Journal C'est à dire 208 - Mars 2015

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D O S S I E R

Interview “L’hôpital local de Morteau prouve toute son utilité”

Delphine Uring est arrivée à la tête de l’hôpital de Morteau en janvier dernier. Elle fait le tour d’horizon de l’actualité de l’établissement de soins et de ses projets.

C’ est à dire : Fraîche- ment nommée, à tout juste 25 ans, quel parcours avez-vous suivi pour arriver à la tête de l’hôpital de Morteau ? Delphine Uring : Je suis ori- ginaire de Colmar en Alsace. J’ai fait cinq ans d’études à Strasbourg, à Sciences-po, avant d’intégrer après concours la for-

mez-vous depuis votre arri- vée à la tête de l’hôpital de Morteau ? D.U. : Je suis dans une logique de management participatif. Sur les 240 agents de l’hôpital, j’en ai déjà reçu une bonne cen- taine en entretien individuel depuis mon arrivée pour faire connaissance et mieux cerner leurs attentes. De manière géné-

mation de directeur d’hôpital à l’École des hautes études en san- té publique à Rennes qui dure deux ans. À l’issue de ce cursus, j’ai fait mes armes dans un établissement

rale, les gens ici sont ouverts aux change- ments et aux évolu- tions. Càd : Quels chan- tiers souhaitez-vous ouvrir ?

“Je suis dans une logique de management participatif.”

D.U. : Dans le cadre d’un grou- pe de travail, nous avons lancé par exemple une réflexion sur la question du gaspillage ali- mentaire afin d’améliorer les choses. Pour ce qui est des autres projets à court ou moyen terme, il y a l’idée d’étoffer l’offre de santé de l’établissement. Nous souhaitons développer des hos- pitalisations de jour pour rédui- re les hospitalisations complètes. L’hôpital de jour, ce sont des per- sonnes qui dorment à leur domi- cile et qui viennent ici la jour- née pour recevoir des soins. Un autre projet que nous avons lan- cé, c’est la création de places d’hébergement temporaire (périodes de 15 jours à trois mois), sorte d’intermédiaire entre le domicile et l’E.H.P.A.D. (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). Cette solution permet parfois de préparer une admis- sion définitive. Ces pro- jets devraient voir le jour dans les toutes prochaines années. L’autre chantier qui va nous occuper, c’est la réflexion sur la tarification. Depuis 2008, tous les établissements de soins, à l’exception des hôpitaux locaux comme les nôtres sont passés à la tarification à l’activité. Pour les hôpitaux locaux, l’idée du législateur est de passer par-

de soins des Alpes Maritimes et je suis arrivée officiellement ici le 1 er janvier dernier. J’ai pos- tulé pour intégrer l’hôpital de Morteau. Ce poste m’attirait beaucoup car je suis très inté- ressée par le rôle des centres hospitaliers locaux. J’ai toujours eu envie de travailler à la direc- tion d’un établissement de soins afin de concilier l’envie de gérer, de manager, tout en m’investissant dans le sens de l’intérêt général. L’hôpital cor- respondait parfaitement à ces aspirations car l’hôpital est une “entreprise”, entre guillemets, qui soigne des patients et qui prend en charge les personnes âgées. En plus, je ne suis pas vraiment une citadine, ce pos- te à Morteau me convenait d’autant plus. Càd : Avec quelques semaines de recul, quelles sont vos pre- mières impressions sur vos nouvelles fonctions à Mor- teau ? D.U. : Ce qui m’a agréablement surpris ici, c’est le réel dyna- misme des équipes. Un seul exemple : au moment de créer un groupe de travail pour le ser- vice médecine, il y avait plus de candidatures que de places. C’est rare dans un établissement hos- pitalier.

Delphine Uring, la nouvelle directrice de l’hôpital de Morteau, a pris ses fonctions en début d’année.

de certains établissements en milieu rural. L’hôpital de Morteau peut-il être mena- cé ? D.U. : Non, même si l’établissement n’est pas inscrit dans le marbre, il n’y a pas de menaces sur son avenir. La direction générale de l’offre de soins (D.G.O.S.) du ministère de la Santé a été invitée récem- ment à Besançon à la présen- tation de nos établissements. L’objectif désormais du gou- vernement actuel est bien la pérennisation de ces petites uni- tés locales. Certains hôpitaux n’arrivent à remplir leurs lits, ce n’est pas le cas ici. L’hôpital de Morteau est dans une bon- ne dynamique, on ne peut pas faire l’amalgame avec certains autres établissements ruraux. Il est même classé dans les meilleurs hôpitaux nationaux.

tiellement à la tarification à l’activité tout en gardant une part de dotation globale de fonc- tionnement. Cela nous per- mettra, tout en gardant une bonne visibilité, de valoriser cer- taines activités sur lesquelles nous serions innovants. L’idée est de maintenir pour ces hôpi- taux locaux une vraie dyna- mique.

geable.

longue durée avec ses 30 lits, sans compter le service de soins à domicile et l’accueil de jour. L’hôpital est complet, la liste d’attente à l’E.H.P.A.D. atteint les 240 personnes. Alors oui, l’hôpital local de Morteau prou- ve toute son utilité. Càd : Le fait pour l’hôpital de Morteau d’être indépen- dant, et non pas rattaché à l’hôpital de Pontarlier par exemple, est-il un handicap ? D.U. : L’autonomie juridique n’est pas antinomique d’une col- laboration efficace avec Pon- tarlier. La preuve avec les consultations associées avec des spécialistes de Pontarlier qui viennent faire des consultations ici et ce, dans une dizaine de spécialités. L’intérêt est mutuel pour les deux établissements. Càd : Un rapport de l’Agence régionale de santé (A.R.S.) pointait du doigt l’existence

Càd : À l’heure où la ten- dance est plutôt aux ferme- tures et aux regroupements, quelle est l’utilité d’un hôpi- tal local comme celui de Mor- teau ? D.U. : C’est un établissement de premier recours. Nous répon- dons très bien à la probléma- tique des urgences. Plutôt que d’être envoyées aux urgences à Pontarlier ou Besançon, les per- sonnes viennent ici. Les patients pris en charge ici sont essen- tiellement des personnes âgées. Les séjours en service de méde- cine sont d’une durée de 10 à 15 jours en moyenne. Le deuxiè- me service, de soins de suite et de réadaptation, est fait pour les personnes qui viennent en convalescence après une opé- ration. La durée de leur séjour est de 30 jours en moyenne. Et il y a l’E.H.P.A.D. avec ses 96 lits et l’unité de soins de

“Classé dans les meilleurs hôpitaux nationaux.”

Càd : Que pèse l’hôpital de Mor- teau dans l’économie du Haut-Doubs ?

D.U. : L’hôpital de Morteau emploie 180 équivalents temps plein, soit 240 agents. C’est le deuxième employeur du Val de Morteau (N.D.L.R. : après Bour- bon Automotive Plastics), avec un budget annuel de 12 millions d’euros. Naturellement, de nom- breux prestataires locaux tra- vaillent pour l’hôpital. C’est une manne économique non négli-

Propos recueillis par J.-F.H.

Càd : Quelle marque impri-

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