Journal C'est à dire 208 - Mars 2015

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H I S T O I R E

Histoire

26 avril 1945, Pétain est arrêté dans le Haut-Doubs Une partie de l’histoire de France s’est nouée à la frontière franco-suisse. 70 ans après, certains se souviennent de

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr đ !0. %0! đ É , .#! đ ( !)!*0 đ .h2+5 * ! đ 10+ đ +0+ đ %0 0%+* đ +%/%./ đ +))!. !/ đ *0.!,.%/!

l’arrestation du Maréchal Pétain à la douane de Val- lorbe. Témoignage.

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Pétain et sa femme

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photographiés par Dölf Meier avant leur arrestation (photo Éditions Patriotiques S.A. Morat & Zürich).

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W illy Helfer a 96 ans. Il réside désormais à Lausanne et si son audition est défaillante, sa tête n’a rien per- du. L’ancien officier suisse accep- te de se remémorer son exis- tence passée à Vallorbe comme officier en poste au fort du Pré- Giroud. En 1945, il est soldat au pied du Mont-d’Or. Contem- porain de l’arrestation du Maré- chal Pétain, il n’était toutefois pas présent à la douane du Creux lorsque celui-ci a été remis aux Français. Il a suivi “l’événement” depuis le fort : “J’étais caporal au fort de Pré- Giroud dès 1942. Nous avions le regard en permanence sur le défilé de la douane du Creux”

se souvient Willy Helfer qui atteindra le grade de major d’artillerie de forteresse. Outre cette carrière de militaire, il est à l’origine de la création du

pare un ouvrage qui évoque ce pan de l’histoire. Il a recueilli des images du Maréchal Pétain arrêté au poste frontière de la Ferrière-sous-Jougne. “Le Maré-

musée du Pré- Giroud. Il sera ouvert en mai prochain : on y retrouve des images de l’arrestation du géné- ral, un événement à part.

chal devait se consti- tuer prisonnier en France. Quand le convoi est arrivé à la douane, il a ensuite été mis dans une voiture sécurisée et transféré à la gare des Hôpi-

“Nous allons présenter une montre de plongée manufacturée.”

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Un historien local a lui retrou- vé la piste des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I.) qui ont par- ticipé à cet événement. “Il y a une personne qui était au maquis de Mouthe et qui avait 17 ans à l’époque” évoque Carlo Trio- lo, historien à Ballaigues. Il pré-

taux-Vieux. Le mur du tunnel où passait la voie ferrée ayant été murée, il est parti en train depuis Les Hôpitaux pour rejoindre Pontarlier où il a été sifflé. On a jeté des pierres sur le convoi” , commente ce dernier. Les Suisses n’ont pas oublié.

Le Maréchal Pétain, se repo- se sur sa canne à Vallorbe, quelques minutes avant son arrestation.

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Zoom Les faits L e 23 avril 1945, après avoir obtenu des Allemands quʼils le conduisent en Suis- se, et des Suisses quʼils lʼacceptent sur leur territoire, Pétain qui sʼétait depuis 1940 déclaré chef de lʼÉtat français avec tous les pouvoirs demande à regagner la Fran- ce pour être fait prisonnier. Lors de la débâcle des Allemands, il ne les suit pas. Par lʼintermédiaire du ministre Karl Burck- hardt, le gouvernement suisse transmet cet- te requête au général De Gaulle. Pas dʼopposition de la part du gouvernement pro- visoire de la République. Le 24 avril, les auto- rités suisses le font rejoindre la frontière avec sa femme. Le 26 avril 1945, jour de son 89 ème anniversaire, le Maréchal arrive à Vallorbe

vers 16 h 45 avec un convoi de quatre ber- lines pour rejoindre la France. La ligne de chemin de fer Vallorbe-Pontar- lier nʼétant plus exploitable, le Maréchal fait une courte halte de deux heures à la gare de Vallorbe, dans un appartement mis à sa dis- position. Il demande ce quʼil se passe de lʼautre côté de la frontière : on lui rapporte que 150 soldats sont postés. Des F.F.I. (Forces françaises de lʼintérieur) lʼattendent. Arrivés là, des soldats, gendarmes et gardes mobiles, lʼarme à la bretelle, restent figés en attendant le Maréchal qui avait pu choisir ce lieu pour éviter les journalistes. Le général de corps dʼarmée Koenig attend le premier véhicule dʼoù descendra le Maréchal, canne à la main. Pétain lui tend la main pour le saluer… Ce dernier se contente de sʼincliner rapidement en invitant son “prisonnier” à le suivre jus-

quʼau bureau de la douane où le commis- saire François Chavalor et le sous-direc- teur de la police judiciaire établissent le pro- cès-verbal de “prise de corps”. Après ces formalités, le Maréchal est dirigé dans un camion fermé vers la gare des Hôpi- taux-Neufs. Le train quitte la gare des Hôpi- taux-Neufs à 21 h 30. Malgré la protection dont il bénéficie, il est bloqué un temps en gare de Pontarlier où une manifestation hos- tile à Pétain est organisée. Des insultes fusent “À mort Pétain” ou “Pétain au poteau.” Des cailloux sont lancés. Certains manifestants réussissent à frapper les vitres du wagon où se trouvent le Maréchal et son épouse. Le train rejoindra ensuite de nuit et sans encombre la région parisienne. Le couple Pétain est alors convoyé par la route au fort de Mon- trouge, dans le sud de Paris.

L’arrivée du cortège à la douane de Vallorbe. Passage de la Cadillac Fleetwood 1939 du Maréchal Pétain (qui lui avait été offerte par le président Roosevelt via son ambassadeur en poste à Paris).

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