Journal C'est à dire 230 - Mars 2017
P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E
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Marie-Pierre, d’horlogère à chevrière… Fuans
Au Mont-de-Fuans, Marie-Pierre Dodane élève des chèvres, transforme et affine crottins, bûches, tomes, au lait cru entier. Une reconversion et beaucoup de satisfaction.
trois enfants, Louis (18 ans), Rémy (16 ans) et Alice (14 ans), elle se plaît dans ce choix de vie pensé et réfléchi. Tout a basculé un jour de jan- vier 2015 pour cette ancienne frontalière qui a troqué les bou- chons du Locle par la traite des chèvres, à 5 h 45, dans son étable. Trajets, boulot, dodo, étaient son quotidien jusqu’à ce licenciement. “Je travaillais dans l’horlogerie, relate l’agri- re Dodane, 46 ans. Après s’être renseignée auprès de Marie-Annick Blouin-Limo- ge et son mari Serge, éleveurs de chèvres à Avoudrey, elle déci- de de reprendre les cours. “Je savais qu’il y avait une forma- tion à la M.F.R. de Vercel. J’ai demandé au préalable à être formée en stage par Marie- cultrice. Le lendemain d’avoir stoppé cette activité, je savais déjà ce que j’allais faire” témoigne Marie-Pier-
C’ est une immense fer- me du Haut-Doubs, avec son tuyé, typique, son “miro”, sa grange remplie d’un regain coupé à la belle saison dans les prairies du Mont-de-Fuans. Seu- le différence avec d’autres : aucune odeur de vaches mont- béliardes ne ressort de l’étable. Seul le bêlement de chèvres tra- hit la présence de caprins. Au Mont-de-Fuans, au lieu-dit Boussières, Marie-Pierre Doda- ne a reconverti la ferme au sens propre, comme au figuré. Dans l’ancienne exploitation tenue par ses grands-parents jusqu’en 1983, la mère de famille élève 26 chèvres sur 7 hectares, trans- forme le lait et affine ses fro-
mages. Elle a créé un atelier de transformation et a investi dans du matériel. Une boutique attenante à l’ate- lier (ouverte depuis peu) est en cours de finalisation pour
vendre les tomes, crot- tins et bûches au lait cru entier. Les pro- ductions ont déjà séduit de nombreux
Les fromages au lait cru entier.
Annick, qui est une vraie pro- fessionnelle. Elle a accepté. Je me suis lancée.” Le résultat est là depuis début janvier et les premières transformations. Les 16 chevrettes de 5 mois ache- tées durant sa formation ont mis bas. Elles produisent un lait “riche”. “Transformer du lait primipare est compliqué. J’ai donc acheté 10 chèvres en lactation” , explique-t-elle. Le résultat est au rendez-vous. Les fromages sont parfaits, équi- librés, doux au goût. “La che- vrière du Mont-de-Fuans” est en reconversion en agriculture biologique sur son exploitation. “Pour soigner mes animaux, j’utilise la phytothérapie, l’aro- mathérapie” relate-t-elle. Si l’agricultrice a investi dans du matériel, elle a utilisé les bâtiments existants de sa fer- me pour limiter les dépenses. Elle a pu compter sur l’aide de la famille et des amis pour concevoir son laboratoire. Une amie, professionnelle dans la publicité, lui a confectionné ses cartes de visite et papiers ali- mentaires recouvrant les fro- mages. Marie-Pierre est passionnée, amoureuse de Mélusine, Myr- tille, Mirabelle, ses chèvres. For- cément, cela se ressent dans ses succulents fromages. n E.Ch.
En reconversion biologique.
clients, des coopératives fro- magères, et même des hyper- marchés à l’image d’Intermar- ché à Morteau, Super U à Val- dahon. Les retours sont posi- tifs ! “Le bouche-à-oreille fonc- tionne bien. À moi de démarcher de nouveaux clients” explique Marie-Pierre qui ne chôme pas. Soutenue par son mari et ses
Vente à la ferme.
Marie-Pierre Dodane, ici avec la chèvre Mirabelle, a créé la “chèvrerie du Mont-de-Fuans”.
271 projets seront financés dans le Contrat de ruralité Portes du Haut-Doubs La communauté de communes de Pierrefontaine-Ver- cel a signé un contrat de ruralité avec l’État pour dyna- miser le secteur. Seront aidés financièrement des pro- jets sur les 46 communes.
A près Morteau et Bau- me-les-Dames et avant Frasne-Drugeon, le pays des Portes du Haut entre dans le cercle fermé des collectivités qui bénéficie- ront du “contrat de rura- lité”.
communes de Pierrefontaine- Vercel), soit 25 248 habitants, “une terre d’authenticité par son dynamisme économique, sa démographie galopante (+ 30 % en 15 ans). Dès que nous avons
Signature du contrat de ruralité le 8 mars dernier.
eu connaissance de ce nouveau dispositif per- mettant d’accompagner l’émergence et la mise en œuvre des projets de ter- ritoire partagé entre l’État et les collectivités, nous avons par un cour- rier d’octobre 2016 mani-
Mission du contrat de ruralité : booster les projets sur ce terri- toire dans des domaines aussi variés que l’accès aux services publics, marchands, et aux soins, revitaliser les bourgs-centres à travers la rénovation de l’ha- bitat et le soutien au commer- ce de proximité, développer les filières économiques comme l’in- dustrie ou l’agriculture, la for- mation, le numérique, le tou- risme, le patrimoine naturel,
favoriser les mobilités locales et l’accessibilité au territoire, favo- riser la transition énergétique et enfin penser à la cohésion sociale. Si le montant en euros du contrat dont dispose le Pays des Portes du Haut-Doubs n’a pas été communiqué, il ne se résu- me pas en un simple tiroir-cais- se où les collectivités viendront frapper pour grappiller des deniers. “Le contrat de ruralité
re définis. “Au contrat de rura- lité, je voudrais faire part d’un souci quant à l’avenir de la ligne ferroviaire des horlogers, indique Albert Grosperrin. Indispensable au développement économique et touristique du Haut-Doubs, il devient urgent que les 12,3 mil- lions du contrat de plan État- Région soient investis pour l’amé- lioration de l’infrastructure, en particulier sur le tronçon Val- dahon-Morteau.” À suivre. n
vous permettra de faire des pro- jets à plus long terme et plus ambitieux. C’est un beau cadeau pour l’ensemble des habitants” annonce la préfecture. Des projets ont déjà été ciblés comme la réfection de la Cha- pelle Brachotte à Valdahon, l’ins- tallation de maisons de santé (à Valdahon et Orchamps-Vennes), des aires de jeux dans les vil- lages, des réfections de bourgs… Les calendriers ne sont pas enco-
Financer des maisons
Le 8 mars, en mairie de Valdahon, l’État, le Pays des portes du Haut- Doubs, avec le Dépar- tement, la Région et l’Agence régionale de santé, ont signé ce
de santé, des aires de jeux…
fameux “contrat de ruralité”. Il concerne 46 communes du Pays des Portes du Haut-Doubs (bientôt 47 lorsque Bouclans aura rejoint la communauté de
festé notre désir d’entrer dans ce dispositif” présente Albert Gros- perrin, maire de Vercel et pré- sident de la communauté de communes.
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