Journal C'est à dire 209 - Avril 2015

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D O S S I E R

EMPLOI : LA BONNE SANTÉ - APPARENTE - DU HAUT-DOUBS

En évoquant régulièrement le travail frontalier et malgré le fait que 40 % des salariés du bassin d’emploi de Morteau travaillent de l’autre côté de la frontiè- re, on occulte souvent le fait que la plupart des salariés habitant le Haut-Doubs travaillent encore sur le territoire français. Dans une période où le nombre de demandeurs d’emplois semble enfin se tasser en Franche-Comté, le Haut-Doubs Horloger reste un cas à part. Certes le chômage y est moins haut qu’ailleurs, mais c’est paradoxalement une des zones où le nombre de demandeurs d’emploi est le plus orienté à la hausse et une de celles où les perspectives de recrutement sont les plus faibles. Malgré tout, le tissu économique de ce secteur en fait une zone toujours à forte dynamique. Ses principaux acteurs et ses entreprises se mobilisent pour maintenir un emploi local, sans devoir compter à 100 % sur l’eldorado suisse. Emploi 25 695 embauches prévues cette année en Franche-Comté

Ce sont les estimations de Pôle Emploi suite à sa grande enquê- te sur les besoins en main-d’œuvre. Dans ce tableau plutôt opti- miste, le bassin d’emploi de Morteau fait exception avec des perspectives orientées à la baisse.

U n petit rayon de soleil dans la météo de l’emploi, bien grise ces dernières années côté français. Pôle Emploi Franche-Comté annonce en effet une hausse de 15 % des inten- tions de recruter par rapport à l’année dernière, soit 25 695 embauches prévues à l’échelle régionale d’après la grande enquête B.M.O. (Besoins en main-d’œuvre) dont les résul- tats ont été présentés ce mois- ci. C’est mieux que l’an dernier où 22 323 recrutements avaient été envisagés par les entreprises et beaucoup mieux qu’en 2013 où seulement 20 230 embauches étaient prévues à l’échelle de la

région. “Cette année, 18,8 % des établissements pensent recruter et quelle que soit leur taille, l’ensemble des établissements qui comptent embaucher anti- cipent une hausse des recrute- ments par rapport à l’an der- nier” constate Annicet Loembe,

gées, plus d’un tiers concerne des activités saisonnières, donc des contrats à courte durée. Les métiers les plus recherchés sont en général ceux qui ne nécessitent pas une qualifica- tion élevée. Dans l’ordre, les 5 métiers où les perspectives de

le directeur régional de Pôle Emploi. C’est le secteur des services qui concentre le plus de projets de recrute- ments, 16 260, mais “tous les secteurs

recrutement sont les plus importantes cet- te année sont les employés de cuisine, suivis des agents d’accueil, puis des ouvriers agricoles, des

De plus grandes difficultés à recruter.

vendeurs en produits alimen- taires et des serveurs en res- taurants et cafés. En revanche, les cinq métiers où les effec- tifs sont annoncés comme étant à la baisse sont, dans l’ordre, les vendeurs en habillement, les ouvriers en manutention, les représentants de commerce, les ouvriers de l’industrie agroali- mentaire et les secrétaires en bureautique. Les employeurs interrogés notent cette année de plus grandes difficultés à recruter à cause des profils des candidats qui ne correspondent pas tou- jours aux attentes ou encore à cause des difficultés liées aux conditions de travail. C’est par- ticulièrement le cas pour les aides à domicile, les ouvriers non qualifiés de l’alimentation ou encore les attachés com- merciaux en entreprise. D’autres

d’activité sont concernés par les perspectives de recrutement” poursuit M. Loembe. Petite nuance pourtant : parmi les plus de 25 000 embauches envisa-

Annicet Loembe, directeur régional de Pôle Emploi.

L’exception mortuacienne Alors que toutes les zones dʼemploi de Franche-Comté affichent des perspectives de recrutement plus fortes cette année par rap- port aux années précédentes, le bassin dʼemploi de Morteau fait exception. Il est en effet le seul à voir ses prévisions dʼembauches à la baisse. Cette année, 15 % des établissements interrogés dans le bassin de Morteau déclarent avoir des projets de recru- tement, soit 1 100 créations de postes prévues, alors quʼen 2014, les perspectives de recrutement étaient de 1 200. À titre de comparaison, le bassin de Pontarlier est plus opti- miste avec 1 400 prévisions de recrutements contre 1 300 lʼan dernier. Même chose pour la zone dʼemploi de Besançon où 20 % des employeurs comptent embaucher, soit 7 000 créations dʼemploi prévues contre 5 900 en 2014.

secteurs au contraire ne trou- vent aucune difficulté à trouver le bon profil. “Pour des postes d’infirmiers ou de profession- nels du spectacle par exemple, quand l’offre est déposée à Pôle Emploi à 7 h 30, à 7 h 35 elle a trouvé preneur” illustre Anni- cet Loembe. Sur tous les projets de recru- tement prévus en 2015, 45 % d’entre eux se feraient en C.D.I., 32 % avec des contrats de moins de six mois et 23 % dans des contrats de six mois ou plus. Toutes ces données reposent sur les intentions des entreprises,

ce ne sont évidemment pas des certitudes de créations d’emploi. Néanmoins, Pôle Emploi recou- pe ces données d’une année sur l’autre avec les embauches réel- lement confirmées. “Les ten- dances sont en général vérifiées confirme le directeur régional. On est souvent en concordance entre les projets de recrutement et les recrutements effectivement réalisés.” La situation semble donc s’améliorer sur le front de l’emploi dans notre région. Res- te pourtant un phénomène rela- tivement nouveau qui vient

plomber les statistiques du chô- mage, ce qu’Annicet Loembe nomme “le chômage importé.” Du fait de la proximité de la Suisse, des candidats à l’eldorado viennent des quatre coins de la France pour trouver un emploi ici, sachant qu’il y a beaucoup plus de candidats que de places. Ces recalés de la Suisse poin- tent souvent au chômage dans notre région. Ces chiffres enfin ne tiennent pas compte des pré- visions de suppressions de postes qui là, sont beaucoup plus aléa- toires à anticiper. J.-F.H.

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