Journal C'est à dire 212 - Août 2015

É C O N O M I E

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Les difficultés persistent dans le B.T.P.

Les entreprises ne voient pas le bout du tunnel Les entreprises du B.T.P. espèrent toujours une reprise économique qui ne vient pas. Dans le bâti- ment comme dans les travaux publics, le constat est le même : l’activité continue de décrocher.

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr đ !0. %0! đ É , .#! đ ( !)!*0 đ .h2+5 * ! đ 10+ đ +0+ đ %0 0%+* đ +%/%./ đ +))!. !/ đ *0.!,.%/!

C ela fait depuis 2008 et le début de la crise que le secteur du bâtiment et des travaux publics se rassure en se disant que les choses iront mieux demain. Mais à ce jour, la reprise franche et durable qu’espèrent toujours les entreprises, n’est pas venue. Il y a bien eu quelques soubre- sauts, des signes positifs com- me le plan d’aide engagé par la Région il y a un an (35 millions d’euros pour soutenir le B.T.P., censés générer 200 millions d’euros d’investissement de la part des collectivités), mais rien qui permette de rassurer les acteurs du B.T.P. sur l’avenir. “Depuis le début de l’année, le nombre d’entreprises qui ont déposé le bilan a encore aug- menté par rapport à 2014. Beau- coup sont du secteur du bâti- ment. C’est significatif d’une crise profonde. Je rappelle que depuis 2008, ce sont 3 000 emplois qui ont été détruits dans nos métiers en Franche-Com- té” s’inquiète Alain Boissière, président de la Fédération Régio- nale du Bâtiment. Il redoute que l'hécatombe se poursuive dans un contexte où les sociétés ont un carnet de com- mande qui va rarement au-delà d’un mois. Pour décrocher des marchés, certaines d’entre elles “tirent sur la corde et cassent les prix. Elles prennent des chan- tiers en dessous du prix de revient. Cela ne peut pas durer. On ne voit pas le bout du tun- nel. Nous pensions que la repri- se interviendrait mi-2015. Elle n’a pas eu lieu. Maintenant, on parle de mi-2016. Les gens n’ont pas conscience de la crise qui frappe actuellement notre sec- teur. Ce constat vaut pour tous les départements français à l’exception de quelques grandes agglomérations” estime Alain Boissière qui fait régulièrement le point à Paris sur la conjonc- ture avec ses homologues.

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Les entreprises de travaux publics attendent que les collectivités relancent l’investis- -sement.

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Signe de ces temps difficiles : des entreprises qui ont pignon sur rue depuis de longues années vacillent et licencient pour retrouver un peu d’oxygène. “Dans mon entrepri- se par exemple, nous sommes passés de 25 à 15 salariés. On a eu recours au chômage par- tiel pendant les mois de janvier, février et mars. J’avais trois jeunes en apprentissage que je n’ai pas pu embaucher. Nous sommes dans un contexte où on se prive en plus de com- pétences” ajoute le res- ponsable qui espère que l’avenir ne sera pas celui-là “d’autant qu’il y a des besoins. Mais les gens n’ont pas confiance.” Il faut dire que la morosité ambiante n’encourage pas les particuliers à investir, alors que c’est avec cette clientèle-là que les entreprises du bâtiment réa- lisent en moyenne plus de 50 % de leur chiffre d’affaires (le res- te provient des collectivités). Le constat n’est pas plus réjouis- sant du côté de la Fédération Régionale des Travaux Publics. “Si on fait le compte de ce qui se passe depuis le début de l’année, l’activité a baissé de 8 à 10 %. Une perte qui ne sera pas com- pensée d’ici la fin 2015. Pour

me la réforme territoriale récem- ment adoptée. La F.R.T.P. plaide aussi pour que le contrat de plan État-Région adopté au début de l’été soit mis en application. “Nous comptons sur des projets structurants remarque Sébastien Perrin, com- me des aménagements ferro- viaires ou routiers.” On se sou- vient que la construction de la ligne grande vitesse en Franche- Comté avait donné du travail à beaucoup d’entreprises de T.P., y compris aux plus petites. T.C.

l’instant, rien n’indique que l’on va redresser la barre. Au mieux on parvient à stabiliser la bais- se” observe Sébastien Perrin, secrétaire général de la F.R.T.P. Il précise que 400 emplois ont été détruits depuis un an. Les entreprises du secteur réduisent la voilure et cherchent des sources d’économies en se sépa- rant de collaborateurs. Elles attendent toujours la reprise et comptent plus que jamais sur une relance de la commande Région pour encourager les col- lectivités à investir et soute- nir ainsi le B.T.P. ont eu des répercussions “plus ou moins fortes en fonction des départe- ments. Par exemple, l’effet a été positif en Haute-Saône.” La F.R.T.P. lance un nouvel appel aux élus locaux pour qu’ils ne compensent pas la baisse des dotations d’État par une dimi- nution de l’investissement. La Fédération prend régulièrement son bâton de pèlerin et va à la rencontre des exécutifs pour qu’ils investissent. Mais il y a des freins qui entament la confiance des collectivités, com- publique sachant qu’elles travaillent principale- ment avec les collecti- vités. Les 35 millions d’euros débloqués par la

*selon options

Un manque de confiance.

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Réaction de Patrick Genre “Les collectivités sont conscientes du risque que courent les entreprises” Le président de l’Association des maires du Doubs explique que c’est l’État qui oblige les collectivités locales à revoir à la baisse leur budget investissement.

C ʼest à dire : Les organisations profes- sionnelles du B.T.P. appellent une fois de plus les collectivités locales à relan- cer lʼinvestissement. Que répondez-vous ? Patrick Genre : Je comprends leur cri dʼalarme. Je le partage et je le relaie même. Mais les collec- tivités font ce quʼelles peuvent avec les moyens quʼelles ont ! Lorsquʼune ville comme Pontarlier dont je suis maire perd lʼéquivalent de 8 points dʼimpôts en dotations dʼÉtat, soit 900 000 euros, nous nʼavons pas le choix que de faire des écono- mies pour compenser ce manque à gagner. Nous sommes dans une situation à Pontarlier où nous avons pu maintenir malgré tout le même niveau dʼinvestissement en 2015 quʼen 2014, mais au prix dʼéconomies drastiques sur le fonctionnement. Toutes les communes ne peuvent pas le faire. C.à.d. : Les collectivités diminuent donc leur budget investissement pour compenser la baisse des dotations dʼÉtat ? P.G. : En 2014, en France, lʼinvestissement des collectivités a reculé de 12 %. Si la tendance se confirme, la baisse sera de 25 % en 2017. Cʼest une catastrophe ! Les collectivités locales sont conscientes de cet état de fait, mais lʼÉtat les met au pied du mur. Car cʼest bien la baisse des dota- tions qui est à lʼorigine de tout cela. Ce nʼest pas un choix des collectivités de diminuer lʼinvestissement. Les élus le font en dernier recours et pas de gaieté de cœur car ils ont conscience du risque que cette décision fait courir aux entre- prises du B.T.P. 75 % de la commande publique sont portés par les communes et des communau- tés de communes. Leurs investissements pèsent

en moyenne pour 40 % dans le chiffre dʼaffaires des entreprises du secteur. Or, nous avons besoin de lʼéconomie sur nos territoires, car moins dʼéconomie, cʼest aussi moins de rentrées fis- cales, moins dʼemplois. Cʼest un cercle vicieux. Lʼéquation que nous avons à résoudre est com- plexe. Les collectivités sont prêtes à participer à lʼeffort national, mais pas dans les proportions ni au rythme proposé par lʼÉtat car le remède se révélera pire que la maladie. Espérons que les propositions faites par lʼAssociation des Maires de France au gouvernement qui visent à don- ner un peu dʼoxygène aux collectivités seront entendues. Recueilli par T.C.

Alain Boissière, président de la Fédération Régionale du Bâtiment (photo archive C.à.d.).

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