Journal C'est à dire 222 - Juin 2016

V A L D E M O R T E A U

Morteau “Je ne pouvais pas laisser s’évanouir tous ces souvenirs”

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr t Retrait F t Épar HF t 1MB cement t 1 révoyanc F t Aut P t .P t P t )BCJU ation t L PJTJST t Commerc FT t &OU reprise

C’ est à dire : Dans les premières pages de votre livre, vous expli- quez que les soldats français de retour d’Algérie se sont murés dans le silence. Ladéfai- te était-elle si lourde à porter ? Denis Roy : On nous a envoyés enAlgérie pour qu’elle reste fran- çaise. Or, elle est devenue indé- pendante. Les gens de ma géné- ration, mobilisés entre 1954 et 1962 sont donc rentrés avec le sentiment de n’avoir pas rempli leur mission. Même si militaire- ment nous pouvions considérer que nous avions gagné la guerre, nous l’avons perdue politiquement (N.D.L.R. : l’Algérie est devenue indépendante le 2 juillet 1962 sui- te aux accords d’Évian). Non seu- lement nous n’en parlions pas car nous n’étions pas satisfaits, mais on ne nous posait pas de ques- tions sur ce que nous avions vécu ! Il faut se remettre dans le contex- te de l’époque. La France assis- te au retour des pieds noirs, des harkis se font massacrer, ces évé- nements marquent l’opinion, bien plus que notre retour. Une fois à la maison, chacun a repris ses activités à une période où, par chance, la croissance économique était forte. Nous avons tourné la page.

Denis Roy rompt le silence et raconte sa guerre d’Al- gérie dans un livre intitulé “Commando de chasse, Algé- rie une jeunesse à l’épreuve”. Un livre autobiographique qui se lit presque comme un roman et dans lequel son histoire rencontre la grande Histoire.

Càd : Comment vous ont consi- déré les anciens combattants de la seconde guerre mon- diale ? D.R. : Ils ont mis du temps à accepter que nous avions fait une guerre. Il est vrai que la guerre d’Algérie était une guerre révo- lutionnaire sans aspect specta- culaire contrairement aux deux guerresmondiales. Il n’y avait pas de front établi. Le front était par- tout. Il n’y avait pas de bataille rangée comme dans les conflits précédents. J’ajoute qu’à l’époque il y avait une certaine censure durant les événements. On par- lait rarement des morts et des blessés en Algérie. Il a fallu attendre le 18 octobre 1999 pour que les opérations qui ont été menées là-bas soient reconnues “Guerre d’Algérie”. Souvenons- nous que 25 000 soldats français ont été tués dans ce conflit, des appelés pour la plupart. Càd : Vous avez 79 ans. Pour- quoi ce livre, pourquoi main- tenant ? Le temps était-il venu pour vousde rompre le silence ? D.R. : Ce livre a mis du temps à mûrir. J’en ai eu l’idée lorsqu’un de mes hommes, un Breton, a retrouvé ma trace en 1999. Il a déboulé un jour à lamaison après avoir retrouvé dans ses papiers notre faire-part demariage que je lui avais fait parvenir après la guerre. C’est comme cela que j’ai rencontré le noyau dur du com- mando 51 dont je faisais partie. Il existe entre nous la même ami- tié que celle qui pouvait exister entre les soldats des guerres pré- cédentes. Je me suis dit que je ne pouvais pas laisser s’évanouir tous ces souvenirs. J’ai commen- cé à écrire il yadeuxans,des bribes pour commencer, puis l’histoire. Par ce livre, je veux transmettre également un témoignage à mes petits-enfants. C’est le syndrome du grand-père qui leur raconte son histoire (rires). Je suis heureux d’être allé au bout de ce projet. Càd : Dans quel état d’esprit partaient les soldats français en Algérie ? D.R. : Il y avait une appréhen- sion. Nous ne savions pas ce que nous allions découvrir. On partait vers l’inconnu. Mais une fois sur place, chacun se retrouvait pris dans une dynamique de groupe. On ne réfléchissait plus indivi- duellement. J’ai été frappé par cette solidarité, cette unité qui existait entre nous et qui nous permettait de supporter les mau- vais moments. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien si on se retrouve toujours avec les gars de mon groupe. À mon retour d’Algérie, j’étais animé par deux choses : l’envie de privilégier la négocia- tion à la violence, et je me suis engagé en tant qu’ancien com- battant pour défendre les droits et la mémoire des soldats qui ont servi là-bas. Càd : La guerre d’Algérie est souvent résumée aux actes de torture perpétrés par l’armée française. Vous regrettez cet- te approche. Pourquoi ?

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Sur 28 mois de service militaire, Denis Roy a servi huit mois en Algérie, de juin 1960 à avril 1961. Il était sous-lieutenant au sein du commando 51.

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D.R. : Quand on a commencé à parler de la guerre d’Algérie, on a parlé de la torture comme d’une généralité. Cela a donné une ima- ge extrêmement négative des sol- dats français qui étaient là-bas et pour qui la réalité du terrain n’était pas celle-là. Càd : Quel était votre quoti- dien ? D.R. : Le quotidien était très varié. Je faisais partie d’une petite uni- té mobile de cent hommes. Dès qu’il y avait un accrochage, une fouille, on y allait. Quand nous n’étions pas enmission, nous par- tions sur le terrain chercher des renseignements. Dans notre com- mando, les officiers étaient des Saint-Cyriens, ils étaient cultivés et avaient une vision globale des choses.Ils n’étaient pas des foudres de guerre. Leur souci était de pro- téger leurs hommes. En voyant l’état de la population dans les zones de montagne, on pouvait comprendre que lesAlgé- riens avaient envie d’une vie meilleure. J’ai vu des gens vivre en hiver dans des “maisons” faites de branchages. Je ne pense pas que la présence de la France en Algérie ait été négative,au contrai- re. Le problème est que les ser- vices mis en place comme la sco- larisation s’arrêtaient aux limites des circonscriptions. Càd : A votre retour d’Algérie, l’homme de gauche que vous êtes a-t-il hésité à rempiler dans l’armée ? D.R. : J’avais fait l’école d’offi- cier. J’étais sous-lieutenant enAlgé- rie. Pourtant, j’ai décidé de ne pas

rempiler. J’avaismon boulot d’ins- tituteur, ma fiancée m’attendait, j’ai tourné la page. Je l’ai tour- née d’autant plus facilement que l’on construisait notre vie de famil- le, j’avais des engagements poli- tiques, associatifs,et puis le contex- te n’était pasmorose enFrance où la dynamique économique était là. Càd : La France a une armée de métier. Serait-il concevable de mobiliser la jeunesse aujourd’hui dans le cadre d’un conflit comme votre généra- tion a été mobilisée pour la guerre d’Algérie ? D.R. : J’ai dumal à imaginer que l’on puisse mobiliser aujourd’hui une jeunesse comme la nôtre a été mobilisée par le biais de la conscription. On pourrait peut- être le concevoir si l’existence même de notre pays était mena- cée. Mais pour un conflit lointain comme ce fut le cas de l’Algérie, je ne l’imagine pas. D’ailleurs, nous avons une armée françai- se professionnelle qui est sans doute la meilleure d’Europe. Càd : Comment percevez-vous le rôle que joue laFrance dans la lutte contre le terrorisme ? D.R. : Je suis heureux et fier que la France tienne son rang dans la lutte contre le terrorisme, y compris par rapport au peuple algérien. Souvenons-nous que ce peuple a souffert du terrorisme islamiste. Je déplore néanmoins que l’Europe n’ait pas mis en pla- ce les structures de lutte contre ce fléau et qui auraient leur rôle à jouer. n Propos recueillis par T.C.

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“Commando de chasse, Algérie une jeunesse à l’épreuve” par Denis Roy - Préface de François Gérin-Roze, général d’armée denis.roy238@yahoo.fr - Tél. : 03 81 67 18 49 26, rue Louis Pergaud - 25500 Morteau Disponible aux librairies Les Trois Souhaits et Rousseau à Morteau

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