Journal C'est à dire 207 - Février 2015

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Immobilier La Brévine : trois parcelles à vendre pour les prochaines années… et basta Quand Montlebon autorise la création de 18 maisons individuelles en 2014, le vil- lage voisin de La Brévine en autorise une seule. Aucune comparaison possible mais la nouvelle loi suisse dite du “lit froid” accentuera cet immobilisme urbanistique.

L es touristes n’ignorent pas que La Brévine est touchée, chaque hiver, par des températures sibériennes. Ils savent moins que la loi du “lit froid” qui n’a

aucun lien avec le microclimat d’ici gèlera un peu plus le déve- loppement de l’urbanisme dans cette vallée fortement rurale. “Nous sommes touchés par cet- te loi du lit froid qui était fai-

te au départ pour les Valaisans” , regrette Valentin Robert, conseiller communal en charge des questions d’urbanisme. Cet- te loi prévoit depuis 2014 de limi- ter la construction de résidences

Le haut du plateau suisse est touché par la loi dite du “lit froid”. Pas de quoi réchauffer l’urbanisme à La Brévine.

secondaires dans les zones dites de montagne pour éviter “le bétonnage”. Si les stations alpines suisses étaient les premières visées, la mesure s’est étendue sur le Plateau neuchâtelois où l’attractivité est pour ainsi dire en panne : “Cela nous bloque tout une partie de nos construc- tions même s’il faut admettre que la pression n’est pas forte. Le plan de zonage est devenu tel-

très rapidement : “Nos habitants n’ont pas encore pris conscience que cette loi restrictive sera dans le futur un atout. Avec la pré- servation de l’authenticité, nous aurons un vrai attrait touris- tique. C’est une vraie chance.” À l’inverse de la France où chaque commune perçoit l’impôt sur les nouvelles constructions, La Brévine bénéficie d’un fonds de péréquation versé par le Can- ton qui lui permet d’assurer son

ville comme Morteau, avec cel- le de La Brévine (646 habitants), plus isolée. Dans la première citée, 32 permis de construire ont été autorisés sur six ans sous l’ère Albert Rognon (2001-2008) puis 18 permis en 2014 avec Catherine Rognon. “Nous devrions augmenter ce chiffre en 2015 car nous avons lancé un lotissement de 34 parcelles. Il en reste 14 à saisir au centre du vil- lage (pour des prix allant de 145 à 185 euros du m 2 )” note l’élue française. Le Suisse n’a pas le même rap- port au foncier que le voisin français. Et devenir propriétaire est nettement plus coûteux. Les familles s’endettent sur des générations. Pendant ce temps, la population locale diminue : encore 692 en 2001, les habi- tants de la Brévine ne sont plus que 646. À l’inverse, le “bas” vers Neuchâtel est en forte crois- sance.

fonctionnement financier. “Nous savons que les zones industrielles sont au Locle ou à La Chaux-de-Fonds. Nous sommes bloqués industriellement : la contri- bution des communes plus

lement difficile et contraint que seulement trois parcelles sont auto- risées à être construites pour le futur à environ 60 francs suisses du m 2 . C’est peu” dit le respon-

“Aucun permis délivré en 2012 et 2013.”

sable de l’urbanisme. Dans les faits, il y a eu deux permis de construire pour nouvelle construction, délivrés en 2011, aucun en 2012 et 2013, un seul en 2014. Pour autant, le côté pragmatique suisse ressurgit

riches est alors reversée via ce fonds de péréquation” explique l’élu. Impossible de comparer une com- mune comme Montlebon (2 000 habitants) ou encore des Gras (784 habitants), proche d’une

Autre pays, autres mœurs. Montlebon doit encore se développer : un nouveau lotissement voit le jour au centre du village.

La Chaux-de-Fonds Menaces sur l’hôpital Déjà amputé du service maternité, le centre hospitalier chaux-de-fonnier qui emploie 814 personnes, dont 167 frontaliers, vit un tournant en raison des contraintes bud- gétaires. L’avenir du site est clairement menacé malgré la pression des politiques et des habitants. 33 patients français ont été opérés là-bas en 2014.

Q u’il semble révolu ce temps où les habi- tantes de Morteau ou de Villers-le-Lac don- naient naissance à la clinique du Locle ou à La Chaux-de- Fonds ! C’était dans les années 60-70. Un demi-siècle plus tard, l’avenir de l’hôpital de La Chaux- de-Fonds - qui fonctionne en com- plémentarité avec le second site de soins aigus à Neuchâtel et 7 autres sites dans le canton - s’inscrit en pointillé. Vétuste, en

(traumato, O.R.L., urologie, ortho- pédie…), cancer du sein, onco- logie et imagerie médicale. 33 patients français ont d’ailleurs été opérés ici en 2014. Le gouvernement suisse vient de suspendre ses investissements sur le site et même si le Conseil d’État n’a encore jamais offi- ciellement condamné l’hôpital actuel, la fermeture semble iné- luctable malgré une levée de boucliers des élus locaux et des habitants. Samedi 7 février, des

proie à des difficultés financières, “en pénu- rie de personnel” explique la direction, le H.N.E. est sur la sel- lette. Un déclin qui a débuté avec le trans-

centaines de personnes sont descendues dans la rue pour manifes- ter et demander un maintien du site. Ils dénoncent un manque de démocratie car 63 %

Manifestation sans précédente des Chaux-de-Fonniers pour le maintien de leur hôpital, lequel emploie et soigne des habitants du Doubs.

“Pas à supporter les manquements d’H.N.E.”

lers-le-Lac Dominique Mollier se dit inquiète : “La fermeture ce serait dramatique. Nous dis- cutions avec les Suisses dans quelle mesure des personnes atteintes d’un cancer pouvaient aller faire leur chimio à La Chaux-de-Fonds, ce qui éviterait un déplacement à Besançon… Cela paraissait plus confortable. Nous avons également de nos habitants qui travaillent là-bas” dit-elle. En cas de fermeture, ils

devraient se rendre à Neuchâ- tel ! Les conseils communaux chaux-de-fonniers et loclois sont montés au créneau. Aux côtés des habitants, les exé- cutifs se disent “unis” : “Ce n’est pas à la population ou à ses représentants politiques d’endosser la responsabilité, et encore moins de subir les consé- quences en termes de sécurité sanitaire, des manquements et des lenteurs, pour ne pas dire du

opératoires ouverts 24 heures sur 24, à défaut qu’un centre femme-mère-enfant soit aussi réalisé dans les Montagnes, qu’un hôpital fonctionnel avec un volume d’activités (notam- ment d’urgences) comparable à celui de 2007 soit rendu aux Montagnes neuchâteloises. Les habitants “du haut” parvien- dront-ils à se faire entendre ?

travail de sape, dont font montre les dirigeants de l’H.N.E. ainsi que certains médecins réfrac- taires” disent Nathalie Schal- lenberger, présidente de La Chaux-de-Fonds et Denis de la Reussile pour Le Locle. Ils demandent qu’un co-directeur général soit désigné, que le plan stratégique voté par le peuple soit réalisé avec un hôpital opé- rationnel pour la sécurité des patients 7 jours sur 7 et des blocs

fert temporaire de 2010, deve- nu définitif, de la maternité et de la pédiatrie des Montagnes sur le centre mère-enfant du Nouvel Hôpital Pourtalès qui a fait perdre de la patientèle. Les missions du site sont les sui- vantes : médecine (soins inten- sifs, diabétologie…), chirurgie

des Neuchâtelois s’étaient décla- rés “pour” le plan de sauveta- ge voté en 2013. “On ne va pas descendre à Neuchâtel pour une urgence ! lâche un habitant. En plus, c’est déjà saturé là-bas.” Vice-présidente de l’Agglomération urbaine du Doubs (A.U.D.), le maire de Vil-

E.Ch.

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