Journal C'est à dire 209 - Avril 2015

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D O S S I E R

Témoignage “On note un léger mieux mais ce n’est pas l’euphorie” Éric Boucher, le dirigeant de l’entreprise Baron Décolletage à Grand’Combe- Chateleu livre sa vision sur l’évolution de l’activité industrielle avant de faire le point sur l’association Luxe & Tech qu’il préside depuis 2014.

C’ est à dire : Quel bilan de santé peut- on dresser de l’industrie locale ? Éric Boucher : Je ne suis pas dans le secret des entreprises. Je peux juste livrer un senti- ment qui découle de discussions avec des partenaires, des four- nisseurs et d’autres acteurs éco-

Càd : La confiance est de retour ? E.B. : Sur les activités indus- trielles en général, on note un léger mieux par rapport à la sor- tie de crise 2009-2010 mais ce n’est pas encore l’euphorie. Les difficultés des entreprises locales sont souvent masquées par le sentiment de plein-emploi lié au

posant de bonnes conditions de travail. Ce n’est pas seulement une question de salaire mais de projets qui soient intéressants. Le décolletage est un métier exi- geant mais passionnant. À nous de faire en sorte de motiver le personnel en lui proposant du travail attractif. Càd : Les entreprises locales subissent-elles d’autres contraintes ? E.B. : On est surtout pénalisé par le prix du foncier. Il y a de quoi décourager toute tentati- ve d’investir dans de nouveaux locaux. Avec difficultés à fidé- liser le personnel, le risque de devenir une région dortoir est toujours prégnant.

nomiques. De ces échanges, il ressort que ce n’est pas l’euphorie et ce pour plusieurs raisons. Càd : Lesquelles ? E.B. : Certaines branches subissent le

travail frontalier. Au final, on peut dire qu’on est actuellement dans une situation d’attentisme. Càd : Le souci de la fuite de la main- d’œuvre reste tou-

Il préférerait une ou deux heures supplémen- taires.

jours d’actualité ? E.B. : On a toujours des per- sonnes formées en mécanique qui partent en Suisse. Ils ont appris le métier en France et la Suisse en profite sans verser de compensation. Les entrepreneurs qui n’échappent pas aux taxes de toutes sortes vivent assez mal ce phénomène. Chez Baron Décolletage, on a choisi de for- mer les salariés en interne sur plusieurs années avec la volon- té de les conserver en leur pro-

contrecoup du ralentissement industriel en Suisse. Exemple avec une partie des entreprises de polissage qui dépendent du niveau d’activité de l’horlogerie suisse. C’est la même chose pour les sous-traitants des industries mécaniques en Suisse. Le Haut- Doubs n’échappe pas au maras- me qui touche l’environnement économique français. On com- mence tout juste à voir quelques signes de reprise sans que cela soit tonitruant.

Propos recueillis par F.C.

Les industries qui travaillent en sous-traitance pour la Suisse subissent aussi l’impact du ralentissement économique chez nos voisins (photo O. Perrenoud).

Luxe & Tech en quête d’efficacité

L’association a pris un coup de jeu- ne avec l’arrivée d’Éric Boucher à sa tête. Le nouveau président doit rédui- re la voilure, contraint par un bud- get en auto-financement. C e dispositif Luxe & Tech a été mis en place il y a une dizaine d’années suite à une étu- de de la C.C.I. du Doubs qui montrait les potentialités et l’intérêt de fédérer les acteurs du luxe. “Il y avait dans cette démarche le souci d’éviter ce qui s’était passé dans l’horlogerie qui n’avait pas su faire force commune. Luxe &Tech est un outil qui permet de fédérer les efforts, de travailler ensemble sur différents projets” , rap- pelle Éric Boucher. Ce potentiel se localise essen- tiellement sur Besançon et le Pays Horloger. L’association rassemble aujourd’hui entre 25 et 30 entreprises de taille variable : du groupe I.M.I. avec ses 520 collaborateurs à des start-up de quelques associés prometteurs. “Par le passé, l’association a mené des actions assez fortes en direction des États-Unis ou dans le cadre de mise en relation d’entreprises via notre site Internet qui est en cours de remise à niveau.” Luxe & Tech est aussi à l’origine de la mise en place d’une filière dans l’ingénierie technique du luxe à l’E.N.S.M.M. La structure a évolué dans ses missions depuis qu’elle autofinance ses actions et ne bénéficie plus d’aides publiques. Elle ne participera pas, par exemple, au pro- chain salon du luxe E.P.H.J. qui se tiendra en juin à Lausanne. “Avec la baisse des subventions, on a plutôt un rôle de chef de projet qui sollici- te les compétences d’autres structures comme la C.C.I. ou l’Agence Régionale de Développe- ment pour leur soumettre des idées d’études ou d’engager des stagiaires pour travailler sur tel ou tel projet.”

“On veut fédérer les entreprises pour peser davantage auprès des décideurs”, explique Éric Boucher, le patron de Baron Décolletage qui préside aussi Luxe & Tech (photo O. Perrenoud).

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