Journal C'est à dire 216 - Décembre 2015

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M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

La distillerie Bourgeois s’invite au pays de l’absinthe Fondu de distillation, Arnaud Bourgeois se lance dans la production d’absinthe en y intégrant les plantes aromatiques cultivées par son épouse Anne-Sophie, maraîchère à son compte. Arçon

À part l’anis vert, Arnaud Bourgeois utilise uniquement des plantes cultivées par ses soins. Rien que du bio.

L e nombre de distilleries d’absinthe a doublé en quelques mois sur le Haut-Doubs. On ne pré- sente plus celles de la rue des Lavaux et de La Cluse-et-Mijoux.

son épouse s’est lancée dans le maraîchage, il en profite pour semer les graines dont il aura besoin pour distiller le breu- vage qu’il compte bien com- mercialiser. “On cultive gran- de et petite absinthe, hysope, mélisse, Comme ses confrères, il impor- te l’anis vert car cette plante méridionale ne s’acclimate pas aux frimas jurassiens. Pas de bonne absinthe sans des ingré- dients de qualité. Le reste est une affaire de dosages, de matu- ration. On entre là dans le secret des dieux de l’alambic. La dis- tillerie Bourgeois produit trois coriandre, fenouil…Rien que du bio” , explique le gérant de la distillerie Bourgeois.

variétés : la fine destinée aux connaisseurs, la blanche qui lais- se plus de place aux anisés et la verte recolorée avec une infu- sion de plantes. “On a déjà écou- lé deux cuvées en vente directe et dans différents magasins et épiceries fines.” Le distillateur annonce aussi qu’il a déjà un bon nombre de réservations pour les cadeaux d’entreprises. Les étiquettes de la distillerie Bourgeois mettent aussi à l’honneur un artiste com- tois. Charles Belle est l’auteur de la plante reproduite sur les bouteilles. “Pour moi, c’est une passion qui se concrétise” , appré- cie Arnaud Bourgeois qui envi- sage de produire assez vite un pastis aromatique. F.C.

Les deux nouvelles à Dompierre-les-Tilleuls et à la Grange-de-la-Mare àArçon en sont à encore leurs balbutiements. L’affaire de jeunes pas- sionnés.

L’alambic, c’est son truc.

Pour Arnaud Bourgeois, cela relève de l’atavisme familial. L’alambic, c’est son truc tout comme il s’est toujours intéres- sé aux plantes aromatiques et médicinales. Il a même suivi une formation spécifique dans ce domaine au C.F.P.P.A. de Mont- morot. Aussi, quandAnne-Sophie

La verte, la blanche et la fine : les trois absinthes distillées à la Grange-de-la-Mare à Arçon.

Thierry Cornot redonne du souffle à l’accordéon Dans son atelier-magasin situé près de Besançon, Thierry Cornot est un des derniers artisans à accorder et réparer les accordéons. On fait appel à son expérience de très loin. Dans le Saugeais notamment, ils sont nombreux à jouer des accordéons fournis soit par son grand-père Fernand Mercier, soit par lui-même. Découverte

A u plus lointain qu’il s’en souvienne, Thier- ry Cornot a toujours vu son grand-père Fer- nand Mercier, chapeau à plume de geai sur la tête, au milieu des accordéons dans la ferme familiale de Dannemarie, là où il est né. Comme un hommage à ce truculent personnage qui tel un maquignon allait de fer- me en ferme pour vendre un fusil, une horloge ou un accor- déon, le décor de l’atelier n’a pas changé. Avec ses posters d’anciennes ou d’actuelles gloires de l’accordéon épinglés au mur

matériel “sur les bras” à l’âge de 18 ans suite à la mort de mon grand-père dans un accident de voiture. À l’époque, je passais le Bac et mon style, c’était plu- tôt Z.Z. Top ou Pink Floyd… Après avoir passé mon Bac, je me suis quand même dit que c’était idiot de laisser perdre tout cela.” Une décision qui a chan- gé le cours de la vie de Thier- ry Cornot. Pendant plusieurs années, il ira régulièrement se former auprès d’un accordeur dans l’Ain, tout en poursuivant des études : 10 ans de fac d’histoire jusqu’au

les foires et les bourses aux ins- truments.” Si Internet a quasiment sonné le glas de ces bourses et autres foires, le web a eu un effet inat- tendu sur l’activité de Thierry. “J’ai fait un site, qui a mis un peu de temps à démarrer, mais qui marche très bien aujourd’hui. J’ai récemment vendu un accor- déon à Tahiti et envoyé un autre au Japon ! Et sur Facebook, je me suis retrouvé avec plus de 10 000 amis. Internet a donc changé beaucoup de choses, en mal car on a perdu toutes les relations conviviales qu’on pou- vait trouver dans les foires et Internet a lessivé le marché en faisant chuter les prix, mais aus- si en bien car ça a permis d’étendre mon activité presque à l’échelle mondiale.” C’est ain- si que depuis Dannemarie-sur- Crète, il se rend régulièrement au centre d’expédition le plus proche, un gros carton dans les mains, pour expédier un ins- trument aux quatre coins du monde. Le jour de notre ren- contre, Thierry Cornot venait d’envoyer un accordéon dans le Sud de l’Italie. Son site accor- deoncomtois.com est désormais référencé en tête des recherches sur la toile. La force de Thier- ry Cornot, c’est le service après-

de l’entrée, sa collection d’accordéons dont les plus anciens remontent au milieu du XIX ème siècle, son atelier où s’entassent dans un joyeux cirque des mil- liers de pièces détachées, l’endroit est resté dans

doctorat. L’accordéon ne faisant pas encore manger son homme, Thierry Cornot sera prof remplaçant pen- dant plusieurs années, guide au château de Moncley ou encore for- mateur en milieu car-

Thierry Cornot au milieu d’une partie de sa collection qui compte des dizaines d’instruments parfois vieux de plus de 150 ans.

“Je me suis retrouvé avec plus de 10 000 amis sur Facebook.”

vente qu’il assure à ses clients. Le nombre d’accordeurs en Fran- ce se résume aujourd’hui à une petite poignée. Toutes les écoles de musique du Grand Est font appel à ses services, des Vosges à la région lyonnaise. “J’ai des pièces de rechange pour encore plusieurs générations” sourit le passionné. À bientôt 60 ans, Thierry sait que ce savoir-faire ne pourra sans doute plus se transmettre. “Mes enfants et petits-enfants ne sont pas du tout là-dedans.” Pourtant l’accordéon, sur lequel colle une étiquette d’instrument

“ringard”, a bien évolué, comme sa pratique. Fini le musette de grand-maman, des groupes se sont approprié cet instrument et continuent à le faire, com- me l’avaient déjà utilisé des Bar- bara, Brassens ou Ferré dans leurs compositions. “L’accordéon est devenu un instrument des musiques alternatives et des musiques du monde confirme Thierry Cornot, comme la musique tzigane notamment. Il y a aussi l’accordéon folk qui est enseigné même localement à la M.J.C. de Palente par exemple. Dans les années soixante-dix,

vous preniez des tomates en plei- ne tête quand vous disiez que vous jouiez de l’accordéon. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. C’est pour cela que je res- te très optimiste sur l’avenir de l’accordéon.” De quoi redonner une lueur d’espoir à ce vrai pas- sionné, un homme de culture qui a compris que l’accordéon comptait parmi ces instruments qui faisaient sans doute appel au plus profond de l’âme humai- ne. Dans son antre de Danne- marie, le son de l’accordéon n’a pas fini de résonner. J.-F.H.

son jus. Et Thierry Cornot, le petit-fils qui a hérité presque par hasard de cet étonnant bric- à-brac perpétue fidèlement la tradition dans un métier en voie de disparition : accordeur et répa- rateur d’accordéons. “Je ne me destinais pas du tout à faire ce métier reconnaît Thierry Cor- not, bientôt la soixantaine. Je me suis retrouvé avec tout ce

céral, jusqu’à ce qu’il décide de consacrer 100 % de son temps à cet instrument qu’il avait appris à apprivoiser. “À la fin des années quatre-vingt, l’accordéon est revenu à la mode. J’ai monté ma société. Depuis, je vends, j’accorde et je répare les instruments. Pendant des années, jusqu’à l’avènement d’Internet, j’ai écumé les salons,

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