Journal C'est à dire 221 - Mai 2016

L E P O R T R A I T

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Laval-le-Prieuré

Pascal Binétruy : “La promotion a tué la critique cinématographique”

Cinéphile depuis l’adolescence, cet enseignant mortuacien qui s’est beaucoup investi dans la promotion du 7 ème art collabore depuis une dizaine d’années à la revue Positif.

comme je l’ai fait dernièrement avec Samuel Collardey. Il y a aussi des articles liés à l’his- toire du cinéma, des notes de lec- ture et le dossier du mois sur une thématique spécifique.” S’il regrette la fermeture des petites salles de campagne, Pas- cal Binétruy apprécie tout autant les bienfaits d’Internet quand il s’agit de communiquer et d’échanger rapidement des informations. Avec le temps, il a fini par s’imposer comme le correspondant de Positif dans le grand Est de la France où il court les festivals. En vit- il ? Pas vraiment, car tout relè- ve du bénévolat. “La critique ne nourrit pas son homme” , sourit celui qui continue à enseigner. Soucieux de sensibiliser les jeunes au 7 ème art, il s’est long- temps occupé de l’option ciné- ma quand il était au lycée. Exer- çant aujourd’hui au collège, il poursuit dans cette démarche mais de façon moins approfon- die. Question de maturité tout simplement. Tout comme il n’in- tervient plus directement dans la programmation de l’Atalan- te, se limitant à distiller quelques conseils. Même avec des outils numériques, on ne s’improvise pas critique de ciné- ma. Pascal Binétruy estime qu’il faut dix ans pour former les goûts cinématographiques d’une personne. Cela sous-entend,

À 57 ans, Pascal Biné- truy semble déjà nos- talgique d’une époque bénie du cinéma, cel- le d’avant la télévision où l’on trouvait des salles obscures dans pratiquement chaque bourg- centre. “Ici on avait le choix entre quatre salles avec le Paris et l’Atalante à Morteau, le Vox à Villers et la salle Saint-Michel aux Fins.” L’embarras du choix

torat en littérature. Fondée à Lyon en 1952 par Bernard Char- dère, c’est l’une des plus anciennes revues françaises avec les Cahiers du cinéma dont elle est d’ailleurs la rivale. Tirée à 20 000 exemplaires, la revue Positif est diffusée dans toute la France. Avant de se lancer dans la cri- tique, Pascal Binétruy va d’abord s’investir durant près de 25 ans

pour le jeune adolescent qui va se forger sa propre culture cinéma- tographique, partagé entre les films popu- laires et art et essai. “C’est l’éducation de

dans la programmation et l’animation de la sal- le Art et Essai de l’Ata- lante à Morteau. Le troi- sième épisode d’un scé- nario qui s’achèvera avec le lancement du

“La critique ne nourrit pas son homme.”

Pascal Binétruy collabore depuis une dizaine d’années à la revue mensuelle de cinéma Positif.

selon lui, d’acquérir une large culture, d’entraîner sa curio- sité et de se garder des préju- gés en dénigrant, par exemple, les films trop populaires ou inversement. “J’aime tout ce qui est bon dans le cinéma, y com- pris dans sa diversité” , poursuit celui qui visualise en moyenne un nouveau film par jour, au cinéma ou en D.V.D. Après avoir surmonté la concur- rence de la télévision et du numérique, le cinéma retrouve un second souffle depuis

quelques années. La production française est florissante. “L’offre s’avère très riche mais, atten- tion, il n’y a pas des chefs- d’œuvre partout comme on vou- drait nous le faire croire. Aujour- d’hui à la télé, la promotion a tué la critique. Le discours est devenu trop consensuel.” Quand on lui demande quels sont ses derniers coups de cœur, il cite bien sûr “The revenant” mais aussi “Les ogres” de Léa Feh- ner et “Suite armoricaine” de Pascale Breton qui constitue

pour lui la bonne surprise du cinéma français. “Cela devient de plus en plus compliqué d’in- fléchir l’opinion. La critique est de moins en moins prescriptive même si elle a gagné tous ses combats en réussissant notam- ment à imposer le cinéma com- me art. Il faut aussi admettre que la critique peut se tromper” , conclut celui qui trouve enco- re le temps piloter la commune de Laval-le-Prieuré. Mais ceci est un autre film… n F.C.

festival de Morteau où il jouera les premiers rôles. “Ce rendez- vous était axé sur les cinémas nationaux. On a reçu beaucoup d’invités. C’est riche d’échanges.” De quoi finaliser en quelque sor- te l’esprit critique du cinéphi- le qui tente sa chance en sou- mettant à sa revue fétiche une proposition d’article. “Cette col- laboration remonte à une dizai- ne d’années. Positif comporte dif- férentes rubriques : critiques, entretiens avec des réalisateurs

base. Elle apporte une vision très éclectique. À chacun ensuite de faire son tri par soi-même.” Nais- sance d’une passion qui le pour- suit encore. À partir du lycée, il se met à lire des critiques, des entretiens avec des cinéastes dans des revues spécialisées. On passe alors au stade de la formation écrite. “C’est là que j’ai découvert Posi- tif” , explique celui qui suivra un cursus universitaire à Besan- çon jusqu’à l’obtention d’un doc-

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