Journal C'est à dire 223 - Août 2016

É C O N O M I E

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Morteau Florence Sentilhes donne du peps à la marque Péquignet Cette femme de 48 ans n’est pas issue du sérail horloger, mais elle est bien décidée à en apprendre les codes. Elle vient de prendre la tête de l’entreprise Péquignet. Son rêve : en faire l’horloger français incontesté.

I l était en poste depuis 2012. Au début de l’été, Laurent Katz a quitté la direction de Péquignet, après être parvenu à stabiliser la socié- té. Il se retire de l’appareil opé- rationnel mais conserve un rôle de conseil dans l’entreprise hor- logère qu’il a repris il y a quatre ans avec Philippe Spruch son co-actionnaire. Début juin, il a donc cédé sa place à Floren- ce Sentilhes. Comme son pré- décesseur, cette femme de 48 ans n’est pas issue du sérail hor- loger. Mais elle est bien décidée à en assimiler les codes. “Un secteur d’activité, ça s’apprend ! Si on a les bons réflexes, les compétences, ce n’est pas le plus difficile” annonce la nouvelle responsable qui peut se fier à son expérience professionnelle. Son parcours est atypique puis- se qu’elle est passée par les nou- velles technologies avant de migrer vers le mobilier design (elle a dirigé Mirima Design). Récemment, cette Lyonnaise a même collaboré avec le desi- gner Philippe Starck dans un projet de start-up. Son appétence pour le marke- ting et le commerce, ainsi que son ouverture sur l’étranger, vont donner du peps à la marque Péquignet dont elle est convaincue du potentiel. “C’est une belle boîte qui a un capi- tal de marque et un savoir-fai- re” dit-elle.

Mais Florence Sentilhes qui a rencontré Émile Péquignet, ne veut pas précipiter les choses et se disperser. Elle s’est fixée comme objectif un retour aux sources. “À sa manière, Mon- sieur Péquignet a été visionnaire. Il est sorti de la dimension tra- ditionnelle de la montre en déve- loppant des modèles originaux, propres à la marque. Nous devons capitaliser sur cette his- toire. Je souhaite que l’on renoue avec les valeurs et avec l’A.D.N. par plusieurs phases. Tout d’abord le catalogue de la marque sera simplifié afin de lui donner plus de clarté. Ensui- te des modèles qui ont fait le succès de Péquignet auprès de la clientèle féminine comme la Cameleone et la Moorea devraient être retravaillés. “Il faut simplifier notre catalogue. L’idée n’est pas de tomber dans la montre fashion, mais de se positionner sur le segment de la montre luxe, chic et élégante. Cela ne doit nous interdire d’ajouter de la couleur.” Évi- demment, le Calibre Royal, le mouvement mécanique manu- facturé de la marque reste son atout luxe. Le contexte économique défa- de Péquignet. Un gros travail a été fait par Lau- rent Katz, nous devons enfoncer le clou” explique la responsable. Sa stratégie va passer

vorable à l’horlogerie en ce moment ne freine pas l’en- thousiasme de Florence Sen- tilhes. Elle est optimiste sans être naïve. “Le marché est com- pliqué, c’est une réalité. Juste- ment, cela peut-être une oppor- tunité. C’est maintenant que nous devons réfléchir à notre positionnement pour nous sin- gulariser. J’ajoute que l’action- naire continue à investir dans Péquignet. C’est une donnée très importante. Il y a deux façons marque horlogère mortuacien- ne a ouvert un chantier impor- tant d’un point de vue marke- ting et de communication. “Nous avons besoin de faire parler de nous. Comme nous n’avons pas les moyens des grandes marques suisses, il faudra que l’on fas- se preuve de créativité” concède Florence Sentilhes qui rêve que Péquignet devienne l’horloger français incontesté. La marque a signé un partenariat pour trois ans avec l’équipe de France de Handball qui a brillé aux J.O. de Rio puisque les équipes mas- culine et féminine ont rappor- té l’argent. Souhaitons à Péqui- gnet de décrocher l’or. n de voir les choses. Per- sonnellement, j’ai ten- dance à voir le verre à moitié plein.” En plus d’un travail sur les gammes, la

“La montre luxe, chic et élégante.”

T.C.

Florence Sentilhes a pris ses fonctions au mois de juin.

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