Journal C'est à dire 224 - Septembre 2016

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É C O N O M I E

Après le plombier, le camionneur polonais Transport Les camionnettes de moins de 3,5 tonnes conduites par des chauffeurs des pays de l’Est échappent aux contrôles de temps de conduite. Le trafic explose dans le Doubs, posant des questions de sécurité, de droit du travail, de concurrence.

forme d’hypocrisie fonctionne dans le métier : ces transpor- teurs de l’Est arrangent les com- missionnaires de transport qui maintiennent leurs marges. “Pour résoudre le problème, il faut imposer le chrono-tachy- graphe à tous les V.U.L. qui font du transport à compte d’autrui” réclame Bernard Iehl. Il s’est rendu à Bruxelles pour plai- der cette cause. Le salaire du routier, il est payé par rapport à son pays d’origi- ne, soit environ 500 euros par mois pour un chauffeur polo- nais. Cela a pourtant évolué depuis juillet grâce à la loi Macron : la France vient d’imposer par la voix de son secrétaire d’État aux Transports, et contre l’avis de la Commission européenne, de payer au minimum au S.M.I.C. les chauffeurs roulant en Fran- ce. L’Allemagne et l’Italie ont déjà pris cette mesure. Ce qui n’est pas du goût des pays de l’Est. Il demeure un vide juridique soulevé par les professionnels : les entreprises françaises qui passent commande à ces trans- porteurs roumains ou polonais doivent s’assurer que le chauf- feur est bien rémunéré au

L eur nombre ne cesse d’augmenter mais para- doxalement, ils se font discrets sous leur bâche blanche (ou grise) vierge de tou- te publicité. Sans doute les avez- vous déjà aperçus. Qui ? Les véhicules utilitaires légers (V.U.L.), des camionnettes de grandes tailles, souvent en bon état d’ailleurs, immatriculées dans les pays de l’Est, en majo- rité la Pologne mais aussi en Roumanie, République tchèque, Lituanie. On les aperçoit déjà au niveau de la côte de Maîche sur la D 437. À n’importe quelle heure de la journée, de la nuit, du lun- di au dimanche, vous en croi- serez également à Besançon, sur la R.N. 83 et une partie de la R.N. 57. “Ils font souvent le tra- jet de l’Est de l’Europe pour rejoindre la vallée du Rhône et passent par le Doubs” constate la F.N.T.R., fédération des trans- porteurs routiers de Franche- Comté qui représente 964 entre- prises de transport en région, 434 dans le Doubs. 64 76 hommes et 879 femmes sont salariés en région dans ce sec- teur, chiffre en baisse après les nombreuses défaillances d’en- treprises.

La fédération ne cesse de déplo- rer cette concurrence déloyale. Les camionnettes ne disposent pas de chrono-tachygraphe, un appareil de mesure du temps de conduite et de la vitesse. “Ils échappent effectivement à ces contrôles et peuvent rouler le dimanche” admet Olivier Thi- rion, chef adjoint au service mobilités et transports à la D.R.E.A.L. de Bourgogne- Franche-Comté, direction qui contrôle ce secteur. “Certains conduisent jusqu’à 20 heures de suite !” déplore un profession- nel. En revanche, ils sont sou- mis à respecter un poids infé- rieur à 3,5 tonnes. Les sur- charges ne sont pas rares. La D.R.E.A.L. veille et verbalise les dépassements. Selon un rapport national édité en 2016, il y aurait 8 V.U.L. pour 100 poids lourds “sauf que lorsque vous êtes sur la route, ce n’est pas ce que l’on voit. Le problème va en s’am- plifiant” constate Bernard Iehl, responsable des transports du même nom dans l’Aire urbai- ne et président de la F.N.T.R. La France a depuis belle lurette perdu le monopole du transport à l’internationale. Faute de com- pétitivité, ses entreprises per- dent cette fois les marchés

locaux. La journée, ou la nuit, ces rou- tiers de l’Est s’arrêtent quelques heures sur des parkings. Ils sor- tent leur réchaud à gaz, ouvrent une boîte de conserve et discu- tent avec d’autres compères sou- vent de même nationalité. Quand ils ont la chance d’avoir une cabi- ne, ils dorment dans celle-ci. Les autres se posent sur la ban- quette. Sacré confort ! Que trans- portent-ils ? “Le plus souvent, ce sont des pièces à destination de l’industrie automobile mais pas uniquement” répond Jona- than Marin, délégué régional F.N.T.R. Pour cette fédération, qui ne ces- se de demander une législation européenne en la matière, ces “petits camions” sont vécus com- me une concurrence déloyale. Ils posent la question des condi- tions de travail. Ils sont un non- sens écologique : “Au lieu d’uti- liser un poids lourd de 44 tonnes, les affréteurs préfèrent utiliser 7 petits camions car cela coûte moins cher…” explique Jona- than Marin, spécialiste juridique. “Le transport d’une palette entre le Doubs et Rennes coûte envi- ron 150 euros. En passant par ce réseau, vous paierez 50 euros” annonce un transporteur. Une

Comme un pied de nez, cette camionnette polonaise livre une usine en face des bureaux de la F.N.T.R. qui dénonce cette concurrence déloyale.

S.M.I.C. français au risque d’être amendés. “Comment faire ? , interroge la F.N.T.R. Encore faut- il savoir lire un contrat de tra- vail en polonais. Et si on refu- se la marchandise, que dira notre client ?” Bref, ce n’est pas si simple. “On souhaite que la règle de cabotage diminue, c’est-à-dire qu’un transporteur des pays de l’Est ne puisse plus transiter 7 jours en France avant de repas- ser la frontière, mais 3” poursuit la fédération. En cas de non-res- pect du cabotage, le contreve- nant s’expose à une amende pou- vant monter à 1 125 euros. Et les risques d’accidents ? : “Si on constate que quelqu’un est très

fatigué, on peut consulter sa feuille de route.” Il s’agit en fait d’un simple carnet (comme cela se fait il y a 40 ans) où le conduc- teur écrit ce qu’il veut. À la limite avec le Doubs et le Jura, un contrôle de gendarmerie réalisé mi-septembre a permis de verbaliser deux V.U.L. rou- lant à tombeau ouvert. L’un d’eux avait d’ailleurs doublé sur une ligne blanche. La profession fran- çaise assure ne pas vouloir stig- matiser ces salariés, bien sou- vent exploités. Elle souhaite sim- plement une harmonisation des règles. Pendant ce temps, les V.U.L. avalent les kilo- mètres… n

Fuans

Françoise Marques reprend la Galerie contemporaine à Besançon

Le magasin d’ameublement et de déco haut de gam- me de la rue des Granges a été repris par Françoise Marques, de Fuans. Une belle reconversion pour l’ancienne horlogère.

nouvelle gérante qui a pris ses marques début septembre. Fabri- ce, fin conseiller vendeur, et Phi- lippe, installateur et tapissier- décorateur restent donc tous les deux au service de la clientèle de la Galerie aux côtés de Fran- çoise Marques. Le magasin de 240 m 2 a été entièrement rafraîchi avant sa réouverture et la nouvelle équi- pe est en train de terminer

DU 1 ER AU 22 OCTOBRE2016

M arie-Claude Beherec, l’ancienne gérante qui entamait sa 39ème année à la tête de ce magasin emblématique dans le paysage commercial bisontin, peut serei- nement vaquer à d’autres occu- pations. La Galerie contempo- raine, créée en 1963, reprise par Mme Beherec en 1978, ouvre une nouvelle page de sa longue histoire avec l’arrivée aux com- mandes de Françoise Marques. Cette passionnée de déco et de design, originaire de Fuans, a subi les affres d’un licenciement économique alors qu’elle tra- vaillait depuis de longues années

dans l’horlogerie suisse. L’ex- frontalière a saisi l’opportuni- té de reprendre cette institution du haut de la rue des Granges au cours de l’été. “Nous avons appris un peu par hasard que

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l’aménagement com- plet des caves du magasin qui serviront bientôt de show-room pour les marques ven- dues à la Galerie contemporaine. Des

cette enseigne était à reprendre. Une oppor- tunité comme celle-là, ça ne se loupe pas ! Mais une des conditions de la reprise et du succès était que les deux employés

Ces étonnants tableaux d’art aborigène.

petites nouveautés comme ces étonnants tableaux d’art abo- rigène en provenance directe d’Australie (le couple Marques a des attaches en Australie), ou encore le service de location de chaises pour des événements, viennent compléter l’offre de la Galerie contemporaine qui a construit sa réputation sur une offre haut de gamme, qualita- tive, en s’appuyant sur les plus grandes marques du design. “Nous nous adressons à des clients certes avertis, mais pas forcément toujours aisés. Cer- taines pièces restent accessibles au plus grand nombre” tem- père la nouvelle propriétaire. C’est le cas pour quelques marques aux tarifs plus abor- dables que d’autres, ainsi que pour la boutique de cadeaux attenante au magasin princi- pal, qui offre de nombreuses idées pour tous les budgets. n J.-F.H.

Philippe et Fabrice poursuivent. C’est chose faite. Ainsi, on peut s’inscrire dans la continuité de ce qui a été construit depuis toutes ces années” se félicite la

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Après une carrière dans l’horlogerie en Suisse, Françoise Marques reprend la galerie contemporaine à Besançon.

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