Journal C'est à dire 216 - Décembre 2015

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P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

Orchamps-Vennes

La famille Bertin modernise l’outil de production de Jurasciages Désormais dirigée par Lucile Bertin, Jurasciages se dote d’une nouvelle machine pour augmenter son volume de sciage et sa compétitivité. Un inves- tissement d’1,2 million d’euros.

“D ans la famille, la sciure coule dans nos veines” s’amuse Jeanne Bertin, alerte octogénaire qui a travaillé dans la scierie fami- liale avec son mari Henry, décé- dé il y a 5 ans. Basé au centre d’Orchamps-Vennes sur un ter- rain de 4 hectares, l’outil de pro-

duction est aujourd’hui dirigé par Lucile, la petite-fille qui a repris le flambeau familial. Ce pur hasard assure la pérenni- té de la société qui coupe et façon- ne du sapin local, de l’épicéa ou du Douglas. “Trouver un repre- neur aurait été très difficile voi- re impossible car l’investissement est très important” concède Ray-

Lucile, Yves et Raymond Bertin (de gauche à droite) accompagnés d’Olivier Poux (à droite).

mond Bertin, l’oncle. La repri- se par un membre de la famille est donc un salut : “Lorsque j’ai remplacé une personne partie en congé maternité, je ne pensais pas rester. Quatre ans plus tard, je suis toujours là…” confie Luci- le Bertin qui connaît désormais les ficelles du métier après s’être formée. 43 salariés, en majorité des hommes, sont dirigés par cet- te femme accompagnée dans ses décisions par Yves, son père. “Nous venons d’investir 1,2 mil- lion d’euros dans une machine, s’adapter à la demande du mar- ché” confie Lucile Bertin. Gérée par des lasers et un ordinateur, la machine propose au techni- cien les bonnes cotes pour limi- ter les pertes dans les grumes. Elle optimise la production. Reporté en raison de la crise qui a touché toutes les scieries en 2008, l’investissement fonctionne depuis un mois. Une arrivée bienvenue d’autant que la fin d’année est chargée. Sans comp- ter une concurrence, venue notamment d’Allemagne, exa- cerbée : “Nous fonctionnons désormais en flux tendu : nous avons peu de visibilité. Le car- net se remplit au jour le jour. Nos clients commandent pour le lendemain. Avec cette machi- de fabrication françai- se et assemblée par un entrepreneur du Doubs, qui nous permet de pro- duire davantage et de

ne, nous pourrons répondre enco- re plus rapidement” témoigne Olivier Poux, responsable du développement commercial de l’entreprise. La production ira à la construc- tion de charpentes en bois : “Notre marché est à 90 % dans l’Ouest de la France. Dans notre région, il est saturé” précise le commercial. Les principaux don- neurs d’ordres sont les grandes surfaces de bricolage, les négoces en matériaux. Si le bois du Jura possède les meilleures qualités techniques pour la réalisation d’une charpente, il est boudé par les construc- teurs de maisons à ossa- ture bois. “Certaines entreprises locales pour- raient jouer le jeu…” regrette Olivier Poux. Entreprise familiale, Jurasciages développe des démarches qui tendent vers le développement durable. Même si la production demeure marginale, elle cou- pe certains bois “en bonne lune”. “Autrefois, les professionnels de la filière avaient remarqué que ces bois séchaient plus rapide- ment et étaient moins sensibles aux attaques fongiques” explique l’entreprise qui a déposé un label. Les scieries, pour survivre, investissent. “Pour réaliser 1 euro de chiffre d’affaires, il faut inves- tir 1 euro” conclut Raymond Ber- tin. C’est le prix à payer pour toucher du bois. E.Ch.

90 % des bois vont dans l’Ouest.

La nouvelle machine arrivée dans les ateliers.

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