Journal C'est à dire 218 - Février 2016

D O S S I E R

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Gilley “Le téléski a payé les vaches mais jamais l’inverse” Le réchauffement climatique sur la montagne de Gilley, Gérard Cha- bod n’y croit guère, lui qui exploite depuis 42 ans la dernière station 100 % privée du Jura. Un sacerdoce. Bienvenue aux Clochettes.

“J e ne suis pas convaincu par le réchauffement cli- matique. Je dis que ce sont des cycles. On a connu des années avec un enneigement exceptionnel et d’autres beau- coup plus précaires mais on a toujours pu ouvrir” , explique Gérard Chabod à la tête de cet- te petite station qu’il a créée en

1974 avec son frère Pierre. À l’époque, ils étaient agricul- teurs sur de modestes exploi- tations. D’où l’idée de se diver- sifier dans les sports d’hiver sachant qu’ils avaient déjà quelques atouts dans leur jeu notamment avec des terres pro- pices au ski alpin. “On était pro- priétaire du foncier. La banque nous a soutenus assez facile-

ment.” Les frères Chabod ont choisi d’investir dans un téléski à enrouleurs Made in Italie. Bon choix apparemment car cet équi- pement est toujours d’actuali- té. “On l’entretient régulièrement pour qu’il reste aux normes. On n’a jamais fait l’impasse sur la sécurité.” Pour le damage, les deux frères ont expérimenté plu- sieurs systèmes notamment en

montant des chenilles sur une Citroën D.S. 19. “Cela tournait un peu trop vite et le résultat n’était pas très satisfaisant. On a trouvé le bon compromis en montant un train de chenilles sur un tracteur Mac Cormick Utility. C’était nickel.” Pour l’exploitation, tout repo- sait et repose encore sur l’en- tente familiale. Une affaire de couples avec les épouses Marie- Rose et Bernadette. Puis le cercle s’est élargi aux enfants puis aux petits-enfants toujours ravis de venir donner un coup de main sur le site où ils ont appris à skier. Pour ceux qui ne connais- sent pas encore le site, les Clo- chettes, c’est un grand champ de neige de 650 m de long sur 300 m de large. On y trouve aus- si une buvette, une salle hors

sac, sans oublier la location. Une mini-station intégrée. “On n’a jamais touché le moindre centi- me. C’est même nous qui réglons le déneigement des accès” , se plaît à répéter Gérard qui, entre les vaches et le ski, travaillait jus- qu’à 17 heures par jour en plei- ne saison. rêter. “Qu’est-ce qu’on ferait ?” , interroge son épouse Bernadette, partie prenante dans cette aven- ture où elle gère toute l’inten- dance. Après le décès de son frè- re en 1994, Gérard n’a pas bais- sé les bras. En 1999, il investit dans sa première vraie dameu- se, une italienne de marque Pri- noth. En pleine saison, la station des En retraite agricole depuis dix ans, il n’a tou- jours pas l’intention d’ar-

Clochettes mobilise une dizai- ne de personnes. On y vient en famille avec les enfants ou les petits-enfants. Pas besoin de remonter très loin pour évoquer quelques records de fréquen- tation comme ce fut le cas au cours des vacances de Noël 2014. ends et un mercredi en janvier. L’enneigement est assez impré- visible. Il faut être prêt. Quand on travaille avec ses sous, on tra- vaille différemment.” Question rentabilité, Gérard avoue qu’il n’a pas trop à se plaindre. “Les vaches n’ont jamais payé le télé- ski mais le téléski a permis d’acheter des vaches.” F.C. “Cet hiver 2015-2016 jus- qu’en février, on a pu ouvrir un week-end en novembre, deux week-

“Il faut être prêt.”

Après 42 ans de service aux Clochettes, Gérard et Bernadette Chabod n’ont toujours pas l’intention de profiter de leur retraite. Le travail, c’est la santé.

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