Journal C'est à dire 214 - Octobre 2015

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Servez-vous, le frigo est ouvert Un réfrigérateur en libre-service dans un quartier de La Chaux-de-Fonds est installé par un collectif d’artistes. Il est rempli par des habitants pour éviter le “gaspillage”. Les personnes dans le besoin viennent se servir. La Chaux-de-Fonds

D evant la porte d’entrée de la maison qu’ils “squattent” à un pro- priétaire - avec lequel ils ont trouvé un accord tacite pour rester légalement - neuf Chaux-de-Fonnier(e)s artistes de leur état ont créé un projet simple mais qui semble faciliter la vie à quelques habitants. Ils ont installé sur une des quatre marches de leur escalier sis au 2, rue de l’Hôtel-de-Ville un réfri- gérateur en libre-service pour lut- ter contre le gaspillage. Lors de notre visite, pommes et salades étaient disponibles. Sur la porte blanche du réfrigéra- teur, des inscriptions en rouge invitent le passant à se servir. Sur le haut du frigo, un panneau rappelle certains principes : évi- tez le gaspillage car en Suisse “un tiers de la production fini- rait à la poubelle” dit le collec- tif L.A.C., pour Laboratoire auto- géré de création. Ils veulent aus- si aider les personnes dans le besoin même si ce collectif d’artistes profite lui aussi des dons : “L’idée nous est venue après une ramasse que nous faisons pour nos besoins. Nous avons eu beaucoup de lait donné. Nous ne pouvions tout boire… Il ne fal- lait pas le jeter” explique Mathias, l’un des artistes (il est

Mathias et Dany, artistes au collectif du L.A.C. à La Chaux-de-Fonds.

graphiste) de ce collectif créé en 2013. S’il existe en Suisse, com- me en France, des associations venant en aide aux personnes en difficulté, il n’y a pas ou peu d’aides pour les personnes qui

thie laissés à côté de l’appareil, du style “merci beaucoup, on avait faim” ou encore “c’est plus qu’une initiative, c’est l’avenir.” “Parfois, il y a même des petits plats préparés qui arrivent ou

ginaux mais pas marginaux, les membres ont trouvé leur place à La Chaux-de-Fonds, une ville particulière. L’histoire rappelle que la cité horlogère fut érigée par des personnes à la marge. Artistes, chômeurs, asociaux et tous ceux qui ne voulaient pas rentrer dans le rang furent chas- sés par les gens de la grande vil- le (Neuchâtel). Ils ont créé cet- te ville perdue dans la montagne et sans eau. Des siècles plus tard, le sentiment libertaire et soli- daire demeure. E.Ch.

n’ont pas la carte des per- sonnes dans le besoin. “Sans la carte du pauvre, tu n’as rien” dit un Chaux-de-Fonnier, même

des saucisses qui vien- nent du boucher. Il y a de bonnes surprises…” commente Mathias. Simple, mais efficace.

“Merci, on avait faim.”

s’il existe des structures d’aides et d’accueil à l’image de Caritas par exemple. Depuis qu’ils ont installé ce fri- go, les membres du L.A.C. ont reçu des messages de sympa-

Les artistes fondateurs ce col- lectif poursuivent d’autres pro- jets, culturels ceux-là, comme le festival du film de série B (2 300 plan 9), organisent des concerts, des rencontres, peignent. Ori-

Le frigo en libre-service. Les gens prennent. D’autres apportent leur surplus.

Architecture. Précision. Fonctionnalité .

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