Journal C'est à dire 229 - Février 2017
D O S S I E R
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RECHERCHE MÉDECINS DÉSESPÉRÉMENT
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Le Haut-Doubs peine encore à renouveler sa démographie de méde- cins généralistes. Aux causes nationales (détournement vers d’autres spécialités, préférence vers des emplois salariés), s’ajoute ici le phénomène de la Suisse. Fatigués des contraintes administratives qui pèsent sur l’exercice de leur profession, des praticiens français n’hésitent plus à aller exercer de l’autre côté de la frontière. Pas forcément pour gagner plus mais davantage pour travailler mieux. Partout sur le Haut-Doubs, élus ou investisseurs privés se mobilisent également dans la création de maisons médicales ou de santé censées offrir des conditions d’installation plus en phase avec les attentes des médecins d’aujourd’hui. Dossier complet.
Démographie médicale
Dans un département du Doubs bien loti, le Haut-Doubs est à la peine Si notre département ne souffre pas par rapport à la moyen- ne nationale d’une pénurie de médecins généralistes, certaines zones sont jugées fragiles par l’agence régionale de santé (A.R.S.). C’est le cas notamment d’une partie du Haut-Doubs, un secteur jugé “préoccupant.”
I l n’y a pas de pénurie de méde- cins dans le Doubs. C’est en tout cas la conclusion que l’on peut tirer de l’analyse des chiffres tenus à jour par l’A.R.S. Et même, le Doubs serait le mieux doté des huit dépar- tements qui composent la région Bour- gogne-Franche-Comté. Notre dépar- tement compte en effet 626 médecins généralistes libéraux (ou en exercice mixte), soit une moyenne de 117 méde- cins pour 100 000 habitants. Alors que la moyenne des huit départements de la région est de 98 médecins pour 100 000 habitants (et 105 pour 100 000 pour la moyenne nationale). Notre département est donc, a priori, bien doté. “Ce qui n’empêche pas d’avoir
mois, “à la condition qu’il réalise au moins 166 actes par mois” note l’A.R.S. qui décline d’autres dispositifs d’aide comme le paiement aux étudiants d’une bourse d’études à la condition qu’il s’en- gage à s’installer dans une zone sous- dotée. Trois jeunes médecins ont béné- ficié de ce dispositif l’an dernier dans notre département. Le dispositif P.T.M.G. concerne quant à lui “entre 6 et 10 praticiens par an dans le Doubs.” Plusieurs territoires en tension ont été ciblés par l’A.R.S. : Pont-de-Roide, L’Is- le-sur-le-Doubs, le Plateau de Maîche, le secteur de Valdahon, d’Ornans, de Levier. “Nous sommes également pré- occupés par la situation pontissalien- ne” confirme Jérôme Narcy.
Malgré les dispositifs d’aides, il est souvent difficile d’attirer les jeunes praticiens en zone rurale.
La première a été celle de Besançon- Saint-Claude. D’autres ont suivi, à Amancey, à Baume-les-Dames, à Beu- re, à Montenois, Nods, Pont-de-Roi- de, Rougemont, Rigney. Plusieurs ont été créées également dans le Haut- Doubs : à Gilley, Levier, Maîche, Mor- teau et Mouthe. “Une installation sur quatre de jeunes médecins se fait désor- mais en maison de santé, alors que les maisons de santé ne couvrent pour l’ins- tant que 10 à 11 % de la population départementale” ajoute Jérôme Narcy. Le déblocage du numerus clausus à la fac de médecine - 248 internes sont sortis en novembre dernier, contre 180 en 2012 - ne suffira pas à combler ces déficits de praticiens dans les zones les moins attractives. “L’enjeu est bien de les garder sur le territoire” confir-
me l’A.R.S. La présence d’un C.H.R.U. sur le département reste d’ailleurs une chance, sans quoi l’hémorragie serait encore plus importante. Si la situation de la médecine géné- rale est tendue, que dire des spécia- listes : la plupart des spécialités sont en souffrance dans notre département. Il y a par exemple 0,9 cardiologue dans le Doubs pour 10 000 habitants, contre 1,7 en moyenne nationale. C’est éga- lement préoccupant en gynécologie- obstétrique avec 0,65 praticien pour 10 000 habitants contre 0,71 en Fran- ce et pire encore en ophtalmologie avec 0,62 spécialiste pour 10 000 habitants contre 0,91 en France. n
une offre culturelle intéressante et la possibilité d’un emploi pour leur conjoint. C’est souvent en ville que l’on réunit tous ces critères.” Le travail en maison médicale permet au moins aux jeunes médecins de “pouvoir travailler en équipe, se reposer sur leurs autres collègues en cas de besoin et également sur les paramédicaux présents dans ces maisons de santé” poursuit Jérô- me Narcy qui confirme qu’en matiè- re de nouvelles maisons de santé, “on est en attente de bonnes nouvelles, notamment du côté de L’Isle-sur-le- Doubs, Valdahon ou encore Pontarlier.” D’autres projets sont en cours de confir- mation, notamment à Orchamps- Vennes, dès 2017. Sur le territoire départemental, 14 maisons de santé fonctionnent déjà.
La création de maisons de san- té est une des réponses à la problématique de médecins qui ne veulent plus se retrou- ver seuls dans une zone, cor- véables à merci comme ont pu l’être les générations anté- rieures qui enchaînaient des
identifié quelques inquiétudes sur certains territoires pour lesquels nous avons mis en place des aides spécifiques destinées à attirer de jeunes médecins” note Jérôme Nar- cy, délégué départemental de l’A.R.S. dans le Doubs. Par-
“Une installation sur quatre en maison de santé.”
mi les mesures proposées dans le cadre de la mesure P.T.M.G. (praticien ter- ritorial de médecine générale) : la garan- tie au jeune médecin d’un revenu pen- dant un an de 3 400 euros nets par
semaines de 80 heures de travail. “C’est très simple : à la manière des cadres, les jeunes médecins souhaitent désor- mais travailler à proximité des pla- teaux techniques, avoir vers chez eux
J.-F.H.
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