Journal C'est à dire 208 - Mars 2015

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Les Brenets

Opération coup-de-poing pour frontaliers Le syndicat Unia a tracté aux frontières et organisé une conférence sur le thème “franc fort et frontalier : vos droits”. Beaucoup ne sont pas au courant de leurs droits ou préfèrent ne pas se créer de problèmes. Une réunion organisée à Morteau a levé des doutes notamment sur les salaires payés en euros ou les 45 heures.

L e flot de voitures débou- le au niveau de la fron- tière du Col-des-Roches. Idem aux Brenets et à Biaufond. Il est 16 h 30. Le syn- dicat Unia a posté aux entrées de douane ses agents qui dis- tribuent un tract. Leur mission : intercepter les pendulaires qui

rentrent en France après une journée de labeur et les infor- mer sur un thème : “le franc fort : vos droits”. Si l’équipe n’a pas pu démarcher au Col-des- Roches à Villers-le-Lac faute de l’autorisation des douaniers suisses, elle a intercepté des centaines de véhicules plus en

amont au Locle. La plupart des frontaliers sem- blent concernés : “Bien sûr que l’on y pense… mais pour le moment dans mon entreprise, il n’y a pas encore eu de demande de baisse de salaire” explique un jeune frontalier. Quelques voitures plus loin, deux autres

personnes se confient plus lon- guement : “On sent que c’est dur… Chez nous à Petitjean (entreprise d’horlogerie aux Bre- nets), on ne risque pas d’être payés moins : nous sommes déjà au salaire minimum” disent- elles sans plus de précisions. Une phrase qui fait réagir les syndicalistes d’Unia : “Cette information que l’on distribue est vraiment importante : il faut arrière : il faut qu’ils nous pré- viennent” relate un syndica- liste suisse. Une conférence s’est déroulée à la salle des fêtes à Morteau jeudi 5 mars. “Elle a réuni environ 50 personnes, dit Catherine Laubscher, secrétai- re régionale Unia à La Chaux- de-Fonds. Les gens étaient inté- ressés. Ils ont posé beaucoup de questions.” Le syndicat a rappelé que la suppression du taux plancher que les frontaliers soient au courant de leurs droits. S’ils acceptent des baisses de salaire, on peut dif- ficilement revenir en

ne doit pas se faire sur le dos des salariés : “Payer seulement les frontaliers en euros est illé- gal. Il faut refuser toute modi- fication unilatérale des contrats et demander un délai de réflexion pour prendre conseil auprès de nous” explique l’union syndi- cale suisse. À l’inverse, des entre- prises tentent d’imposer des augmentations de temps de tra- vail au point que certains disent demander de passer à 45 heures en période de grosses crises. Mais selon nous, ce n’est pas une pério- de de grave crise.” Le syndicat dit n’avoir pas eu connaissances de sociétés voulant payer les frontaliers en euros. La soirée à Morteau s’est terminée autour d’un apéritif “convivial” ont dit les syndicalistes suisses. Preu- ve que le frontalier ne fait pas qu’irriter le voisin helvète. E.Ch. que la Suisse passe aux 45 heures : “Ce risque concerne, dans notre canton, seule- ment l’industrie des machines qui peut

40 licenciements dans le médical à La Chaux-de-Fonds Cʼ est notre confrère, le quotidien suisse LʼImpartial, qui révèle lʼinformation : le groupe Komax, actif dans les technologies médi- cales, va licencier 40 de ses 150 employés sur son site de La Chaux-de-Fonds. Lʼannonce a été faite le 17 mars. Les per- sonnes touchées, près dʼun quart des effectifs, bénéficieront de mesures de soutien. Lʼentreprise dit avoir connu un exercice 2014 difficile, en raison du franc fort et de la “frilosité de nombreux clients qui ont retardé leurs déci- sions d'investissement” , des clients en majorité établis dans la zone euro. Une situation qui a entraîné des surcapacités pré- cise le communiqué.

“Il faut refuser toute modifica- tion unilatérale des contrats.”

Francisco Pirès (à gauche) : “Il faut que les salariés frontaliers nous remontent les informations.”

Insolite Vincent Peillon : l’ancien ministre est prof à Neuchâtel Déjà amputé du service maternité, le centre hospitalier chaux-de-fonnier qui emploie 814 personnes, dont 167 frontaliers, vit un tournant en raison des contraintes bud- gétaires. L’avenir du site est clairement menacé malgré la pression des politiques et des habitants. 33 patients français ont été opérés là-bas en 2014.

I l a laissé en France le nom d’une réforme. Celle des rythmes scolaires encore lar- gement contestée par les parents d’élèves.À quelques kilo- mètres de la frontière, l’ancien ministre de l’Éducation Vincent Peillon fait le bonheur de l’Université de Neuchâtel où il a rebondi après avoir été écarté du pouvoir, recalé commeArnaud Montebourg du gouvernement. Mais à l’inverse de son collègue qui est retourné sur les bancs

tions en public suivront les 5 et 19 mars, en avril, puis en mai. Personne ne l’a encore interpellé sur “sa” réforme des rythmes scolaires : “Je n’ai pas besoin d’être en Suisse pour que l’on m’en parle. Ce n’est pas plus mal que je sois en Suisse plutôt qu’en France car les socialistes sont encore au pouvoir. Je suis plus tranquille ici. Les Suisses sont des libéraux dans le sens noble du terme.” Les interventions de l’ancien ministre sont ouvertes à tous dans le cadre des cours publiques de l’université. L’élève Peillon imite le “maître” Ferdinand Buis- son. S’il a pris à 54 ans le che- min de Neuchâtel, c’est notam- ment pour suivre les pas de Fer- dinand Buisson, prix Nobel en 1927, principal artisan de la laï- cité française, qui avait fui le Second Empire pour Neuchâtel où il fut professeur et auquel Peillon, fasciné par cet homme, a consacré un livre. Tous les quinze jours, l’agrégé

ceau est à Neuchâtel, sujets sur lesquels je travaillais” explique Vincent Peillon qui dit être séduit par les paysages du Jura. Il connaissait Montbéliard et Besançon : mais pas Neuchâtel et ses environs. L’université neuchâteloise se réjouit de cette arrivée : “C’est un homme qui a une grande clar- té, une compétence, une expé- rience fruit de ses passages dans les grandes écoles françaises. S’il est venu à Neuchâtel, c’est par-

Vincent Peillon, ancien ministre de l’Éducation nationale : “C’est un grand bonheur.”

de philosophie anime un sémi- naire consacré aux “républica- nismes”. “Mon travail sera d’instaurer un dialogue plus fort dans le républicanisme car il y a un vrai problème : les Anglo- saxons font une interprétation de ce sujet qui occulte la partie française.” Avec la contribution de Vincent Peillon, “l’Université de Neu- châtel entend développer à Neu- châtel un projet de recherche et d’enseignement sur le républi- canisme et la pensée républi- caine, plus particulièrement en lien avec le personnage de Fer-

de pub : “Vincent Peillon redon- ne de l’élan avec sa culture mais surtout comble un vide depuis le départ en retraite du profes- seur de sciences politiques” témoigne le chercheur suisse. Mais comme au gouvernement, les travaux de l’ancien ministre seront jugés : son contrat se ter- mine en 2016. E.Ch.

dinand Buisson. La Bibliothèque des Pasteurs devrait notamment fournir pour ces sujets une pré- cieuse source d’étude, riche en documents illustrant les ponts entre protestantisme libéral et républicanisme, documents peu étudiés jusqu’ici” précise Jean- Jacques Aubert. Pour l’établissement universi- taire, c’est aussi un “bon” coup

d’une école pour apprendre, Peillon délivre sa science : la philosophie. Vincent Peillon, logi- quement, est payé pour cela. “Je n’ai pas choi-

ce qu’il avait un intérêt à remettre les pieds dans le monde acadé- mique, aussi parce que nous avons trouvé un arrangement pour qu’il puisse continuer ses

“À la hauteur de ce que touche un professeur.”

autres activités” explique Jean- Jacques Aubert, vice-recteur de l’Université de Neuchâtel. Sa première “leçon”, l’ancien ministre l’a donnée jeudi 19 février. “C’était un grand bon- heur, dit-il. J’ai fait un cours sur la liberté.” D’autres interven-

si ce poste pour l’argent… car ce n’est pas dans le monde uni- versitaire que l’on s’enrichit. J’ai aussi mon mandat de député. Après ma vie de ministre, j’avais ce rêve : approfondir mes connais- sances sur Ferdinand Buisson et le républicanisme dont le ber-

Pour y aller : jeudi 23 avril, 7 mai et 21 mai à l’Université de Neuchâtel - l’Aula du bâtiment principal, avenue du 1er-Mars 26, de 18 h 15 à 19 h 30

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