusqu’en 1952 ne com- portait pas moins de 14 gares. S’il peut semblait poussif par endroits, ce petit train régional allait quand même trois fois plus vite qu’une diligence. À lire les témoignages fidèlement recueillis par Hervé Monney, il contribuera largement à faciliter la mobili- té des personnes et des mar-

Longue de 45 km, la ligne Morteau-Trévil- lers comportait 14 gares dont celle des Fins.

pas tous. Car quelques garne- ments n’hésitaient pas “à poser des (petits) cailloux sur la voie pour les faire claquer.” Mais le transport fonctionne dans les deux sens et le tacot permis aus- si de faire venir de nouveaux matériaux de construction qui concurrencèrent sérieusement quelques activités locales. L’arrivée du chemin de fer signa par exemple la fin des gypse- ries. Intitulé “Avez-vous connu le Tacot ?”, l’ouvrage d’Hervé Monney ne prétend nullement raconter par le menu détail l’his- toire de la ligne Morteau-Tré- villers. “Pour moi, c’est surtout un prétexte pour engager le dia- logue avec des personnes aujour- d’hui âgées. Ce fascicule permet aussi de faire le lien entre les générations” , indique l’auteur qui a rencontré une douzaine d’anciens finnois. Pour beaucoup, le tacot est un souvenir parmi d’autres. Au fil des pages, on voit peu à peu se dessiner par brides le quotidien

Ce fascicule permet de vivre le quotidien des habitants des Fins à l’époque du tacot. Une histoire, des histoires où l’agriculture tient une grande place.

d’une société frugale, autarcique, qui a connu la guerre, des hivers mémorables. “On voit par exemple que la guerre a aussi permis au monde ouvrier de retrouver le monde paysan ne serait-ce par la solidarité ali- mentaire”, poursuit Hervé Mon- ney qui compte poursuivre sa col-

lection de gare en gare jusqu’au terminus.À signaler aussi le pré- cieux concours de Patrice Maz- zotti et François Mottet qui ont fourni les cartes postales anciennes utilisées pour illustrer ce recueil original. Contact : caper- cutedanslehaut@orange.fr n F.C.

Le franchissement de la côte des Fins restera sans doute l’épreuve la plus difficile à franchir pour le tacot ici victime d’un déraillement.

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ES PÈRES

F OOTWE A R

Jusqu’au 17/06/2017

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