Journal C'est à dire 212 - Août 2015
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La parole est aux frontaliers (suite)
Trois questions à… “Le frontalier est complètement
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d’un B.E.P., 16 % d’un B.T.S. ou d’un D.U.T.,
quand le mouvement s’inverse. L’autre sujet qui a fait récem- ment débat dans le monde des frontaliers est celui de l’assurance-maladie. Avant la suppression du libre choix, 8 frontaliers sur 10 déclaraient que le passage à la C.M.U. allait avoir un impact négatif sur leur budget. “Pour 60 % d’entre eux, ce n’a pas été une réalité” tem- père l’étude. “La moitié des fron- taliers ne paient pas plus cher” confirme un expert. Autre cli- ché envolé. L’intégration des frontaliers en Suisse a également fait l’objet d’un questionnement. Il appa- raît que 96 % des frontaliers, pour ne pas dire tous, se sentent bien intégrés dans leur entre- prise suisse. Ils se disent à 72 % “socialement intégrés” en Suis- se et déclarent à 64 % avoir des relations sociales en Suisse en
dehors de leur entreprise. Le cli- ché du frontalier qui ne met les pieds en Suisse que pour son travail s’envole aussi. “Pour beau- coup d’entre eux, la frontière n’est même pas une frontière” com- mente Cédric Dupont. “Il y a longtemps en effet que la fron- tière, on l’a gommée” ajoute Michel Charrat. Une véritable identité transfrontalière s’est constituée au fil du temps. On dit le frontalier dépensier et imprévoyant ? Faux. 86 % d’entre eux épargnent, et près d’un sur deux le fait en Suisse. Deux fron- taliers sur trois épargnent moins de 500 euros par mois. En Franche-Comté, 8,5 % des tra- vailleurs frontaliers déclarent même épargner plus de 2 000 euros par mois ! On croyait les frontaliers cigales, ils se révè- lent fourmis. J.-F.H.
fondu dans le paysage”
16 autres % d’une licence ou d’un Master 1 et 14 % d’un Bac + 5. “C’est sur les hauts niveaux de qualification que la Suisse manque cruellement de main- d’œuvre. Dans les années à venir, la Suisse accusera un déficit de 100 000 ingénieurs. Une rai- son de plus de croire que ce besoin en main-d’œuvre frontalière ne va faire qu’augmenter” ajoute Cédric Dupont. La question des salaires et des habitudes en matière de chan- ge a également été abordée dans cette enquête. On y apprend notamment que 71 % des fron- taliers changent 60 % ou plus de leur salaire en euros. 37 % d’entre eux consultent le cours du change pour rapatrier leur salaire. Mais, petite surprise, beaucoup de frontaliers gardent leur argent en Suisse. “Bien sûr depuis le 15 janvier dernier, le cours du change s’est repositionné au cœur de la vie des frontaliers. Depuis cette date, 20 % des fron- taliers font la queue pour aller changer leur salaire en cash ” observe Catherine Galvez, direc- trice générale de Crédit Agri- cole Financements Suisse. “Le 15 janvier, les volumes de retraits d’argent ont été multipliés par dix” se souvient Pierre Fort. Ceci dit, ce n’est pas pour autant un fleuve tranquille que de vivre en zone euro avec un salaire en franc suisse car si cette situa- tion apporte des opportunités, on l’a vu en début d’année, elle peut aussi être une menace
C’ est à dire : La Suis- se aura-t-elle enco- re besoin de tou- jours plus de frontaliers ? Cédric Dupont : Vu les pers- pectives de croissance et de développement de notre pays, ce sera sans doute le cas, en tout cas dans un futur proche. D’autant que dans les classe- ments internationaux, concer- nant les indices d’innovation, il apparaît que c’est la Suisse qui est la mieux classée au Sociologue et enseignant à l’Université de Genève en relations internationales et sciences politiques, Cédric Dupont commente les résul- tats de cette enquête.
C.D. : Ce que j’ai trouvé inté- ressant est qu’elle venait contre- dire certaines idées véhiculées notamment par des journaux populaires, selon lesquelles par exemple le frontalier venait juste profiter de la Suisse. Or, c’est quelqu’un qui est intégré, qui a des relations sociales, une vie sur le territoire helvétique. Pour moi, le frontalier est quel- qu’un qui est complètement fondu dans le paysage. On voit aussi que comme les emplois ne sont pas où sont les loge- ments, le problème colossal est devenu le trafic. Il faut bien se dire pourtant que les fronta- liers font partie de la réalité et qu’il faut tenir compte de cet- te réalité pour améliorer les infrastructures de transport. Càd : Autre surprise ? C.D. : Le fait que tous les niveaux de formation soient concernés par le travail fron- talier et que de manière géné- rale, on observe une élévation progressive du niveau de for- mation des frontaliers. Aujour- d’hui dans le négoce ou le tra- ding, on voit arriver des fron- taliers hyper pointus et hyper qualifiés. C’est un phénomène plutôt nouveau. Propos recueillis par J.-F.H.
monde et qui investit le plus dans la recherche et le déve- loppement. Tout cela fait que des dizaines de milliers d’emplois d’ingénieurs devraient encore s’ouvrir, notamment dans les nouvelles technologies de l’information et de la com- munication. Même chose dans la santé où les besoins ne peu- vent qu’augmenter. Je ne vois pas comment sans les tra- vailleurs frontaliers le systè- me de santé suisse pourrait fonctionner. Càd : Quels enseignements avez-vous tiré de cette enquê- te ?
Selon Cédric Dupont, ensei- gnant et socio- logue en Suisse, “on observe une élévation progressive du niveau de for-
mation des frontaliers.”
Jusqu’au 31 décembre 2015
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