Journal C'est à dire 216 - Décembre 2015

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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La Chaux-de-Fonds

Le voisin suisse fait les yeux doux aux médecins français Pour combler le départ à la retraite de médecins, La Chaux-de-Fonds recrute 5 praticiens. Le voisin du Val-de-Travers fait de même. Une vingtaine a répondu à l’offre dont de nombreux Français. Cela aura-t-il un impact dans le Val de Morteau ?

meilleur argument de commu- nication pour attirer. Même constat dans le Val-de- Travers. Avec 8 médecins géné- ralistes sur 11 qui partiront en retraite ces prochaines années, “la pénurie qui s’annonce dans la région du Val-de-Travers est inquiétante” rapporte le conseiller communal en charge de la santé Thierry Michel. Pour remédier à cette situation “qui préoccupe le Conseil communal depuis plusieurs années” dit son représentant, le Val-de-Travers a annoncé en début d’année le lancement d’un partenariat public-privé, en étroite collabo- ration avec un privé, visant à créer un cabinet médical de groupe à Fleurier. De ce côté de la frontière, on appelle cela des maisons médi- cales. Sauf qu’en Suisse, la démarche entre public et le pri- vé diffère : “Notre partenariat se traduit de la manière sui- vante : un investissement 100 % privé avec le soutien de la com- mune sous forme de recherche active de médecins et de garan- tie de loyers pour les locaux inoc- cupés pendant une période défi- nie” détaille Thierry Michel. En France, des collectivités inves- tissent - parfois - dans les murs. Le Val-de-Travers a reçu depuis le début d’année de nombreux médecins. Une vingtaine de can- didatures au total : “Certains sont venus de Paris, Bordeaux, Lille… Ils ont bien conscience qu’ils ne vont pas exercer en vil- le mais nous insistons sur tous nos services et notre qualité de vie.” Une Bisontine a donné son accord. Elle ausculte depuis décembre. “Alors que le but visé était de débuter une activité

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D e ce côté de la fron- tière, le départ de médecins en Suisse voisine n’est pas nouveau. Les patients de Pon- tarlier sont confrontés à des délais plus longs. Les prati- ciens restants sont débordés. Le Val de Morteau, pour l’instant, ne connaît pas cet-

te tension. Mais à moyen ter- me, plusieurs médecins ins- tallés dans la capitale du Pays Horloger feront valoir leurs droits à la retraite, laissant des places vacantes. Nos voisins suisses ne sont pas mieux lotis. Mais ils anticipent. La ville de La Chaux-de-Fonds annonce le recrutement de 5

médecins grâce à une large opé- ration de communication ini- tiée depuis plusieurs mois. Elle apporte également un soutien aux cabinets de groupes en pro- posant un prêt sans intérêt pour 5 ans, puis à 3 % de la 6ème à la 10 ème année. Au-delà d’un certain art de vivre à la Suisse, le niveau de revenus est le

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médicale avant janvier 2016, le Conseil communal se réjouit d’avoir pu ouvrir avec un mois d’avance sur le planning” sou- ligne la Commune. L’activité médicale s’est mise progressivement en place avec l’installation de ce médecin bisontin, médecin de famille, spécialiste en gérontologie et médecine générale. “Cette première arri- vée sera progressivement suivie par celles d’autres médecins durant le premier semestre 2016, les démarches étant en voie de finalisation pour quatre prati- ciens supplémentaires. On sent

que de nombreux professionnels sont intéressés par la pratique de médecine en Suisse avec par exemple un temps minuté pour chaque consultation” explique Thierry Michel. Une situation

qui ne devrait pas fai- re les affaires des habi- tants du Haut-Doubs. Nombreux sont les médecins du secteur à

Un prêt sans intérêt.

s’interroger sur le fait de fran- chir ou non la frontière où la paperasse et les charges sont moindres mais les revenus plus élevés. Ce nouvel appel du pied pour convaincre les indécis. E.Ch.

Les Chaux-de-Fonniers auront en 2016 cinq nouveaux médecins.

40,5 millions d’euros nous passent sous le nez Au 1 er décembre dernier, il restait à la Franche-Comté 40,5 millions d’euros de fonds F.E.D.E.R. à consommer sur les 146,7 millions d’euros reçus. Idem pour les fonds “Interreg France-Suisse”. Fonds européens

S’ ils ne l’étaient pas avant mardi 15 décembre, 40,5 millions d’euros de fonds européens de développe- ment régional (F.E.D.E.R.) repar- tiront à Bruxelles pour être dis- tribués ailleurs ! En quelques jours, difficile à croire qu’un chef d’entreprise puisse boucler un dossier - souvent complexe - pour demander une aide finan- cière. Désormais gérés par la Région, les F.E.D.E.R. couvrent la recherche et le développement pour une entreprise, l’achat de matériel neuf…Un nouveau pro- gramme court jusqu’à 2020, enco- re plus ambitieux pour notre région : 679,7 millions d’euros, dont 145,7 millions de F.E.D.E.R. sont distribués… à condition que des projets soient proposés… L’Europe aide également for- tement le Pays Horloger via les fonds Interreg mais aussi toutes les zones proches de la frontiè- re. Gérés également par la Région, ces derniers sont sou- vent cités en exemple. Ils per- mettent à des projets trans- frontaliers entre France et Suis- se d’éclore. Selon la Région Franche-Com-

té qui gère le dossier, 66 millions d’euros ont financé des projets portant sur la mobilité, les tech- nologies, la valorisation du patri- moine en Franche-Comté et en Suisse voisine. Or, environ 6 mil- lions d’euros sont passés sous le nez notamment faute de porteur de projets ! Cela a concer- né l’axe “environnement” et “agriculture”. Un constat qui rend amer le président de la chambre d’Agriculture du Doubs Daniel Prieur. Celui-ci évoque le terme de “fongibilité” : “Ces fonds concernaient l’agriculture biologique. Il faut savoir quelle porte frapper à Bruxelles pour justement consom- mer ces crédits qui n’ont pas pu l’être. Si des crédits ne sont pas utilisés, alors ils sont perdus. On peut consommer 100 % avec ce mot magique de la “fongibilité”. Il faut assurer le service après- vente” dit-il. Interreg IV (programme de coopération territoriale euro- péen) a aidé 151 projets, com- me la restauration du pont de Biaufond, celui de la Goule (par- tenariat entre Charmauvillers et Le Noirmont), créer un pro- jet de covoiturage Arc jurassien,

ou des itinéraires de randonnée. Les Suisses (qui étaient moins aidés en volume) ont de leur côté tout consommé. Désormais, le nouveau plan court jusqu’à 2020. Il y a plus d’argent mais des conditions encore plus serrées pour les obtenir.

Ce nouveau programme soutiendra l’innovation (rapprochement des domaines de recherche pour 13 millions d’euros de fonds F.E.D.E.R. et 10,6 millions de francs

Un manque de projets déposés.

suisses), protégera et valorise- ra le patrimoine naturel et cul- turel (17 millions d’euros et 15,5 millions de francs suisses), encouragera le transport durable (25 millions d’euros et 15,8 mil- lions de francs suisses), favori- sera l’emploi et la mobilité de main-d’œuvre (7 millions d’euros et 5,9 millions de francs suisses). 37 projets sont déposés pour ce programme dont 8 l’ont été en octobre. À noter que la Franche-Comté n’est pas la seule dans ce cas : 14,7 millions d’euros en Alsace, 17,3 millions en Bourgogne, 48 millions en Champagne- Ardenne et 34,9 millions en Lor- raine n’étaient pas consommés.

Les fonds européens Interreg permettent de co-financer des projets franco-suisses, comme la rénovation récente du pont de la Goule (photo archive Càd).

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