Journal C'est à dire 216 - Décembre 2015

D O S S I E R

24

Fenêtres / Portes / Volets PVC / BOIS / ALUMINIUM

Réflexion Plaidoyer pour une autre agriculture Raréfaction de l’eau, sécheresses accentuées, fréquence accrue des inondations et événements climatiques extrêmes provoquent des dégâts importants, parfois irré- versibles, sur la nature. En première ligne pour les constater, les agriculteurs doivent s’adapter. Témoignage de Nicolas Girod de la Confédération paysanne.

S yndicat agricole très impli- qué sur les questions envi- ronnementales, la Confé- dération paysanne dres- se un tableau bien pessimiste de la situation actuelle de l’agriculture, en Franche-Comté comme ailleurs : “Le changement

me tous ses collègues constate en plus des épisodes caniculaires en été des hivers plus courts, “c’est-à-dire une terre moins repo- sée et moins vive, donc des récoltes finalement moindres.” Toutes ces modifications néces- sitent de faire évoluer les pra- tiques agricoles. Pour Nicolas

climatique provoque aussi une modification des cycles biolo- giques et de la biodiversité ren- dant la pratique agricole de plus en plus difficile pour les pay- sans, obligés de s’adapter à un calendrier saisonnier perturbé” explique le responsable qui com-

5 rue Bernard PALISSY - 25300 GRANGES-NARBOZ Tél. 03 81 69 20 04 - www.profen.fr - info @ profen.fr

des émissions polluantes et sont donc dénoncées depuis long- temps par la Confédération pay- sanne qui défend de nouvelles pratiques. “On doit pouvoir pro- duire autrement sans pour autant réaliser moins de béné- fices. En remettant par exemple en adéquation le nombre

existent déjà. Je pense par exemple à favoriser l’utilisation des produits de nos fermes dans les cantines proches ou à la ven- te directe via des groupements qui ont déjà fait leurs preuves.” La question de la viande bovi- ne, montrée du doigt pour le fort impact négatif sur le bilan car-

Girod, éleveur qui produit du lait à comté, la solution est avant tout locale et doit répondre à une recherche toujours plus impor- tante de produits de qualité. “L’industrialisation de l’agriculture a créé une partie des pollutions responsables du changement climatique” lance- t-il, inquiet de voir les épisodes météorologiques extrêmes se multiplier et durer, qu’il s’agisse de sécheresses ou de longs épi- sodes pluvieux. “Cette intensi- fication s’est accompagnée d’une chute phénoménale du nombre de paysans, remplacés par un recours croissant aux intrants chimiques comme les engrais et les pesticides dont la produc- tion est fortement consommatri- ce d’énergie fossile.” Pour lui, pas de mystères, l’intensification et l’industrialisation de l’élevage ont provoqué une accentuation

bone nécessite égale- ment selon lui une remi- se en question : “Là enco- re, on est en balance entre quantité et quali-

d’animaux avec le poten- tiel agronomique de la ferme pour arriver à une autonomie fourragère et donc en diminuant les

Le bonheur est dans le… secteur.

charges en parallèle, on s’y retrou- ve” poursuit le jeune paysan. “Faire moins et faire mieux est possible surtout quand on a la chance d’avoir un produit A.O.C. comme le comté, un produit à forte valeur ajoutée.” Nicolas Girod évoque donc des pistes qui vont au-delà de la question de la production lai- tière. “Nous devons aussi mieux maîtriser la commercialisation avec des solutions locales qui

té : il vaut sans doute mieux man- ger moins de viande mais man- ger de la meilleure viande.” Une évolution du métier que ce pay- san militant défend au nom de la Confédération paysanne dont les idées, si elles ne sont aujour- d’hui pas majoritaires dans la profession, ont le mérite d’alimenter le débat. Et peut- être même de faire bouger les lignes.

Nicolas Girod est éleveur de montbéliardes et vend son lait pour la production de comté.

O.N.F. La forêt du Haut-Doubs devra s’adapter au climat

Modification du régime annuel de pluviométrie, bilans hydriques de plus en plus déficitaires, aug- mentation des événements climatiques extrêmes comme des épisodes de pluies violentes, des séche- resses extrêmes, des vagues de chaleur ou des vents forts… La forêt souffre et doit s’adapter à ces chan- gements. L’O.N.F. y veille et agit.

P our faire face à ces bou- leversements liés au réchauffement climatique, l’Office National des Forêts étudie d’abord la struc- ture des peuplements existants et dresse un diagnostic qui per- mettra d’évaluer les perspectives d’avenir du peuplement selon des critères précis expliquent les techniciens : “Le stade de déve- loppement tout d’abord à savoir s’il s’agit d’un jeune peuplement,

vant le capital sol et en évitant le tassement ou encore avec une gestion raisonnée du bois éner- gie par exemple.” Dans ce même souci, l’O.N.F. accroît la sur- veillance phytosanitaire “Et nous favorisons le mélange d’essences en privilégiant l’étagement de la végétation par strates, pour amé- liorer la résilience des peuple- ments et mieux affronter les catas- trophes naturelles.” À plus long terme, l’ampleur des

changements annoncés imposera probablement de recourir à des dépla- cements volontaires d’espèces. Il faut déjà s’y préparer, en main-

d’un peuplement adul- te ou proche de la matu- rité et du temps néces- saire pour atteindre la maturité.” Il est égale- ment indispensable de

Des essais pour adapter les espèces.

L’O.N.F. travaille déjà à expérimenter quelles seront les espèces présentes dans les forêts franc-comtoises de demain.

de pins laricio de Calabre et noir d’Autriche, de sapins pectinés, de Bornmüller et de Nordmann ont été installés depuis plusieurs années en Petite Montagne du massif du Jura. “Dans les contextes difficiles des stations sèches et chaudes, il s’agit de trouver une alternative aux épi- céas victimes des scolytes, aux sapins pectinés qui ont des pro- blèmes de reprise et de sensi-

essences se situent nettement en retrait. “Ces essais ont mon- tré que le cèdre mérite d’être étu- dié dans ces régions comme une alternative à la plantation de pins. Ils restent à élargir pour tester le comportement de ces essences sur des stations plus favorables à la production fores- tière” notent les techniciens de l’O.N.F. Un essai testant sept provenances de cèdre de l’Atlas

en dehors de la zone méditer- ranéenne a été installé sur plu- sieurs sites, dans le Doubs notamment. De leurs résultats dépendra sans doute la confi- guration des forêts des géné- rations futures. Celles qui connaîtront peut-être des cli- mats aujourd’hui visibles dans les pays du Sud de l’Europe. Avec alors la végétation qui va avec.

bilité à la sécheresse, alors que les tentatives de valorisation par les pins se montrent décevantes car ces arbres sont sensibles aux neiges lourdes.” Un handicap en effet insurmontable dans le Haut-Doubs. De bons résultats sont en revanche observés pour la crois- sance des pins laricio de Calabre et noirs d’Autriche et du cèdre de l’Atlas, tandis que les autres

jauger les risques de perte de production ou de valeur des pro- duits en cas de dépérissement. “Sans oublier de définir la vul- nérabilité aux aléas et la capa- cité de régénération naturelle.” Ce bilan effectué, les techniciens doivent justement travailler à limiter la fragilité : “En préser-

tenant et valorisant les essais de provenance et les arbore- tums. “Ils peuvent en effet nous apporter de précieuses infor- mations sur les essences de reboi- sement utilisables en cas de dépé- rissements massifs.” Ainsi, des essais comparatifs d’introduction de cèdres de l’Atlas et du Liban,

Made with FlippingBook - Online magazine maker