Journal C'est à dire 221 - Mai 2016

V A L D E M O R T E A U

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Villers-le-Lac L’abbé Siron a fêté ses 100 ans Le temps ne semble pas avoir de prise sur Constant Siron originaire du hameau du Chauffaud à Villers-le-Lac. Tout jeune centenaire qui quel que soit le costume : fils, frère, oncle, abbé a toujours prêché la bienveillance et l’amour de son prochain.

L e rite est immuable, toute journée de l’ab- bé Siron débute par des mots croisés. Un tour de chauffe céré- bral avant de dire sa messe à 10 heures S’il est parfois sujet à quelques soucis de santé à son grand âge, il n’a rien perdu de son intégrité intellectuelle et cite des épisodes de sa vie, des noms de lieux, des prénoms d’ar- rière-petits-neveux avec cette facilité déconcertante qui for- ce l’admiration de tous ceux qui l’ont côtoyé. Quand on l’inter- roge sur cet anniversaire sécu- laire, il répond simplement. “Un jour comme un autre, même si je me demande parfois pourquoi

je suis toujours là, s’interroge l’abbé Siron tout en reconnais- sant : “J’ai la chance d’avoir une famille qui s’occupe bien de moi.” Une façon comme une autre de saluer le dévouement Thé- rèse Siron, sa petite sœur de 90 ans qui l’assiste depuis 35 ans et son neveu et sa nièce, à savoir Bernard et Agnès toujours de service. À 100 ans, Constant Siron est non seulement le doyen de Levier où il réside aujourd’hui, mais aussi d’une famille qui compte plus de 180 descendants. Il ne compte d’ailleurs plus les bap- têmes, mariages et enterrements célébrés dans le cercle familial. Son histoire débute le 21 avril

1916 sur les hauteurs de Villers- le-Lac et plus précisément au hameau de Côte Grillon où il voit le jour au foyer de Léon Siron et Marie-Sophie Billod. Cadet d’une famille de sept enfants dont quatre sont enco- re en vie, il passe une partie de son enfance entre la ferme de La Faye à Fuans et celle du chalet aux Granges-Maillot à Levier où toute la famille Siron s’installe en 1923. Sa vocation sacerdotale est pré- coce. “Personne ne m’a jamais poussé vers cette voie” , précise celui qui rentre au séminaire de Consolation à l’âge de 11 ans. Il en sortira à 17 ans, Bac en poche, causant couramment latin et

À 100 ans, l’abbé Siron n’a rien perdu de sa vivacité intellectuelle.

grec. Il poursuit sa formation à Faverney puis au grand sémi- naire de Besançon. Comme tous les garçons de son âge, il n’échap- pe pas au service militaire où il devient sous-officier basé à Saint- Jean-Rohrbach en Moselle. Sauf qu’avec la déclaration de guer- re, il se retrouve bien malgré lui enrôlé dans une spirale dont il ne ressortira qu’en 1945. Fait prisonnier avec sa compa- gnie en juin 1940, il traverse à pied la Belgique puis la Hol- lande. La fin du voyage s’ef- fectuera en péniche pour se retrouver dans un camp de tra- vail à Bonn avant d’être envoyé en 1943 à Dortmund où il sera ouvrier agricole dans trois fermes

d’hui, il n’a même pas le temps de savourer sa nomina- tion de vicaire à Pontarlier qu’on le mute, sans lui demander son avis, dans l’équipe des mis- sionnaires diocésains à École. Là, pendant 25 ans, il va prê- cher la bonne parole de village en village. “On y restait une semaine ou deux.” Le diocèse de Besançon n’a plus de secret pour lui. Ces rencontres s’inscrivaient le plus souvent dans un souci d’écoute, d’échange, de solida- rité sans volonté de convertir ou d’imposer le respect strict des règles religieuses. Les cafés phi- lo avant l’heure. Cette liberté dérange la curie et sera sans doute à l’origine de la ferme- ture de la mission dio- césaine. l’a oublié, en bien. Inséparable de sa voiture qu’il conduira jus- qu’à ces dernières années, il prend finalement sa retraite en 1996 et va s’établir à Levier près du berceau familial. Comme quoi l’ouverture aux autres, ça conserve. n F.C. Constant Siron se retrouve nommé en 1971 à la paroisse de Frasne où personne ne

différentes. “Je n’ai pas vraiment été malheu- reux” , souligne l’abbé qui retournera rendre visite à ses anciens “employeurs”. En 1945,

Les cafés philo avant l’heure.

à son père qui l’attendait en gare de Besançon, il annonce : “Je t’ai battu d’un mois !” , en référence aux 95 mois passés à servir son pays. Libération qui rime aussi avec retour au séminaire de Besançon. Après son ordination en 1946, soit 70 ans de sacerdoce aujour-

Après son ordination en 1946, il rejoint l’équipe des missionnaires diocésains à École.

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