Journal C'est à dire 216 - Décembre 2015

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S A N T É

L’hôpital de Pontarlier est en souffrance budgétaire Avec le changement du régime d’assurance-maladie des frontaliers, l’hôpital de Pontar- lier a perdu 3 millions d’euros de recettes qu’il lui faudra compenser en maîtrisant les dépenses, en limitant les charges et en augmentant les produits. Une délicate équation. Conjoncture

A près une année 2014 à l’équilibre voire légèrement excédentaire, l’hôpital se retrouve en posture délicate en 2015 avec ce déficit de 3 millions d’euros sur un budget de 95 mil- lions d’euros. Situation assez para- doxale car dans le même temps, l’activité est en légère croissan- ce. Sauf que l’hôpital s’est beau- coup modernisé ces dix dernières années. “Les recettes frontalières comptaient dans les amortisse- ments, ce qui rajoute une diffi- culté particulière. La sortie de ces investissements se fera à par- tir de 2027. Il faudra plusieurs années avant de retrouver une configuration normale” , explique le directeur Olivier Volle. Impossible de trouver facilement 3 millions d’euros. Le conseil de surveillance de l’hôpital a bien sollicité des aides dans ce sens.

Tableau : 787 lits et places au C.H.I.H.C. Secteurs Lits Places Médecine 110 4 Chirurgie 51 8 Maternité 22 Psychiatrie 35 21 Soins de suite et réadaptation 7 U.S.L.D. 30 E.H.P.A.D. 377 20 S.S.I.A.D. 82 Handicap adulte 15

“Le virage ambulatoire constitue un enjeu stratégique pour l’hôpital”, confirme Olivier Volle, le directeur.

“On va limiter les charges de per- sonnelles à hauteur de 1 %. On peut y parvenir en réduisant l’absentéisme de courte durée. Si on baisse de quelques points, on atteindra l’objectif. Cela sous- entend d’agir sur les conditions de travail.” La maîtrise des dépenses passe également par

leur travail. J’en veux pour exemple la crise qui a secoué l’équipe du C.M.P. avec cinq départs sur neuf personnes. Idem avec la suppression des blouses des secrétaires médi- cales décidée sans aucune concertation. Nous pensons qu’une gestion des ressources humaines bienveillante produira des économies financières. Le bonheur au travail, on y croit. Càd : Les actions menées par l’hôpital ne vous conviennent pas ? M.C. : On réclame la mise en place d’une politique vis-à-vis des risques psycho-sociaux. Un diagnostic devait être établi. Aujourd’hui à Pontarlier, on n’a toujours pas de document des risques psycho-sociaux. Quand on l’interroge à ce sujet, la direc- tion répond : “On va le faire. On n’a pas le choix.” Je pense qu’elle n’a pas compris l’intérêt écono- mique à améliorer les conditions de travail. On a l’impression de ne pas parler le même langa- ge. Propos recueillis par F.C. permettre d’augmenter les consul- tations et de gagner de la patien- tèle sans saturer le service. Avec la réduction de la durée moyen- ne des séjours, on a encore suf- fisamment de capacité d’accueil.” Olivier Volle souhaite poursuivre le virage ambulatoire engagé notamment en chirurgie. “Pour nous, c’est un enjeu financier et médical. En chirurgie ambu- latoire, il faut être bon dans les protocoles. Si on a toujours la même recette, on diminue les charges avec l’ambulatoire. Sans compter qu’en effectuant les actes à la journée plutôt que sur plu- sieurs jours, on réduit également les risques d’infection. On comp- te développer l’activité ambula- toire de l’hôpital de jour et en médecine avec une progression des actes notamment au niveau rhumatologie et demain en neu- rologie.” F.C.

dʼun foyer dʼaccueil spécialisé avec lʼassociation dʼhygiène socia- le de Franche-Comté et création avec lʼassociation Les invités au festin dʼune maison-relais com- prenant de lʼhabitat semi-col- lectif. “Ces deux projets peuvent exister lʼun comme lʼautre en sachant quʼils seraient locali- sés sur le site du Grandvallier. Lʼintérêt, cʼest dʼavoir une syner- gie entre le social et le psychia- trique.” Groupement Hospitalier de Territoire Pontarlier devrait, a priori, rejoindre Besançon et Dole dans le même G.H.T. “Lʼenjeu, cʼest de faire que les coopérations aient un sens pour définir une stratégie publique de lʼoffre de soins. Dans cette logique, Pontarlier aura à confor- ter le partenariat avec Morteau où lʼon organise déjà des consul- tations médicalisées.” fonctionne en coordination avec les médecins de santé au tra- vail. “ On est actuellement en train de réévaluer dans chaque unité de l’hôpital et sur les sites extérieurs le document technique en prenant en compte notam- ment les risques psycho-sociaux. La lutte contre l’absentéisme s’appuie sur une politique de prévention et d’analyses. Il y aura toujours des contrôles mais pas plus qu’avant.” Sur la question toujours sen- sible des C.D.I. et des titulari- sations, Françoise Bouday joue la prudence. “ On va aborder une période de grandes difficultés financières jusqu’en 2017. Un emploi de titulaire coûte 30 % plus cher au niveau des charges patronales qu’un C.D.I. La titu- larisation est forcément syno- nyme de suppressions de postes. À l’hôpital de Pontarlier, on a fait le choix de “stagiairiser” en priorité les catégories C, les plus précaires. Pour les catégo- ries B et A, certains ne seront jamais titularisés mais ils en sont avertis à l’embauche.”

Et demain ? Les projets de l’hôpital

Elles n’ont jamais abouti. La fin du droit d’option, annoncée depuis longtemps, ne pouvait-elle pas être anticipée ? “Non. Tous les investissements qui

des économies sur les fluides et le développe- ment d’une politique d’achat plus globalisée. “On a procédé à un recru- tement qui va dans ce sens.”

“On vient de recruter de nouveaux

Centre d’accueil thérapeutique

Télémédecine Pontarlier reste le siège dʼune expérimentation régionale sur le sujet. Plusieurs pathologies sont à lʼétude en dermatologie, psychiatrie, urgence sur les sites de Mouthe, Levier et peut-être Nozeroy. Reprise activité clinique Lʼavenir du service Soins de Sui- te et de Réadaptation nʼest tou- jours pas réglé à la clinique. “Cela dépendra de Capio propriétaire de la clinique et de lʼA.R.S. On souhaiterait que ces lits restent sur Pontarlier” dit le directeur. Psychiatrie Deux pistes sont à lʼétude pour améliorer la prise en charge du handicap psychique : ouverture

gynéco- logues.”

Lʼactivité perdure et sera trans- férée dans les mois à venir sur le site des rives du Doubs où le C.A.T.T.P. sera regroupé avec le centre médico-psychologique. Antenne S.M.U.R. Pays Horloger Ce projet est en cours de réflexion pour une mise en service pro- grammée en janvier 2017. A prio- ri, le principe serait de travailler avec les médecins libéraux cor- respondants du S.A.M.U. “On reprendrait leur dispositif en y associant des infirmières libé- rales”, explique Olivier Volle. Res- te à déterminer le site dʼimplantation entre Morteau ou le Russey.

Les enjeux budgétaires se décli- nent aussi au niveau des pro- duits. L’évolution positive de la tarification est une bonne nou- velle. L’hôpital compte aug- menter les recettes liées aux consultations et actes externes. “En maternité par exemple, on vient de recruter de nouveaux gynécologues. Ce qui devrait nous

pèsent aujourd’hui ont été enga- gés bien avant les changements du régime de santé des tra- vailleurs frontaliers” , estime le directeur qui n’a plus d’autre choix que de trouver des solu- tions pour réduire ce déficit. D’abord contenir tous les postes de dépenses en agissant par exemple sur la masse salariale.

L’avis de la C.F.D.T. “On voit des agents de plus en plus dégoûtés dans leur travail”

Par la voix de Mickaël Chenevez, la section C.F.D.T. dénonce une gestion trop comptable du personnel et préconise l’amélioration réelle des conditions de travail pour lutter contre l’absentéisme.

Personnel Le souci de réduire

l’absentéisme de courte durée L’hôpital a mis en place en 2014 une cellule de retour à l’emploi qui doit permettre entre autres de contenir l’absentéisme et améliorer, in fine, la performance hospitalière.

C’ est à dire : Comment peut-on réduire l’absentéisme ? Mickaël Chenevez : On vou- drait prioriser la lutte contre les maladies de travail qui ont progressé de 21 % dans les hôpi- taux français au cours des cinq dernières années. Ce n’est pas en recherchant plus de frau- deurs qu’on va obtenir des résul-

pression de postes d’aides-soi- gnantes à Mouthe. Inversement, on a rajouté des lits en méde- cine à Pontarlier sans person- nel supplémentaire. On ne demande pas des créations mais au moins pas de suppression qui vise à peser sur la charge de travail. Càd : Que préconisez-vous ? M.C. : Il faut arrêter d’appliquer des tech- niques comptables. On doit changer la maniè- re d’appréhender les ressources humaines. En annonçant sa volon- té de réduire l’absentéisme, la direction de l’hôpital de Pontarlier provoque un effet culpabilisant. C’est un discours blessant. Depuis un an, on constate une dégradation assez nette. On voit des agents de plus en plus dégoûtés dans

E n2014,letauxd’absentéisme s’établit à 8,54 %, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne française. “La ten- dance nationale est plutôt à la hausse. On arrive à contenir avec

plein sur un total de 1 096,80 équivalents temps plein rému- nérés. L’absentéisme pour motifs médi- caux est de 6,58 % dont 4,12 % pour maladie ordinaire. C’est

tats. On serait plus effi- cace je pense en agis- sant sur l’amélioration des conditions de tra- vail. Càd : La situation se dégrade-t-elle à Pon- tarlier ?

L’impression de ne pas parler le même langage.”

sur ce critère que sou- haite agir la direction. “Un gain de 10 % sur les maladies de cour- te durée représente 15 personnes supplémen- taires au travail” , jus- tifie la D.R.H.

l’ambition de faire mieux. Le taux d’absentéisme est plus élevé dans les E.H.P.A.D. car il y a beau- coup personnel féminin jeune donc plus de congés maternité qu’ailleurs. Les charges de travail sont

Toujours des contrôles mais pas plus qu’avant.

M.C. : La direction pratique la politique du lean manage- ment qui consiste à appliquer sans discernement la règle : tant de lits, tant de postes. Cela s’est traduit par exemple par la sup-

L’hôpital a créé en 2014 une cel- lule de retour à l’emploi dont la finalité consiste à définir un plan d’actions pour contenir l’absentéisme. Cette structure

aussi importantes dans ces ser- vices” , indique Françoise Bou- day, la directrice des ressources humaines. 8,54 %, cela repré- sente 149,8 équivalents temps

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