Journal C'est à dire 215 - Novembre 2015

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Les Suisses priés d’acheter en Suisse De l’autre côté de la frontière, les commerces de proximité sont en difficulté. Une crise exacerbée avec le franc fort. Le Val-de-Travers lance une campagne pour inci- ter ses habitants à consommer ici. Les commerçants approuvent. Commerce

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“Pas vraiment, répond le conseiller communal. Nous n’avons pas installé de mesures contraignantes. Nous ne cher- chons pas à stigmatiser. Un Suis- se peut aller consommer ailleurs mais nous lui rappelons le rôle social de nos commerces locaux. Une association qui cherche du sponsoring se tournera vers ce genre de commerce. Pas vers Décathlon” dit l’élu. Cette initiative invitant les com- merçants à coller des autocol- lants “J’achète ici” promeut l’achat local grâce à une cam- pagne de communication finan- cée par la collectivité : “La Confé- dération aide l’installation des grandes entreprises ou la recherche mais pas le commer- ce de proximité. Nous avons choi- si de le faire pour les aider.” Les Suisses se sont inspirés d’une initiative française, celle de la communauté de communes du Pont du Gard. Le crédit alloué à cette opération est d’1 million de francs. L’initiative fait l’unanimité chez les commer- çants. Responsable de l’enseigne Pro neige à Fleurier, Fabien Aimonetti loue l’action réalisée par la commune : “On se sent soutenu et compris par cette ini- tiative car on aide les grandes entreprises, peu les petites” dit le gérant. Concurrencé - surtout l’été - par les magasins de Pon- tarlier qui vendent chaussures et textiles techniques, il ressent moins la concurrence l’hiver. La raison : les conseils qu’il peut fournir, le service après-vente, la proximité.

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CARTES DE VISITES AFFICHES

L es habitants de Fleu- rier, Couvet, Noiraigue, ont - encore - une chan- ce : celle de posséder des commerces de proximité. Ici une quincaillerie, là-bas un bureau de tabac, plus loin un magasin de vêtements, de ven- te de chocolat, de jouets, d’articles de sport. Au total, une centaine de boutiques sont recensées dans cet espace rural. Certes, il n’y a plus d’enseigne de peinture : elle vient de bais- ser le rideau à Fleurier. La fau- te à la crise ? “Le commerce local a réussi à se maintenir dans notre région, note Frédéric Mai- ry. Mais il s’est tendu depuis l’abandon du taux plancher du franc suisse face à l’euro” consta- te le conseiller communal du Val-de-Travers en charge du Dicastère de l’économie. Les perspectives ne sont pas bonnes. Il n’y a qu’à observer le flot de véhicules neuchâtelois chaque week-end aux abords des centres commerciaux de Mor- teau ou Pontarlier pour mesu- rer le phénomène. Pour la première fois, le Val-de- Travers lance une action de communication visant à sensi- biliser la population à l’importance de l’achat local et à rappeler l’importance straté- gique du commerce de détail dans des régions comme celle- ci. Est-ce du protectionnisme ?

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À Fleurier, on se souvient du traumatisme vécu avec la fer- meture il y a 4 ans du magasin “Manor” situé rue de la Gare. Là, les Suisses trouvaient de tout sur 3 étages aussi bien en mercerie, ménager, disques, jouets. “Les gens qui ne trouvent plus se déplacent ailleurs… Plus on perdra des commerces, plus cela fera boule de neige” indique le commerçant. Il y a trois types de consom- mateurs suisses : ceux qui ne visent qu’un prix (et pas spé- cialement les plus pauvres), des habitués confortés dans l’idée qu’il faut se rendre en France

pour acheter en raison des prix, et des Suisses qui n’allaient pas ou plus consommer mais qui y retournent depuis l’abandon du taux plancher. “Je ne vais pas jeter la pierre à celui qui va de l’autre côté de la frontière de temps en temps. Mais il ne faut pas que ce soit systématique. Car sinon, cela posera problème. Nous faisons, nous les com- merçants, partie du tissu social” indique le gérant du magasin de sport. Jouer la carte du donnant-don- nant, voilà l’argument des com- merçants suisses. E.Ch.

Frédéric Mairy, conseiller communal du Val-de-Travers en charge de l’économie (photo D. Marchon). Le marché de l’intérim suisse se ferme pour les chômeurs français On peut être chômeur en France et effectuer en même temps une mission intérim en Suisse. C’est la règle. Mais dans ce cas, les entreprises suisses doivent payer les cotisations sociales en France. Une obligation qui fait grincer des dents les entreprises helvétiques. Emploi

L es portes se ferment pour les chômeurs français qui avaient l’espoir de décro- cher un emploi en inté- rim en Suisse conformément à une législation qui leur permet de cumuler l’allocation-chômage avec un salaire gagné de l’autre côté de la frontière. Ils risquent de faire les frais d’une évolution en jan- vier dernier d’un accord de 2006 établi entre nos pays qui s’applique aux frontaliers en situation de chômage complet dans un des

Neuchâtel. Comme d’autres agences, elle a reçu un cour- rier de l’U.R.S.S.A.F. lui deman- dant d’appliquer la réglemen- tation. “Pour l’instant, on ne bou- ge pas car c’est le flou total. Nous n’arrivons pas à obtenir des infor- mations précises sur ce disposi- tif. On ne sait pas ce que l’on doit payer vraiment.” Côté suisse, le principe passe mal pour deux raisons. Tout d’abord, les employeurs helvètes qui paient déjà des contributions sociales chez eux ne sont pas disposés à en payer également en France au motif qu’ils emploient, en intérim, un frontalier en situation de chômage dans son pays. Les entreprises suisses sont encore moins enclines à le faire, alors que le niveau des charges sociales n’est pas le même entre les deux territoires. Il est de 18 à 20 % en Suisse, alors qu’il tourne autour de 47 % en France ! Non seulement les

deux États et qui repren- nent une activité dans l’autre État. “Désormais, lorsqu’on emploie un Fran- çais pour une mission inté- rim alors qu’il est au chô-

“C’est le flou total.”

Les agences intérim hésitent désormais à prendre des chômeurs français de peur d’être rattrapées par les services fiscaux.

patrons doivent payer, mais ils doivent payer cher. Pour se mettre à l’abri des pro- blèmes et éviter d’être rattra- pés par le fisc si elles ne res- pectent pas la réglementation, les agences intérimaires suisses sont donc tentées de ne plus embaucher des frontaliers en

situation de chômage en Fran- ce. “Désormais, on se renseigne sur leur état, ce que nous ne fai- sions pas auparavant” explique l’une d’elles. Le problème est suffisamment ennuyeux pour que le Groupe- ment Transfrontalier Européen tire la sonnette d’alarme. “Cet-

court un risque si son employeur suisse décidait de passer outre cet accord en ne payant pas de charges sociales en France. Selon le Groupement Transfrontalier Européen, en cas d’accident, il peut ne pas être indemnisé, ni remboursé de ses soins par l’assurance-maladie.

te mesure va à l’encontre des Français en situation de chô- mage qui ne peuvent pas accé- der à un emploi temporaire en Suisse alors qu’il y a des besoins de main-d’œuvre” alerte le Grou- pement qui interpelle les par- lementaires sur cette question. Plus grave, c’est le salarié qui

mage en France, nous devons payer les charges sociales en France. Or, je ne peux pas dire à mes clients entrepreneurs que je vais augmenter mes tarifs par- ce qu’il faudra verser les charges sociales en France” indique une agence intérim du canton de

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