Journal C'est à dire 223 - Août 2016

L E P O R T R A I T

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Culture

Emmanuel Guigon, de la Franche-Comté à la Catalogne Originaire de Morteau, le directeur du musée des beaux- arts de Besançon a été nommé à la tête du prestigieux musée Picasso de Barcelone qui reçoit 1,2 million de visiteurs par an. Une reconnaissance internationale pour l’expert en art contemporain.

sept dernières années, c’est aus- si grâce aux expositions tem- poraires qu’a organisées Emma- nuel Guigon. On retiendra notamment l’exposition pho- to de Nicholas Nixon consacrée aux sœurs Brown, ou encore les Bijoux d’artistes qui ont attiré des milliers de visiteurs de toute la France. “Monter une exposition, ça a un réel sens éco- nomique. C’est comme ça qu’on attire du monde. Mais comme je n’avais pas les moyens d’or- ganiser une exposition à 3 mil- lions d’euros consacrée à Mon- drian ou à Poussin, je me suis débrouillé autrement, avec les amitiés que j’ai dans le monde de l’art. Il faut comprendre qu’un musée ne peut pas décol- ler sans une politique ambi- tieuse d’expositions” estime M. Guigon. S’il était resté à Besan- çon, il avait déjà en tête l’une des prochaines expositions qu’il aurait souhaité organiser ici : “Une exposition sur les Gran- velle. On a déjà un palais, une bibliothèque et un chef-d’œuvre absolu avec le tableau du Bron- zino. Une partie de la collection des Granvelle se trouve à Madrid avec des tableaux du Titien, de Dürer… J’imaginais déjà une telle exposition en co- production avec le musée du Prado.” Sa fougue et son enthousias- me, Emmanuel Guigon les met- tra désormais au service d’un des plus grands musées du monde. C’est parmi 14 candi- dats de renommée internatio- nale que le Mortuacien d’ori- gine a été choisi pour prendre

C omme les travaux du musée bisontin qui ne rouvrira ses portes qu’en 2018 lui ont peut-être laissé un peu trop de temps libre pour gamberger, c’était sans doute le meilleur moment pour lui de prendre sa décision. Peut-être aussi en

du musée de Besançon font d’un seul coup pâle figure… Pourtant, aucune condescen- dance dans les propos d’Em- manuel Guigon au moment de faire ses valises pour la Cata- logne. Le conservateur se dit “très fier de tout ce qui a été accompli en huit ans à Besan-

avait-il un peu mar- re de “la médiocrité de certains ici à Besan- çon” comme il le lais- se entendre. Il y a sur- tout le fait qu’une offre

çon” avec l’organisa- tion d’expositions rendues possibles, non pas grâce à des moyens financiers illimités, loin de là,

Le Mortuacien Emmanuel Guigon s’apprête à faire ses valises pour la capitale catalane qu’il rejoindra début octobre.

Choisi parmi 14 candidats de renommée internationale.

d’avoir une pensée émue pour son père, Robert Guigon, ancien adjoint au maire de Morteau. C’est lui qui a donné à Emma- nuel ce goût du savoir et cet- te curiosité pour les choses de l’art. En juillet, M. Guigon a tenu sa première conférence de presse de nouveau directeur devant un parterre d’élus catalans et de journalistes internationaux. Il devra gérer et animer la plus grande collection au monde des premières années de Picasso, de ses périodes rose et bleue

notamment. Un immense chal- lenge s’ouvre pour l’ex-Mor- tuacien. Un challenge à la mesure de sa personnalité. De Catalogne, Emmanuel Gui- gon n’oubliera pas ses racines mortuaciennes. Si ses parents sont décédés, il met toujours un point d’honneur à revenir sur ses terres natales au moins une fois par an. C’est là qur son caractère s’est forgé. Un mélan- ge d’opinâtreté, d’exigence et de rigueur, le tout, avec le sou- rire. n J.-F.H.

les rênes du musée Picasso. Sa connaissance pointue de l’Es- pagne - il a notamment diri- gé l’institut d’art moderne de Valence - l’a sans doute aidé à décrocher le poste même si, à Barcelone, “je vais être obli- gé d’apprendre le catalan. L’es- pagnol ne suffit pas” sourit- il. Après audition devant un jury, “c’est le 1 er adjoint au mai- re de Barcelone qui m’a télé- phoné pour me dire que j’étais retenu.” Au moment où il a su qu’il était retenu, Emmanuel Guigon n’a pas pu s’empêcher

comme celle-là, non seulement elle ne se présente peut-être pas deux fois dans une vie, mais surtout elle ne se refuse pas. En devenant à partir du 1 er octobre prochain le nouveau directeur du musée Picasso de Barcelone, Emmanuel Guigon, né à Morteau, accède à la tête d’une institution internatio- nale qui reçoit chaque année plus d’1,2 million de visiteurs. Les quelque 50 000 visiteurs

mais grâce au carnet d’adresses très fourni de ce spécialiste international du surréalisme et des avant-gardes historiques. Il part aussi avec la satisfac- tion d’avoir engagé l’ambitieux projet de rénovation du musée de Besançon qui aura nécessi- té “de vrais efforts et une vraie volonté politique.” Si le musée de Besançon s’est fait un nom au-delà des fron- tières régionales durant ces

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