Journal C'est à dire 227 - Décembre 2016

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D O S S I E R

La tradition de la tronche (bûche) Noël d’autrefois Aujourd’hui, tout le monde connaît, apprécie et savoure la bûche de Noël. Une pâtis- serie qui a pris la place d’une autre bûche, en bois celle-là, qui était autrefois au cœur des traditions des fêtes de fin d’année. On parlait alors de la “tronche de Noël”.

Q ui n’a pas entendu à l’occasion des fêtes de fin d’année ses parents ou grands-parents expliquer qu’à leur époque, ils devaient se contenter d’une oran- ge et exceptionnellement d’un petit jouet en bois… L’opulence voire la démesure des cadeaux reçus aujourd’hui par les enfants les étonnent. Sans tomber dans une nostalgie larmoyante, il faut tout de même bien avouer qu’au- trefois, plus pieuse d’abord, la fête de Noël était aussi moins commerciale et donc les enfants étaient bien moins gâtés. Le soir de Noël était avant tout comme c’est toujours le cas à

notre époque l’occasion de se retrouver e famille. Toutes les générations réunies autour d’un repas sortant de l’ordinaire attendaient la messe de minuit pour vivre pleinement leur foi. Au coin du feu, la bûche était également à l’objet de toutes les attentions. Une bûche de bois

faire “transpirer”. Si rien ne s’en échappait immédiatement, la conclusion était évidente : les enfants n’avaient pas été sages. On les réprimandait et ils devaient demander pardon. L’ac- te de contrition accompli, on ramenait les enfants vers la tronche placée dans un coin obs-

Il fallait battre la bûche en bois ou tronche pour espérer quelques cadeaux…

appelée “tronche” dans le Haut-Doubs. Creu- sée, celle-ci était lais- sée un moment au cœur de la cheminée

cur du poêle et on les invitait à nouveau à frapper dessus de toutes leurs forces. Alors, cet- te fois, lorsque le lin-

Beaucoup de superstitions.

Selon les communes franc-com- toises, la tradition variait alors un peu. Dans certains cas, cet- te bûche creuse n’était pas mise au feu mais conservée d’une année à l’autre. Ailleurs, elle

devait brûler toute la nuit, voi- re pendant toute la journée de Noël, et même parfois jusqu’à l’Épiphanie. Quand on la reti- rait de l’âtre, on conservait pré- cieusement ses restes dans un

endroit ni trop humide, ni trop sec. Ils devaient constituer une protection efficace contre le feu et la foudre ou participer à une meilleure fertilisation des arbres fruitiers. n

puis retirée et couverte d’un lin- ge. Les enfants étaient alors invités à s’approcher, armés de bâtons. C’est à qui frapperait le plus fort sur la bûche pour la

ge était enlevé, les enfants trou- vaient des noix, des noisettes, des gâteaux et parfois selon les moyens de la famille un petit jouet.

Drôle de Noël dans les tranchées Histoire Épuisés, choqués par la mort qu’ils côtoyaient au quo- tidien et déjà fatigués par une guerre qu’on leur avait promise de courte durée, les soldats du rang vont, dès le Noël 1914 faire une trêve avec l’ennemi. Un élan de pacifisme passé sous silence, censuré et parfois même puni par les autorités militaires.

C es scènes de fraternisa- tion dans les tranchées entre les soldats français, anglais et allemands ont été immortalisées au cinéma tar- divement en 2005 dans le film de Christian Carion avec Guillaume Canet et Dany Boon “Joyeux Noël” où l’on assis- te notamment à une partie de football improvisée. Une his- toire basée sur des faits réels tirés de témoignages d’anciens combattants. Ceux-ci racon- taient avoir vu les Allemands sortir de leurs tranchées des arbres de Noël, lancer des fusées et se mettre à chanter un can- tique qui va vite être repris en chœur par les hommes des deux tranchées se faisant face. Des soldats vont même sortir de leurs trous insalubres dans lequel ils vivaient dans la boue et au milieu des rats puis avan- cer jusqu’au milieu du no man’s land où ils appelèrent leurs ennemis à venir les rejoindre. Les deux camps se saluèrent au milieu d’un paysage dévas-

té par les obus, échangèrent des cadeaux, tabac ou chocolat notamment, discutèrent et jouè- rent. Pour quelques heures, les hommes des deux camps ne sont donc plus des ennemis, un peu de joie flotte dans l’air. “Tout le monde sifflotait joyeu- sement. On fumait, on riait : c’était Noël, la trêve de Dieu” raconteront des soldats dans leurs mémoires quelques années après. Car tant que le conflit n’a pas été terminé, la question de ces fraternisations a été un véri- table tabou passé sous silen- ce par les états-majors qui ont même souvent sanctionné les soldats fautifs. On était même proche de les inculper pour intelligence avec l’ennemi. Difficile en effet après ces quelques heures de trêve de demander à des hommes de tirer sur ceux avec qui ils avaient sympathisé. La plupart seront donc déplacés ailleurs sur le front pour continuer le combat. n

Des scènes de fraternisation pour Noël ont été vécues dans les tranchées en 14-18. Il y a un siècle.

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